Terre de l'homme

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En 1960, ils ont fondé l'Amicale laïque de Sagelat.

Serment de Vincennes | La Ligue de l'enseignement

 

Serment de Vincennes. https://memoires.laligue.org/chronologie/laicite/serment-de-vincennes

 

 

 

Dans un village, quand on pense à l'amicale laïque, on imagine l'association qui comporte plusieurs activités aussi diverses que variées notamment dans le sport ou la culture. Les gens de moins de 70 ans ont peine à percevoir l'historicité, parfois tumultueuse et remuante, qui, il y a quelques décennies, dessinait un clivage sociétal où l'on percevait l'affirmation d'une terminologie qui, parfois, était mal interprétée. Heureusement, les différences qui séparaient celles et ceux qui prenaient des chemins différents, pour se rendre aux patronages ou aux animations laïques, n'allaient pas bien loin. L'arrivée des amicales laïques ne fut pas toujours facile. Elle mérite un coup de chapeau pour celles et ceux qui en étaient les créateurs.   

 

 

 

Laïcité, une terminologie incontournable de la vie citoyenne. 

 

Tout d'abord, commençons par chercher le sens de laïque ou laïc.

L'adjectif peut s'écrire au masculin laïc ou laïque : patronage laïc municipal ; enseignement primaire laïque, gratuit et obligatoire. Au féminin, il s'écrit toujours laïque : l'école laïque, une institution laïque. Notons que le mot qui s'oppose, étymologiquement et historiquement, à laïque, de la façon la plus directe, ce n'est pas ecclésiastique, ni religieux, ni moine, ni prêtre : c'est le mot clerc. Du moyen français clerc, de l'ancien français clerc, du latin clericus, du grec ancien κληρικός, klêrikós (" (homme) d'église ").

 

On peut utiliser laïque pour un substantif masculin. Le conservatoire laïque des costumes traditionnels.

 

Le Petit Robert donne son sens à cet adjectif.  Qui ne fait pas partie du clergé. On trouve les juridictions religieuses et laïques dans le clergé séculier, celui du siècle. Il est à dissocier du clergé régulier, du latin régularis, qui vit selon une "règle de vie d'un ordre, d'une abbaye, d'un couvent, d'un prieuré".

 

Le Petit Robert situe l'enseignement laïque indépendant des religions, des confessions.

 

On peut dire que la terminologie laïque porte le sens d'une parfaite neutralité. Les laïcs peuvent, si c'est leur désir et leur conviction, animer des cérémonies religieuses.

 

On donne aussi à la terminologie laïque, le sens de populaire, du peuple.

Laïc et laïque comportent quelques nuances. On dira que, hormis la directrice, les enseignants de l'École Sainte Geneviève sont des laïcs.  

 

Depuis des lustres, l'Église, alliée naturelle de la monarchie qui ne reconnut la République que tardivement et du bout des lèvres, a eu bien du mal à admettre la laïcité qui n'emboîte pas le pas sur les deux millénaires de préséance chrétienne.

L'arrivée de la Vème République bouscula sensiblement la relative paix consensuelle qui régnait, depuis décembre 1905, en adoptant, le 31 décembre 1959, la loi Debré pour que les écoles privées reçoivent des fonds publics.

Les partisans orthodoxes de l'École laïque virent là, dans une République laïque, une inadmissible soustraction de deniers publics pour des institutions religieuses. Une pétition circula. Elle recueillit plus de 10 millions de signatures pour signifier l'hostilité "laïciste" à ce prélèvement de fonds publics.

 

https://blogs.mediapart.fr/edition/laicite/article/210610/il-y-50-ans-10813697-signataires-refusent-la-loi-debre

 

 

Et les amicales laïques dans tout cela !

Les amicales laïques existent, pour certaines, depuis plus d'un siècle. Lors de cette période trouble où les bases républicaines étaient menacées par des événements de l'autre côté de la Méditerranée, il paraissait délicat de mettre en avant des piliers de la vie démocratique quand notre pays pouvait vaciller dans la guerre civile.

 

Des personnes, de sensibilités ô combien différentes, prirent cependant ce flambeau brûlant en main pour soutenir la laïcité, gage d'une vie sereine et tolérante, avec pour vecteur la création d'amicale laïque, là où il n'y en avait pas.

 

Le bâton de "pèlerin" laïque d'un fonctionnaire.

Dans la modeste commune de Sagelat, qui n'avait aucune vie associative et n'avait pas la moindre salle  pour organiser un débat ou une animation scénique, un sympathique fonctionnaire, percepteur de son état, armé d'un modeste bâton citoyen de pèlerin laïque, vint dans cet hiver 1959/60, promouvoir ce cercle qui, au-delà de la riposte républicaine à une loi qui l'était beaucoup moins, apporta un souffle culturel à cette humble commune.

Dans la foulée de cette création, la collecte des émargements pour la pétition, alla bon train. Elle recueillit la quasi-totalité des signatures citoyennes de l'entité.

 

Une vie associative naissante.

Pour la partie culturelle, ce fut plus délicat. On se réunissait dans l'école communale pour aller écouter le majoral Fournier ou Henri Secondat, qui était vice-président départemental des œuvres laïques, ou X. Laffrechine qui vint parler du France, notre fierté maritime de l'époque. X. Jardon, lui, anima une soirée de généalogie. De temps à autre, le noyau fondateur allait saluer le passage d'un opérateur cinématographique de la F.O.L pour des séances de cinéma.

 

La vie de la Troupe de Sagelat attendra l'année 1961, pour commencer avec une pièce de Musset "On ne badine pas avec l'amour". L'année précédente, ce furent les voisins de Saint-Vincent-de-Cosse qui sont venus donner le la... dans la grange de la ferme de Sagelat.

 

Ils ont porté la laïcité associative sur les "fonts baptismaux républicains".

 

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Jacques-Louis Teilhaud, filateur du Moulin du Cros, avec son épouse Andrée, qui était institutrice à Sagelat, constituèrent le couple fondateur de l'amicale laïque. N'oublions pas Amédée Delmond, fabricant de yaourts du bourg, qui, à bien des égards, contribua, par sa présence et sa générosité, à l'efflorescence de cette vie culturelle locale. Il reçut avec beaucoup d'humour, le majoral Fournier et Henri Secondat, en disant avec facétie lors d'une séance récréative : Gare aux lébérous.

L'image de droite ci-dessus, Andrée Teilhaud et Amédée Delmond lors d'une pièce de théâtre, très probablement "La cerisaie" en 1962.

 

P-B F



01/10/2022
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