Terre de l'homme

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Photo © Pierre Fabre, "Terre de l'homme".

PAYS de BELVÈS

Oui, je sais qu'en reprenant la main, pour un modeste billet ponctuel, je m'écarte de la retraite que certains lecteurs souhaitaient  pour moi, me susurraient fortement de prendre... et, surtout, de veiller à n'en point sortir. Ceux-ci vont fulminer. Je les prie de bien vouloir m'en excuser. Invité par mes amis Michel Dumas et Olivier Raynal, pour le corps des sapeurs-pompiers, je ne pouvais guère faire l'impasse d'une fugitive réapparition pour la journée de nos valeureux soldats du feu. Elle eut lieu ce vendredi 3 novembre, anticipant d'un mois la Sainte Barbe. Olivier et Michel auraient trouvé singulier que "Terre de l'homme", qui compte toujours un bon nombre d'abonnés dans le bassin nauzérois, ne s'associe pas à leur sympathique journée.

Pierre Fabre

Le lieutenant Olivier Reynal, en parfait maître de cérémonie, a ouvert la soirée des pompiers.

Photo © Marie-France Dinies

Un brin d'histoire. Parfois, d'aucuns se demandent pourquoi on désigne sapeurs-pompiers, nos soldats du feu. Ces derniers, par ailleurs, interviennent, comme chacun le sait, dans bien d'autres domaines. Pour comprendre cette désignation, il faut retourner dans les siècles où les sapeurs étaient des soldats chargés de creuser des sapes, c'est-à-dire des trous dans les fortifications ennemies pour qu'elles s'effondrent. Les hommes de Geoffroy de Vivans, cruel huguenot qui rivalisait dans son ignominie intolérante avec les "maîtres des lieux", les féroces catholiques, ses ennemis tout aussi pervers, de nuit, s'emparèrent de Belvès, par surprise. Pour ce faire, ils ont entaillé ses remparts d'une brèche. Ces perceurs de murs étaient des sapeurs. Plus diversement, les sapeurs avaient d'autres missions dangereuses comme celle de faire sauter les ponts ou faire face aux incendies. Nos valeureux pompiers sont donc les héritiers de leurs ancêtres qui, eux aussi, faisaient  face à la dangerosité des incendies avec des moyens parfois dérisoires mais toujours audacieux.

Un peu d'histoire locale. L'histoire du corps des sapeurs-pompiers, à Belvès, remonte au triennat qui suivit la Libération. On considère que les fonts baptismaux de ce collectif ont ouvert leur mission, le 29/11/1947. C'est naturellement vrai ; mais, bien sûr, la hantise des incendies à Belvès, comme ailleurs, remonte bien plus loin et c'est avec des moyens de fortune que nos ancêtres faisaient la chaîne avec des seaux d'eau.

Les sapeurs-pompiers belvésois ont gagné leurs outils de sauvegarde du patrimoine et c'est en 1952, il y a donc tout juste 70 ans, qu'avec fierté, ils recevaient leur premier G.M.C, un véhicule recyclé de l'ère de la guerre. À leur grande surprise, lors du premier remplissage de la cuve de leur camion, à l'écoulement de la fontaine de Fongauffier, ils eurent le soutien appuyé de leur mission, porté par l'abbé François Merchadou, alors curé de Sagelat.

Le colonel Sébastien Laugerie, homme issu du terrain, intervenant pour le contrôleur général du département empêché, impressionna par sa délicatesse, son tact, son esprit d'analyse et synthèse. Photo © Marie-France Dinies

Plus qu'un devoir, être pompier c'est un sacerdoce. Les sapeurs-pompiers sont tout naturellement les veilleurs de leur cité mais, aussi, les sentinelles du massif forestier de la Bessède et des cours d'eau de leur secteur. N'oublions pas que ceux-ci peuvent être redoutables. La Vézère, la Dordogne, la Nauze et même La Lousse ont, au cours des siècles, connu bien des tragédies. La Bessède s'est enflammée à diverses époques et, en 1962, 2 000 hectares sont partis en fumée.

