Terre de l'homme

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Autour du rampeau saint-laurentais

 

 

Xavier Entraygues, photo lilian Gilet

 

Le tir d'expert du Saint-Foyen Patrick Lafon.

Photo © Lilian Gilet

 

S'il fallait, en deux mots, définir le rampeau saint-laurentais, on pourrait dire que c'est une communion, strictement laïque, en deux espèces, celle de la boule qui "anime" cette tradition d'origine gasconne et celle de l'amitié des "rampelayres". Elle balaye tous les clivages.

 

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 "Terre de l'homme" a interviewé Xavier Entraygues.

 

 

Xavier Entraygues

 

 

 

Xavier Entraygues,

photo © Bruno Marty

 

Xavier Entraygues sait, dans son village saint-laurentais, affirmer son attachante foi participative à la ruralité profonde dans une entité riche d'une histoire vivante. En son temps, il a démontré son attachement aux valeurs citoyennes en exerçant les fonctions de premier-magistrat de la commune. Comme Cincinnatus, figure légendaire romaine symbolisant l'intérêt général et l'effacement, il n'entendit pas s'incruster au-delà du terme raisonnable et cohérent de la mission clairement délimitée qu'il avait reçue de ses pairs et de ses concitoyens. Xavier, exemplaire par son dynamisme, sa sagesse et sa modestie, trouva tout naturel de s'atteler, avec son ami Guy Saphary, à la sauvegarde du rampeau, non seulement parce que ce loisir affirme la vie de ce foirail saint-laurentais mais, aussi, parce qu'une place inerte, c'est un peu comme un marché sans chalands.

 

Il répond à cinq questions.

 

  1. Le rampeau, après une longue période d'essoufflement, renaît de ses cendres. Qu'est-ce qui, selon vous,  a été déterminant pour relancer ce loisir d'adresse et cette passion qui semblait s'acheminer vers les souvenirs du passé.

 

Le personnage majeur, pour la sauvegarde du Rampeau à St Laurent, est Guy Saphary. C’est lui qui a conservé le lien ténu avec la génération précédente pour que perdure cette animation dominicale, avec une poignée de passionnés.

Personnellement, je trouvais ce jeu injustement délaissé alors qu’il me paraissait étonnamment  moderne. Donc, il fallait lui redonner une audience certaine pour que les plus jeunes y goûtent. Pour cela, deux points nous ont paru essentiels. (Nous, étant  l’association « Les Amis du Foirail » créée en 2021  pour pallier,  à l’époque, la fermeture du bistrot.)

1- la rénovation de l’aire historique du Rampeau pour la rendre plus lisible, plus accueillante et plus conviviale. Pour cela, nous avons candidaté avec succès auprès du Budget Participatif  Département de 2022.

2- La notoriété de ce jeu dans notre village. Nous sommes partis sur une idée audacieuse : organiser les Olympiades du Rampeau en 2022. Malgré 2 orages dans la matinée, cette 1ère manifestation connut un véritable succès.

 

  1. Saint Laurent est devenu un temple vivant du rampeau, presque une capitale, de cette activité. Pensez-vous que votre exemple peut faire domino ?

 

Faire domino est beaucoup dire. Cependant, les choses bougent : nous sommes sollicités, soit pour des démonstrations comme pour l’Odyssée Dordonha, soit pour organiser de nouveau des concours dans des communes voisines, soit pour prêter Boules et Quilles accompagnées du process de mise en place du jeu. Et les concours lors des fêtes patronales reprennent !

 

 

  1. Le rampeau, après guerre, était devenu un lieu de rencontres de séniors, plutôt masculins et rarement jeunes. Les jeunes estimaient que c'était un domaine réservé à leurs aînés. Aujourd'hui, il semble bien que ce stéréotype ait été largement remanié. Pensez-vous qu'à l'ère des smartphones et des tablettes, cette renaissance puisse continuer de s'affirmer ?

