Terre de l'homme

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La R.D. n° 2, une voie départementale bucolique et attachante.[Volet n° 1/4]

 

 

Je hais les routes départementales de Jean Yanne Le Funambule Montmartre Affiche

Jean Yanne, dans le sketch de 1966, "Je hais les routes départementales" où il partagea la scène avec Guy Lux et Lawrence Riesner, a bien fait rire avec "c'est plein de boue, ça sent mauvais, je hais les routes départementales".

 

Eh bien, non ! Pour ma part, j'aime nos routes départementales et notons qu'elles sentent bon en toutes saisons, notamment aux moments des fenaisons. Si l'on est cycliste, on peut admirer les champs qui les bordent, les détails de la nature qu'elles côtoient et si l'on est piéton, sous réserve d'une extrême prudence, on peut tout à loisir profiter de la campagne environnante.

 

Je n'ai qu'un petit regret. Jadis, elles s'appelaient  des chemins départementaux ou des chemins de grande communication. À mon humble sens, les hisser au niveau des routes, cela pouvait les promouvoir mais l'âme d'antan a été altérée. Le chemin départemental n° 6 de Gironde, Salaunes–Lacanau, était une voie à grande circulation et, à ce titre, il était cartouché en rouge sur les cartes, depuis près d'un siècle. Le promouvoir au niveau de route n'a absolument rien changé, si ce n'est la terminologie.

Le billet de ce jour, il sera suivi de 3 autres, va s'attarder sur une fort sympathique route départementale, la R.D. n° 2. Elle musarde dans de bien jolis sillons, collines et forêts de notre Périgord.

C'est au volet n° 3 que vous découvrirez pourquoi avoir choisi la n° 2 plutôt qu'une autre, la numéro 1 par exemple.

 

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Le premier segment de notre R.D. n° 2 épouse approximativement la voie romaine de Saintes à Périgueux. Elle traversait la Lizonne au Pas de Fontaine, que rejoignait l'ancienne voie venant d'Angoulême, qui traversait, elle, la Lizonne au Gué de Pompeigne et qui forme encore la limite communale au nord-est de Fontaine. Cette voie se dirigeait vers Vesunna (Périgueux) par la Tour-Blanche.

 

Point 0

 

 

La Lizonne, sous ce pont de Pas de Fontaine, sépare les départements de la Charente et de la Dordogne.

 

Notre R.D. n° 2 démarre donc au Pas-de-Fontaine sur le pont de la Lizonne, alt 85 m, rivière séparative du Périgord et de l'Angoumois. De l'autre côté du pont, la R.D. n° 23, R.D. charentaise file vers Dignac et à la Pointe du Chemin rouge, elle va se faire absorber par l'ex R.N. 139 La Rochelle-Périgueux, devenue par la fantaisie de coûteuses réformes, aussi stupides qu'inutiles, la R.D. 939.

 

 

La vieille demeure castrale privée de la Ligerie a accueilli , à plusieurs occasions, l'Homme du 18 juin.

Image Cirkwi

 

Après un premier segment de 1 902 m elle atteindra Fontaine. La route épouse le couloir tracé par  le Ruisseau de Fontaine, le profil très doux ne gagne que quelques mètres. Après avoir passé les lieudits de La Genevrière et les Grilles, adressons un petit coucou  au Château de la Ligerie qui domine la route d'un bien modeste "tuquet". Le second segment, 3 902 m, nous conduit à la première localité ayant rang de commune. Après Plantigarde, on trouve plusieurs  lieudits dans ce secteur, ouverts par la préposition Chez. Certainement, les hôtes de ces lieux ont dû laisser leur patronyme pour identifier les écarts d'habitats.

 

 

Gout-Rossignol

 

Le bourg de Gout-Rossignol, ondulant à travers l'atmosphère estivale surchauffée. Image Père Igor

 

Saluons donc Gout-Rossignol, 400 âmes. La commune voit sourdre La Pude, rivière d'une vingtaine de km, vassale de la Lizonne qu'elle rejoindra à Saint Paul-de-Lizonne. À Gout-Rossignol, la R.D. 2 cherche, sur 8 km, la direction de La Tour-Blanche.

 

 

L'etang des Faures 173701etang_12

 

L'Étang des Faures. Photo Emerillon

 

Il figure sur les cartes de Belleyme et de Cassini, le moulin de l'Etang des Faures est donc attesté pour la seconde moitié du 18e siècle. A la fin du 19e siècle, une turbine hydraulique remplace l'ancien système. Le moulin a fonctionné jusqu'à la dernière guerre, il produisait alors des farines à base de blé et d'orge ainsi que de l'huile de noix.

