Terre de l'homme

Qui, mieux que Francis Vialard, pouvait animer cette première manifestation nocturne du Téléthon 2022 dans un bourg où l'histoire médiévale fait trébucher à chaque pas.   Francis, un incontournable adepte du rugby, alla jusqu'à sacrifier sa soirée. Quand les Français défaisaient dans la cité phocéenne l'Afrique du Sud, il passait son temps à expliquer la géométrie moyenâgeuse de l'oppidum belvésois, à expliquer que sa cité avait souffert des affres de l'histoire mais, par son allégeance à la rose de la monarchie anglaise et par son affiliation sans partage à la religion dominante, avait plutôt bien vécu, en voyant son élite profiter de l'éducation apportée par ses moines et ses frères.

La première manifestation en faveur du Téléthon 2022, dans le limbe nauzérois, fut promue par le Comité des fêtes de Sagelat, le 12 novembre, dans les rues médiévales de Belvès, en retenant pour guide Francis Vialard. Il connaît chaque détail de ces vieilles pierres. Elles  ont connu les Guerres de religion, le passage de Clément V, la peste et, dans la liesse populaire, ont été choisies pour accueillir, à quatre reprises, la félibrée.

Les amis de la cause, écartant le choix de voir les tricolores triompher dans la cité phocéenne, sont venus, symboliquement, pour soutenir par leurs écots. Dominique, ce soir-là, ouvrit la cassette des premières contributions

Bernard, l'homme de toutes les missions caritatives, est venu de sa colline sylvestre de Camp Redon. Marie-Noëlle, l'incontournable manager du Téléthon, Serge Righi, un résident de Lamilial, collecteur de bouchons pour "Unis vers contre cancer", s'est échappé de l'autre rive de la Dordogne et Patricia, l'Orliacoise, ont allumé leur torche pour vadrouiller dans ce labyrinthe de ruelles belvésoises où il était peu prudent de s'aventurer seul et désarmé au Moyen-âge.

Ce quatuor fut, en quelque sorte, le pivot éclaireur de la promenade.

La halle de Belvès fascine les touristes, avec son pilori, où jadis la "justice" expéditive des puissants exposait au supplice infernal, de malheureux manants considérés, à tort ou raison, comme chapardeurs pour se nourrir.

La balade dans les rues passa, naturellement, par Foncastel, la fontaine du château. Cette place est chère au guide qui se rappelle que ses grands-parents étaient les exploitants de l'Hôtel Cabanne. Au siècle dernier, c'était une auberge de ruraux faisant escale à Belvès pour les 14 foires de la cité.

Au passage, Francis éclaira cette œuvre artistique placée là, au cours de la première initiative du Dédale conçu par Chantal Léothier.

Ce puits, aujourd'hui heureusement conservé par ses propriétaires successifs, rappellerait, si besoin était, la valeur  de l'eau.

Au début de ce siècle, quand l'église de Belvès était en restauration, le Dr Michel Carcenac qui a toujours affirmé  sa "fusionnalité", je vois déjà les puristes s'indignant en trouvant étrange et incorrect, l'emploi de cette terminologie, avec Belvès,  échappa que l'église du lieu devenait "la chapelle sixtine du Périgord noir"... belle figure de style, assurément ! Francis, par sa maîtrise du sujet, révéla bien des richesses patrimoniales de cet édifice cultuel où il mêla de lointains souvenirs d'enfance lorsque l'abbé Delpech était le ministre du culte romain de l'éperon belvésois.

Pierre Fabre

Photos © Marie-Noëlle Faure