Humeur et humour : antidote à la crise ?
Humeur et humour : antidote à la crise ?
Falstaff
Toutes les professions ont fait l'objet de plaisanteries et de railleries.
C'est vieux comme le monde : l'instituteur, le curé, le gendarme, l'employé municipal n'y échappent pas.
L'agriculteur est en général épargné. Tout au plus Fernand Reynaud s'y hasarde avec son sketch : " j'suis un pauvre paysan ".
Le film "Farrebique et Biquefarre", par son sérieux, échappe à toute tentative de plaisanterie, ce qui n'est pas le cas de "L"amour est dans le pré" quand la maladresse et la balourdise viennent dérégler le jeu de la séduction.
Cette façon de se moquer des autres sans l'intention de les blesser, de regarder leur travers avec bienveillance, de considérer que nous sommes loin d'en être exempts, cela a un nom : l'humour.
Voilà une forme d'esprit dont il ne faut pas se départir. Elle nous tient à l'écart du sérieux, de l'excés, elle nous permet de prendre du recul par rapport aux moments difficiles de notre vie.
Certains l'appellent "l'élégance du désespoir ".
Mais voilà un mot devenu passe- partout, pas toujours employé à bon escient.
Au tout début, ce terme n'a qu'une connotation médicale. Selon Hyppocrate il y a 4 humeurs dans notre corps : la bile, l'atrabile, le sang et la pituite. la prédominance de l'une d'entre elles dérègle notre jugement et donne le coléreux, le grincheux, l'emporté, le flegmatique.
Il suffisait de mettre ces personnages, victimes de déséquilibre humoral, en porte à faux par rapport aux autres et à eux-mêmes pour que naisse le comique. Molière a largement usé de ce procédé pour écrire ses comédies. Le Misanthrope ou l'atrabilaire amoureux en est le plus bel exemple : Alceste, moraliste bougon qui veut "fuir dans le désert le reste des humains tombe amoureux de Célimène, coquette et médisante.
Si l'humour s'emploie à ne blesser personne, forme bienveillante de l'esprit qui exclut tout argument ad hominem, il en est autrement pour l'ironie dont Voltaire s'était fait une spécialité : "Madame la barone qui pesait environ 350 livres, s'attirait par là une très grande considération" (Candide).
Mais il existe une forme plus pernicieuse qui blesse profondément, c'est le persiflage, ironie mordante, imperceptible pour la personne visée mais détectée uniquement par les témoins.
Longtemps, l'humour a été perçu comme un trait national anglais : "Falstaff" personnage créé par Shakespeare, en est le porte drapeau mais depuis le milieu du 18ème siècle, l'humour est devenu une forme d'esprit universel.
En ces temps où l'angoisse nous tourmente, où l'intolérance progresse, le pratiquer avec nos semblables c'est un peu nous aider à vivre.
PS : et si la télé avait la bonne idée de nous remontrer Francis Blanche et Pierre Dac, mister Bean, Benny Hill, et Peter Sellers dans l'inspecteur Clouseau.
Pierre Merlhiot
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