 

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA24001024

 

 

Fichier:Etang des Faures 1.JPG — Wikipédia

 

L'Étang des Faures [image Wikipédia], spectaculaire point d'eau entre Gout-Rossignol et La Tour Blanche. Cette étendue aquatique, tout à la fois, est naturelle et artificielle. Il s'agit d'une zone marécageuse où sourdaient diverses émergences. La digue qui retient les eaux a permis de jouir d'un superbe bassin qui fait la joie des pêcheurs.

Dans la langue occitane, les faures sont les forgerons.

 

 

Poursuivons l'itinéraire. L'Étang des Faures, le ruisseau de Font Chérie, Les Brandissous, la Valade, le Sourbier, Brésidé, le Vigneau, les anciennes carrières de Champ de Ville, alt 163 m,  nous rappellent que la route mérite l'appellation de collinaire, puis la voilà dans ce village qui a pris le nom de La Tour blanche-Cercles.

 

 

Fichier:La Tour-Blanche château (2).jpg — Wikipédia

 

 

La Tour Blanche. Image Wikipédia

 

Ce toponyme vient de la fort vieille tour millénaire de ce lieu. Nous sommes, là, en plein Périgord blanc. Cet espace périgordin a été dénommé blanc car la terre et la pierre y sont blanches par opposition au Périgord noir. Cette terminologie sera abordée dans le volet n° 3.   

 

De là, nous filons vers le pied de Saint Just, à 6 300 m de La Tour Blanche.

 

La route, plutôt en faible descente, profitant du couloir ouvert par le Buffebale, va perdre une cinquantaine de mètres de dénivelé pour arriver à 102 m d'altitude sous le village d'un saint qui n'a rien à voir avec le révolutionnaire.  Sur le côté gauche, la Julie court vers son assembleur le Buffebale.  Nous sommes là dans le Périgord vert. Un lieudit, en lisière du Bois de Cagnole, s'est tout simplement identifié là, tout près, Le Périgord.  Les moulins de La Bernerie et Gonlain rappellent que le Buffebale a été un travailleur écologique. Saluons le Bois des Penaud qui sépare les creusets de l'Euche et du Buffebale et jetons un rapide coup d'œil à Saint Just.

 

 

 

 

La Buffebale à Saint Just. Image Père Igor

 

La route, plutôt en faible descente, profitant du couloir ouvert par le Buffebale, va perdre une cinquantaine de mètres de dénivelé pour arriver à 102 m d'altitude sous le village d'un saint qui n'a rien à voir avec le révolutionnaire.  Sur le côté gauche, la Julie court vers son assembleur le Buffebale.  Nous sommes là dans le Périgord vert. Un lieudit, en lisière du Bois de Cagnole, s'est tout simplement identifié là, tout près, Le Périgord.  Les moulins de La Bernerie et Gonlain rappellent que le Buffebale a été un travailleur écologique. Saluons le Bois des Penaud qui sépare les creusets de l'Euche et du Buffebale et jetons un rapide coup d'œil à Saint Just.

Le segment suivant, de 2 500 m, toujours en pente douce, nous amène à Saint Vivien,  alt 93 m.  Du pied de Saint Just, nous continuons de suivre le Buffebale, il est tout près de sa jonction avec l'Euche qui va se l'approprier. Ce dernier, 1 700 mètres plus bas, va également absorber la Sandonie qui vient de Léguillac-de-Cercles, en lisière du Parc naturel Périgord Limousin. La route  qui passe au Moulin de Turlutu adresse un petit salut au Château de Saint Just et Saint Vivien qui, depuis 1830, n'a plus rang de commune. Ce charmant lieudit des rives de l'Euche, ouvre le dernier cours de celui-ci.

Il reste 2 580 m à parcourir de St Vivien à la confluence de l'Euche et de la Dronne. Un dénivelé de 10 m nous amène au pont d'Ambon. Ce lieudit est le point de triangulation de Creyssac,  Grand-Brassac et Bourdeilles.  La route traverse le Maine d'Euche et longe la lisière des pentes sylvestres du Chauffour.

 

 

Fichier:Pont d'Ambon sur la Dronne.JPG

 

Le pont  d'Ambon. Image Père Igor

 

Élisée Reclus, grand géographe du XIXe siècle, disait de la Dronne qu'elle était "la plus belle rivière de France". Faut-il lui donner tort.

 

 

Cette première section de la R.D. n° 2  s'étire sur 25 km.

Le volet suivant nous amènera du Pont d'Ambon à Chancelade, lieu chargé d'histoire. Avec 17 km 201, sans être d'un parcours sévèrement escarpé, elle va atteindre la côte 213 avant de descendre vers la vallée de l'Isle.  





20/11/2021
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