Terre de l'homme

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La génétique au service de la quête de nos origines

France Bleu Périgord en balade au Musée National de Préhistoire des Eyzies

 

Notre ancêtre, L'Homme de Cro Magnon, seul survivant des Hominines. L'homme primitif de Paul Dardé aux Eyzies, œuvre du sculpteur français Paul Dardé (1888-1963) a été inaugurée aux Eyzies, capitale mondiale de la préhistoire, en 1931 par Paul Léon, Ministre des Beaux-Arts.

 

Image France bleu

 

 

tableau phylogénique

 

Toutes les espèces ont disparu, à l'exception d' Homo sapiens (Cro Magnon)

Sahelanthropus Tchadensis = Toumaï (- 7 millions d'années)

Australopithécus afarensis = Lucy (- 3,18 millions d'années)

Homo néandertalensis = Néandertal (- 430 000 ans)

 

PS : sur nos origines éthiopiennes, voir commentaire de Pierre Merlhiot sur l'article Addis Abeba un autre coeur du pays de l'homme

Albert Einstein passait pour distrait.

On lui prête un petit trou de mémoire. Ayant oublié le nom usuel de l'aspirine, c'est tout naturellement qu'il demanda à son pharmacien de lui procurer des comprimés d'acide acétylsalicylique.

Je viens de lire l'article de Jacques Lannaud sur la révolution vaccinale. Désormais, je n'aurai aucune excuse de ne pas savoir que derrière l'ADN, se cache l'acide désoxyribonucléique.

Pour familier que soit devenu le terme ADN, son contenu n'est pas à la portée de tous, chaque fois, je suis obligé d'avoir recours à Wikipédia.

Dans son article, Jacques rappelle les bienfaits d'une nouvelle vaccination obtenue, non par l'utilisation d'organismes vivants atténués entraînant une réaction immunitaire mais par l'utilisation d'un ARN messager. Jean-Mathieu Clôt a émis des réserves sur le fait d'apporter des modifications à notre patrimoine génétique. Il est vrai qu'il est dangereux de jouer les apprentis sorciers mais de nombreuses lois bioéthiques évitent ou réduisent les problèmes sanitaires ou moraux que soulèvent les techniques qui visent à une utilité thérapeutique.

 

Mais mon propos n'est pas là. Je me sens beaucoup plus à l'aise dans le domaine de la préhistoire pour laquelle, dans ce blog, je me suis efforcé de faire partager mon intérêt.

 

Science interdisciplinaire, elle fait appel, depuis les années 80, à la génétique.

Avec l'étude de l'ADN, on est à des années-lumière de l'époque pionnière de la préhistoire, où les vestiges, recherchés pour leur esthétique, terminaient leur vie dans des cabinets de curiosité sans avoir fait l'objet de recherches en vue de leur chronologie.

Tout au plus, les préhistoriens de l'époque dressaient une chronologie en s'appuyant sur le bestiaire fourni de la préhistoire : mammouths, félins, ours, rhinocéros abondaient entre - 34  000 et - 24 000 ans, remplacés progressivement par les cervidés, les bisons, les aurochs, les chevaux et les bouquetins aux alentours de - 17 000 ans. C'est ainsi qu'on parlait de l'âge du mammouth, de l'âge du  renne... Cette chronologie basée sur l'animal dominant, devenue trop sommaire, céda la place à celle des industries lithiques (technique de taille du silex en vue d'obtenir un outil ou une arme).

 

 

culture lithique

 

 

 

galets aménagés

 

 

feuille laurier 2

 

 

 

3 millions d'années séparent les galets aménagés des belles feuilles de laurier solutréennes qui exigent une technique élaborée, en passant par le biface acheuléen.

Notre département a la chance de posséder un nombre important de sites éponymes : la Micoque, le Moustier, la Madeleine, la Gravette....qui nous permet de prendre une place importante dans la chronologie de la préhistoire.

Cette chronologie a toujours cours mais, depuis une quarantaine d'années, les préhistoriens ont perdu le monopole des débats sur les origines : les généticiens ont pris le relais en faisant parler l'ADN.

 

Ils ont établi 2 scénari possibles :

- soit l'homme est apparu d'une population unique, sans mélange génétique, c'est la théorie du remplacement,

- soit il serait apparu simultanément sur plusieurs continents après des évolutions anciennes, c'est la théorie du multi généralisme.

 

L'affaire n'est pas tranchée  mais il en est une sur laquelle ils s'accordent. Elle est à mettre au crédit du grand généticien Svante Pääbo qui a bouleversé l'arbre généalogique de l'humanité.

 

svante paabo

 

                                                                                 Svante Pääbo

 

L'homme de Néandertal, découvert en Allemagne en 1856, dont on trouve des semblables en Dordogne au Moustier et à la Ferrassie, faisait l'objet de discrédits : pour certains, dont Marcelin Boulle (célèbre paléontologue du Muséum National d'Histoire Naturelle) c'était au mieux une sous-espèce, un sous-homme, au pire, un être bestial. Voici le portrait qu'il en faisait avec certains de ses confrères : crâne allongé, bourrelets susorbitaires épais, nez saillant, membres courts, absence de menton, silhouette massive et voûtée "comme accablée par le destin". Ajoutez à cela de nombreuses pathologies osseuses sur le fossile de la Chapelle aux Saints que Marcelin Boulle n'avait pas  repérées et vous comprendrez pourquoi l'homme de Cro Magnon, avec sa haute taille (1,80m), son front vertical, sa saillie mentonnière avait tout de l'éphèbe.

 

 

squelettes

 

 

Svante  Pääbo, en 1997, étudiant  l'ADN, conclut à l'existence de deux espèces d'hommes, c'est-à-dire non interfécondes ou ayant des descendants infertiles. Trois ans plus tard, en l'an 2000, il remplace l'ADN mitochondrial (transmis par la mère) par l'ADN nucléaire  et il conclut à l'existence d'une seule espèce.

Dès lors, les partisans de longue date de la réhabilitation de Néandertal, s'en donnent à coeur joie ( Marylène Patou Mathis et Elisabeth de Fontenay).

Néandertal et Cro Magnon font donc partie de la même espèce, qui plus est 1 à 3% de l'ADN de Néandertal sont présents dans les génomes d'une large partie de l'humanité à l'exclusion de la population africaine.

 

Je me suis attardé sur cet exemple pour deux raisons : rabaisser l'outrecuidance de ceux qui mettent l'homme au sommet de la hiérarchie du vivant et ensuite considérer que lorsque l'on veut étudier l'homme dans son évolution et ses déplacements, on ne peut faire l'économie de la génétique.

 

Au début du siècle, les brigades du Tigre relevaient les empreintes digitales, aujourd'hui la police scientifique travaille sur l'ADN.

 

On n'arrête pas le progrès.

 

Pierre Merlhiot

 



24/03/2021
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