Terre de l'homme

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Belvès, animation de rue. Le coq de la Peyroune

PAYS de BELVÈS

 

Ce mercredi 28 juillet, les animations estivales reprenaient leur rythme. La place de la halle accueillait les vacanciers par grappes de dizaines pour le repas gourmand promu par l'office de tourisme. Ce moment de convivialité se révéla complémentaire avec la visite de la galerie de Jacqueline Joly et la brocante de Sébastien.

 

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Mémé en Pêche Lune

 

 

Sylvie Marty. Photo D.R

 

Dans la rue Jacques Manchotte, au niveau du Musée Rebière, les Reipétits du Coux sont venus se produire. Ils ont chanté et dansé. Le blog reviendra d'ici quelques jours sur ces animations et visites. Aujourd'hui, nous nous limiterons à parler d'une historiette occitane, écrite par Martial Rouby, il y a bien plus d'un demi-siècle.

 

Cette historiette, truculente à l'envi, a été découverte par les Belvésois après sa parution et racontée avec toute la finesse de la regrettée Sylvie Marty qui, conteuse des "Pêche-lune", amusait beaucoup les occitanistes.

 

 

Martial Rouby

 

 

Martial Rouby, poète et conteur occitan, né à Lolme en 1895, a vécu au château de Sainte-Croix de Beaumont. Il décéda en 1981 à Prigonrieux, localité qui a pérennisé son nom avec une rue. Il est l'auteur des ouvrages : Cansous de ma Crouséto et Ma Garbéto. Martial Rouby a prononcé un réquisitoire musical de très haut niveau avec  La Polucion https://www.youtube.com/watch?v=khU_eg00OaM

https://www.youtube.com/watch?v=khU_eg00OaM

 

Lo Gal de la Peirona

Texte en occitan, la traduction en français  figure au-dessous.

   
   
   
   

 

D'où vient le coq ?

I aviá ‘na quita craba
Que z’aviá remarcat,
Un ase recanava
A se’n estomacar,
Los piòts ne’n gordonavan,
Las aucas ne’n risián
E ‘nsemble se mocavan
D’aquel gal tan colhon.

Benlèu quò vos estona
Mès vòli vos parlar
Del gal de la Peirona
Qu’es un animalàs :
Polardas e poletas
Plaquèt sa bassa-cort,
Coifat d’una criqueta
I anava far la cor

En corrent sa criquèta
Que sap pondre ni coar,
Un ser tornèt sens cresta,
Un ser tornèt descoat…
La petita fripona
Lo renvoiava tard ;
Los uòus de la Peirona
Del còp si’èron clars !

En mens d’una setmana
Pertot quò se sabiá :
De Belmont a Nauçanas :
De L’Orme a Sent Cassio…
Los gais e las agaças,
los mèrles, las puputs,
E totas las blagassas
Parlavan de res pus

 

Sus aquò la Peirona
Di’èt al paure gal :
– Faràs la sopa bona
Lo jorn de Carnaval.
La sopa si’èt bona
E coma z’o meritat :
Lo gal de la Peirona
A finit de cantar !

Quand sau’eron l’istoira
D’aquel fotut manant
Un tropèl de pintarras
Montèron un cancan…
Quò fasiá tombar d’onta
Las clocas d’alentorn ;

Quò arrestèt la ponta
Dins fòrça bassas-corts

Sus aquela finala
Tiràs una leiçon
Tiràs una morala
De mon tròç de cançon :
L’òm i laissa la vita,
L’onor e la santat…
Quò’s çò que l’òm merita
Quand òm vai galopar.

 

 

Le coq de la Peyroune

 

Peut-être cela vous étonnera

Mais je veux vous parler du coq de la Peyroune

 

C'était un sacré animal ! Pour suivre une criquette

Et lui faire la cour, il quitta poulardes et poulettes.

Il plaqua toute sa basse cour

 

En moins d'une semaine, partout cela se savait,

De Belvès à Naussane, de Lolme à St Cyprien.

Les geais et les pies, les merles, les pépues

Et toutes les bavardes ne parlaient de rien plus.

 

Quand ils surent l'histoire de ce fichu manant, un troupeau de pintades monta un cancan.

 

Cela faisait tomber de honte les couveuses des alentours

Cela arrêtait la ponte dans toutes les basses-cours.

Il y avait même une chèvre qui l'avait remarqué !

Un âne ricanait à s'en trouver mal !

Les dindons s'étouffaient, les oies en riaient :

 

Ensemble, ils se moquaient de ce coq si "couillon"

Qui suivait sa criquette qui ne savait ni pondre, ni couver.

 

Un soir il rentra sans crête !

Un soir il rentra déplumé !

La petite friponne le renvoya un peu plus tard.

Les œufs de Peyroune du coup furent plus clairs.

 

Sur cela, la Peyroune dit au pauvre coq

"Tu seras la soupe bonne, le jour de carnaval"

 

La soupe fut bonne et comme vous le pensez

Le coq de la Peyroune a fini de chanter.

 

Sur cette histoire finale, tirez une leçon, tirez une morale de ma petite chanson

 

On y laisse la vie, l'honneur et la santé

C'est ce que l'on mérite lorsque l'on va galoper.

 

 

Maurice

 

 

 

Photo © Pierre-Bernard Fabre

 

 

Sylvie Marty, hélas, n'est  plus là pour conter les belles et savoureuses histoires de la langue qui chevauche les montagnes pyrénéennes, enchâsse l'Auvergne et atteint les Alpes, en donnant à nos provinces occitanes tout le charme du verbe des troubadours. Maurice Teyssandier, que tout le monde connaît et apprécie, a été choisi par René Barde, le tuteur du Musée Rebière, pour être le chantre de la langue de nos ancêtres, en nous racontant la dramatique infortune du Coq de la Peyroune.

 

 

Le baron

 

Dans la rue, le Baron de Mortes C... tenait tribune. 

Photo © Pierre-Bernard Fabre

 

 

 

En remerciant le majoral Jean-Claude Dugros pour son appui dans la finesse de la langue occitane.

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Demain :  Culture et patrimoine. Le regard de Françoise Maraval sur le Musée d'Orsay.

 

 



29/07/2021
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