L'histoire de nos sapeurs-pompiers est là pour nous rappeler les missions essentielles de ces valeureux volontaires qui se portent sur bien des fronts, parfois loin de leur caserne d'attache.

Un sapeur-pompier n'hésite pas à quitter une fête de famille ou son lit quand le devoir l'appelle. Nous sommes loin de mesurer combien leur perception du devoir est astreignante à toutes heures des jours et des nuits.

Des devises qui les honorent. Leur devise " Courage et dévouement " fait référence à des notions morales. Plus loin, encore, " Sauver ou périr ", adroite harmonie du s et du p, fut celle imaginée par le caporal-chef Clément, électricien du service Travaux, lauréat en 1941 du concours de l’insigne régimentaire. Cette devise honore les sapeurs-pompiers de Paris. La Guerre et l'Occupation étaient là ;  mais, fort heureusement, les sapeurs-pompiers, aussi, et leur mission dans les époques les plus difficiles, est encore plus méritante. Pensons aux sapeurs-pompiers ukrainiens, russes, israéliens ou palestiniens. Å New-York, le 11 septembre 2001, les tours visées par le terrorisme barbare s'effondraient sur 343 d'entre eux. Oui, nous pouvons dire, les sapeurs-pompiers n'ont pas de frontières et leurs points communs s'appellent le courage, le secours et la sauvegarde. 

Revenons à la journée des pompiers de Belvès. En cette semaine de tempête et furie des éléments, on ne devait pas occulter la tradition de la journée des pompiers. Le lieutenant Olivier Reynal, en parfait maître de cérémonie, donna la parole à sa hiérarchie pour faire le point sur la vie des sapeurs-pompiers. On notera que ces valeureux, certes, respectent la hiérarchie mais comment pourrait-on imaginer une stratégie d'intervention sans coordination. Les officiers des sapeurs-pompiers se considèrent plus en guides qu'en hiérarques avides d'infatuation. Ils sont fiers de leurs sapeurs-pompiers, tant masculins que féminins, et ils se considèrent plus en amis qu'en supérieurs hiérarchiques. Le jour où l'hétérarchie deviendra une évidence, elle aura pour base l'harmonie des sapeurs-pompiers.

Comme chaque année, ce fut l'occasion de marquer les promotions, d'accueillir les nouveaux, de saluer les familles qui savent accepter les moments difficiles et ingrats.

Il y avait, certainement, un peu moins d'élus représentatifs de la ruralité profonde. Cela suscita quelques déceptions chez nos valeureux mais, par générosité, on imputa ces non-présences aux conditions d'un vendredi maussade. Certains ont, cependant, remarqué que des édiles des plus modestes entités, eux ont tenu à saluer leurs sapeurs-pompiers. Que Maryse, Georges et Paul-Mary soient remerciés pour leur présence appréciée !

Parmi les élus présents, Christian Léothier et Patricia Lafon-Gauthier, photo © Marie-France Dinies, ont pris la parole. Ils ont fait part de leurs inquiétudes devant l'énorme difficulté du recrutement et quelques problématiques de conformité. Belvès, entité de 1 200 âmes, doit pour se sécuriser, implanter 80 points d'eau, prises d'eau ou piscines. Patricia Lafon-Gauthier, la conseillère départementale, a manifesté son soutien au centre de secours.

La solidarité de voisinage. On notera que l'interopérabilité des centres fait que nous avons la chance d'avoir nos sapeurs-pompiers à pied d'œuvre dans des délais parfois surprenants. Merci à ce cercle de citoyens qui, par sa présence, apporte une salutaire note d'existence à notre ruralité et aux personnes en difficulté.

Les décorés et leurs proches.

Photo © Marie-France Dinies

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Vue partielle de la salle.

Photo © Pierre Fabre, "Terre de l'homme".