 

Je ne sais pas. Les temps ne sont plus linéaires, ni binaires. Nous avons vu certains changements à la campagne, ces dernières années. Le rampeau n’est pas fait de sunlights. Si les Olympiades le mettent en haut de l’affiche, sa réalité tient par la présence, tous les dimanches, d’un petit groupe de 6 à 15 joueurs. Ce groupe tend à se renouveler. C’est là, l’avenir du Rampeau, c’est sa capacité à retrouver régulièrement des Rampelayres sur l’aire de jeu . Or, aujourd’hui, l’éventail des loisirs est très large, les habitudes familiales ont évolué, les associations, en général, peinent à intégrer les moins de 50 ans. Alors, les plus jeunes… Peut-être, l’avenir du Rampeau passera par la gent féminine. Déjà, quelques filles s’y intéressent.

D’autre part, c’est vrai que nous nous sommes autoproclamés Capitale du Rampeau. Bien sûr, c’est prétentieux, mais qui peut revendiquer autant d’engagement pour sauver ce jeu ? Donc, finalement, c’est loin d’être une imposture.  Le Rampelayre est un compétiteur exemplaire.  Au respect et à la bienveillance, s’ajoutent le partage, l’humour et l’amitié. Par exemple, le quilleur , également maître du « Rel », place la quille du milieu, ou profile le sable devant les quilles, comme le souhaite le tireur. On apporte la boule à un joueur qui a du mal à la ramasser. Tout le monde applaudit le beau coup de boule et se réjouit du succès de son concurrent, sans pour autant lâcher prise : c’est quand même une compétition ! Si le Rampeau est un sport, c’est au sens du vieux français « desport » : divertissement, plaisir physique ou de l’esprit.  Bien sûr, l’adresse est nécessaire mais elle vient en jouant. Pour cela, les anciens ne sont pas avares de conseils. 

 

  1. Quelles sont, selon vous, les qualités du "rampelayre" ?

 

Le Rampelayre est un compétiteur exemplaire.  Au respect et à la bienveillance, s’ajoutent le partage, l’humour et l’amitié. Par exemple, le quilleur , également maître du « Rel », place la quille du milieu, ou profile le sable devant les quilles, comme le souhaite le tireur. On apporte la boule à un joueur qui a du mal à la ramasser. Tout le monde applaudit le beau coup de boule et se réjouit du succès de son concurrent, sans pour autant lâcher prise : c’est quand même une compétition ! Si le Rampeau est un sport, c’est au sens du vieux français « desport » : divertissement, plaisir physique ou de l’esprit.  Bien sûr, l’adresse est nécessaire mais elle vient en jouant. Pour cela les anciens ne sont pas avares de conseils.

 

 

  1. Tous les villages n'ont pas la chance d'avoir,  comme Saint Laurent,  un espace ombragé où règne la quiétude propice à ce divertissement. Pensez-vous que les "rampelayres" venus d'ailleurs, en s'inspirant de votre village, sauront  promouvoir chez eux, une renaissance comme celle de Saint Laurent en agençant, à cet effet, une place, une cour, voire une venelle.

 

C’est possible, bien que comme dit, plus haut,  les habitudes de loisirs ont changé. Cependant, nous voyons partout des rassemblements de pétanqueurs. En parallèle, on peut imaginer des rassemblements de Rampelayres. Quant à l’aire de jeu, il est très facile de l’aménager, encore faut-il être à  proximité d’un bistrot !

Je le répète, pour que le Rampeau perdure, il a besoin d’un noyau solide de joueurs qui se retrouvent régulièrement. Evidemment, nous souhaitons que le jeu renaisse dans tout  le Périgord noir. Cela conforterait son identité. Cependant, nous restons la Capitale du Rampeau et, à ce titre, nous accueillons tout le monde. Pour preuve, toute l’année, nous laissons à la disposition de tous, des boules et des quilles pour le plus grand plaisir des visiteurs. Les règles sont affichées sous la sculpture du Rampelayre créée par nos artistes locaux Alex et Manon.

 

Questions posées par Pierre Fabre

 

Prochains billets  :

Demain, Bruno vous donnera l'eau à la bouche avant la fête médiévale. Les Sagelacois et les Fongauffiérains de cœur préparent le rendez-vous de leur fête votive. Sylvain et Lydie poursuivent leur chemin de découverte des vestiges abbatiaux et préparent un barbecue. Au Camp de César, on s'active.

 



07/08/2024
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