Terre de l'homme

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Réponse à Saint-Just. Un jugement de valeur... ô que oui !

 

Les types de jugement – La Prof d'ÉCR

 

 

Nous émettons, tous, parfois sans nous en rendre compte, des jugements de valeur. "Personnellement, quand j'ai le choix,  je préfère l'avion à tout autre mode de transport"  est un jugement de valeur. Le jugement de valeur dispense  son énonciateur d'avoir raison au regard de la société.

Les fonctionnaires constituent une masse de fainéants. C'est un autre jugement de valeur bien souvent exprimé, sous une forme plus ou moins cinglante, par des personnes qui n'appartiennent pas à la fonction publique.  Il paraît néanmoins permis de penser que cette affirmation part d'une vue primaire et globale mais n'est nullement démontrée pour chacun des citoyens qui, à tort ou à raison, se placent parfois dans cette catégorie sociale. Il y a certainement des fainéants dans la fonction publique, de  là à généraliser !

 

L'essence d'un jugement de valeur est d'être péremptoire.

Un jugement de valeur exprime la relation d'une chose avec un idéal. Or l'idéal est donné comme la chose, quoique d'une autre manière ; il est, lui aussi, une réalité à sa façon. La relation exprimée unit donc deux termes donnés, tout comme dans un jugement d'existence.

 

Saint-Just (visiteur)   à Pierre-Bernard Fabre · Il y a 13 jours

On peut même se demander si les glands enrésinent pas les sols... Les résineux n'ont pas de glands, ah bon ? Les résineux n'ont pas l'élégance des feuillus... "mon beau sapin" va être déçu... Un jugement de valeur de plus !

 

Eh bien, oui, je reconnais et admets, tout en détestant les jugements de valeur,  avoir sur la thématique qui oppose les adeptes des feuillus et ceux des résineux, un jugement de valeur.

 

Tronçais, Forêt d'Exception® : une chênaie prestigieuse au cœur du  territoire

 

La Forêt de Tronçais. Image © O.N.F

 

Pour quelles raisons, je préfère les feuillus aux résineux.

 

Les feuillus sont, à mon point de vue, toujours un sempiternel jugement de valeur, beaucoup plus esthétiques que les résineux. Quand on se promène dans une chênaie, on a l'impression d'être dans un espace qui nous plonge dans la sérénité. La forêt de Rambouillet me paraît beaucoup plus belle que la forêt landaise et pour employer une expression populaire, "il n'y a pas photo".

Les pins enrésinent les sols et les hypothèquent pour des siècles, voire plus.  Les résineux génèrent de l'oxygène mais en quantité dérisoire et il n'y a pas de comparaison avec les feuillus.

Les feuillus, notamment les chênes, retiennent une impressionnante quantité d'eau sur le sol grâce au manteau de feuilles qui régule, sans que l'on s'en rende compte, l'écoulement des eaux pluviales.

Au niveau économique, on admet et l'on entretient une solide idée reçue que le pin est un vecteur financier beaucoup plus rentable que les feuillus. On peut admettre que les taillis ne sont pas forcément un rapport financier des plus rentables mais il faut compter plus d'un demi-siècle pour se lancer dans une coupe de pins. Une coupe de châtaigniers, en Périgord on dit de "codres", s'avère au moins aussi performante et le châtaignier, lui, n'hypothèque pas le sol.

 

 

Ont-ils trouvé la poule aux œufs d'or ?

 

Chambrélent et Brémontier ont été les conseillers de Napoléon III. Ils sont les instigateurs de la stabilisation des Landes de Gascogne par l'implantation d'une immense forêt de pins.

 

 

Chambrelent def.jpg

 

Nicolas, François, Jules, Hilaire Chambrelent 

Description de l'image Bremontier-couleur def.jpg.

 

Nicolas Brémontier

 

Ces ingénieurs ont-ils trouvé, pour l'Aquitaine, une poule aux œufs d'or. Au premier regard, on pourrait dire oui. Nous sommes souvent admiratifs de grands chantiers. Certains, aujourd'hui, estiment que les pyramides voulues par et pour les pharaons, ont altéré  l'écologie de l'Égypte et fait progresser le désert.

Chambrélent et Brémontier ont-ils trouvé "la" solution pour la Gascogne. C'est possible mais pour l'écologie de l'Aquitaine, qu'il soit permis de s'interroger.

 

Pinède — Wikipédia

 

Pinède. Image Wikipédia

 

Quand Napoléon III, suivant les préconisations de Brémontier et de Chambrelent, pour stabiliser les Landes de Gascogne, fit ensemencer ces terres réputées instables, il opta pour les pins. A-t'on envisagé autre chose… je ne le crois pas. Si l'on avait créé une immense bambouseraie assortie de peupleraies, on aurait, probablement, trouvé un filon qui aurait rapidement stabilisé les sols et, par ailleurs, aurait dégagé de bons rendements financiers.

L'auteur du coup d'état du 2 décembre 1851, certes moins nuisible que son oncle, bien qu'il fut, comme lui, "républicide", tradition familiale oblige, a–t-il été bien conseillé, je ne saurais le dire. Les Landes de Gascogne ont, depuis cette transformation, modifié le climat aquitain, en le rendant plus sec en été ; c'est, d'une manière très infinitésimale, un point qui concourt au réchauffement de la planète.  

 

Notre ami Saint Just, pas l'auteur de la loi des suspects qui laisse le souvenir d'un fanatisme démesuré,  qui s'enthousiasma pour la Révolution et pour Robespierre, et dut  attendre la chute de la Monarchie, en 1792, pour être élu député de l'Aisne sans savoir qu'il ne lui restait pas même  deux ans à vivre, notre contemporain qui, aujourd'hui, se réfugie sous son patronyme, a parfaitement raison en disant que le billet qu'il commentait, est un jugement de valeur, j'ajoute volontiers un partial jugement de valeur.

 

Je voudrais terminer en disant qu'il y a une dizaine d'années, quand j'ai osé exprimer ce point de vue à un sympathique ingénieur de l'O.N.F., celui-ci me répondit que les résineux, dans l'Hexagone, sont là depuis 8 000 ans et qu'ils ont gagné leur place dans nos espaces sylvestres.

 

Oui, il existe de superbes espaces sylvestres boisés en pins, notamment dans les Vosges et certainement ailleurs. Gardons-nous de jeter le bébé avec l'eau du bain.

 

Oui, tous les points de vue, soutenus avec cohérence et sincérité, sont respectables.

 

Pour "Mon beau sapin", très belle chanson d'hiver qui sent Noël, laissons lui tout son lyrisme et saluons une des rares, voire la seule, chanson laïque de cette fête qui a la faveur de tous les enfants.

Mon beau sapin prend ses racines au XVIe siècle avec O Tannenbaum, écrit vers 1550 en Silésie germanique. C'est ce même air qui est repris par Joachim August Zarnack en 1819. Elle est devenue une chanson d'amour et dans cette chanson, la verdure du sapin est associée à la fidélité.

      

Bien avant que scintillent les étoiles de Noël, un peu partout en Occident, je voudrais souhaiter à toutes les personnes qui consultent "Terre de l'homme", une belle saison automne-hiver en espérant de belles journées pour celle-ci.

 

Pierre Fabre

 

__________________________

 

Demain, nous irons à Siorac et nous reviendrons sur une figure de la Guerre de 14, Amédée Boussat, qui termina la guerre dans l'embryon de l'armée de l'air.



09/11/2022
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