Terre de l'homme

Je me souviens, nous étions en 1953 ou 1954, et la grande discussion était : les extraterrestres et leurs soucoupes volantes, les « Objets volants non identifiés », les OVNI. Les Américains avaient photographié différents phénomènes :

Les anciens se souviendront des fêtes du Bugue à la Saint-Louis, dans ces années-là, où de nombreux chars décorés et garnis de fleurs en papier, défilaient en fanfare dans les rues de la ville, chargés des enfants en costumes.

Il y avait eu, cette année, parmi tous les autres, un char décoré avec une forme de fusée, un peu comme la fusée de Tintin, de bonne dimension pour être sur une remorque, avec à son bord une charmante jeune fille. Ce char avait fait sensation. Cette structure en bois avait été conservée dans un hangar pour une éventuelle utilisation pour une autre manifestation.

A la fin du mois de mars suivant, cette forme devait encombrer, elle avait été sortie de son emplacement, et des gens s’affairaient autour. Je me souviens, c’était à côté de chez moi. Je n’y avais pas prêté plus d’attention, j’étais allé jouer sur la place du Temple avec des copains.

Le lendemain, 1^er avril, sur le chemin de l’école primaire de la rue de la Faure, je passais en haut de la Place de la Volaille, et mon regard était attiré par un éclat de lumière, une forme allongée, brillante au soleil au-dessus du cingle, on pourrait même dire étincelante, se détachant tout en haut de la colline, sur le ciel bleu de cette matinée sans nuages. Sans plus m’inquiéter, je continuais tranquillement mon chemin vers l’école.

En rentrant de l’école, le soir, j’apprenais que cette forme de fusée avait été recouverte de papier d’aluminium, et déposée dans la nuit sur la colline, au-dessus du cingle, par la bande de jeunes que j’avais vue, la veille.

Ce que j’avais aperçu, le matin, avait fait sensation. Beaucoup de gens, l’ayant vu à leur tour, avaient imaginé un débarquement de « Martiens » sur Le Bugue. Certains avaient pris leur courage à deux mains, traversant la Vézère en barque pour ne pas se faire voir, escaladaient le flanc du coteau, rampant sur les coudes, et avec circonspection, avaient découvert, tout penauds, la nature de l’Ovni, et compris que c’était le poisson du premier avril.

L’histoire avait fait le tour du Bugue, certains avaient beaucoup ri, peut-être vous en souvenez-vous ?

Daniel Simon