Terre de l'homme

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Monique, pour la dernière fois, a remis ses calendriers aux foyers de sa tournée.

L'histoire du calendrier remonte bien avant la Révolution et l'on peut admettre la référence de 1683 avec la création de l'Almanach royal. Il paraît permis de penser qu'à l'époque, cet almanach n'avait qu'une résonance confidentielle car bien peu de personnes savaient lire.

 

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C’est l’imprimeur François-Charles Oberthur qui a donné au calendrier de la Poste, sa forme moderne.

Alors que les premiers modèles présentaient des informations sur les services postaux, les dates des marchés et des foires, ou même des notions d’astronomie, Oberthur a eu l’idée de créer un almanach départemental.

En 1857, il achète le monopole de diffusion de cet almanach pour une durée de douze ans. Son imprimerie devient ainsi la grande spécialiste des calendriers en France.

A partir de cette période, le contenu des calendriers est réglementé par l'administration des Postes. Ils doivent notamment contenir les noms des saints et des renseignements généraux et locaux sur le service postal.

 

https://www.gralon.net/articles/art-et-culture/collection/article-le-calendrier-de-la-poste-et-son-histoire-3422.htm

 

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Le calendrier du facteur, de nos jours édité à 18 000 000 d'exemplaires n'est plus l'exclusivité de l'imprimerie rennaise, même si celle-ci demeure toujours bien placée.

 

Nos facteurs, acteurs de la vie locale, tiennent lors du glissement des ans, à avoir, au moins, ce contact avec les foyers qu'ils desservent. Rares sont ceux qui, par un artifice quelconque, s'ingénient à ne point adhérer à ce rituel. Nos facteurs, hélas, voient de moins en moins leurs mandants car les boîtes aux lettres, parfois détachées des logis desservis, ne favorisent pas les échanges conviviaux. Ajoutons à cela, la raréfaction du courrier papier et l'on sape chaque jour, cette mission de proximité.

 

Nous sommes à cent lieues de la tournée du brave facteur Déodat, personnage truculent de "La jument verte" de Marcel Aymé, tout fier d'être le facteur de la République qui, à pied, passait... même s'il n'y avait pas de courrier à porter. Le romancier a voulu donner à son facteur, gentille figure de la ruralité profonde, un côté caricatural, ô combien sympathique, mais volontairement voulu simplet et humain, pour imager son histoire romanesque, On jurerait qu'il a inspiré Jacques Tati pour le facteur François de "Jour de fête".

 

Nos facteurs d'aujourd'hui, comme ceux d'hier, sont des personnages sérieux, très sérieux, toujours attendus dans les foyers, pour le lien sociétal qu'ils font perdurer dans une société profondément déshumanisée qui souffre de la robotisation informatique.

 

 

Le dernier passage du calendrier

 

 Monique Masmaury, image © Pierre Fabre, présente facticement les calendriers pour 2022.

 

Quelques mots sur Monique qui, avec beaucoup d'attachement à la population, se prépare à son retrait d'activité.

 

Monique est, à ses débuts, rentrée à La Poste, en 1983 quand, encore pour certains, soufflait un petit vent d'espoir de renaissance de la vie citoyenne. Monique fut tout d'abord une administrative perdue dans les bureaux pétrocoriens ; mais, n'allez pas dire qu'elle avait la fibre bureaucratique... c'était tout le contraire. Elle se voyait en agent de terrain et pour ce faire, cette nièce de facteur villefranchois, un populaire facteur qui traînait son image d'homme de terrain doublé d'un profil d'ancien prisonnier de guerre, aspirait à devenir elle-même factrice. Elle passa le concours et troqua ses prérogatives administratives pour aller au devant des populations. Tout d'abord, il lui fallut s'exiler en Région parisienne où elle demeura 11 ans, avant de revenir dans "son" Périgord. Là, comme ses collègues, elle apprit à connaître les familles qu'elle avait dans sa tournée. Elle a même vu pousser les nouvelles générations.

 

On ne quitte pas une mission sans avoir un regard sur son passé, sur celles et ceux que l'on a côtoyés ou appréciés, parfois dans des conditions difficiles. Il ne suffit pas de fermer la porte, il faut savoir la fermer en ayant conscience d'avoir mission accomplie.

 

Puissions-nous, le dernier jour d'avril prochain, penser à adresser un petit coucou à notre factrice, ou mieux, mettre un petit signe floral -un brin de muguet- ou autre sur notre boîte aux lettres, pour dire à Monique qui, le 1er mai, amorcera une autre vie, combien nous l'avons estimée.

 

 

P-B F



23/12/2021
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