Terre de l'homme

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Les croquades de Philipon.

 

 

 

 

Poire williams : conseils d'achat et de préparation

 

 

Les poires Williams, très prisées et recherchées, s'invitent sur les meilleures tables.

Crédit photo Dani Vincek © Fotolia

Tout le monde connaît l'allégorie immanente à la poire qui, elle, n'a que peu de rapport avec ce fruit qui s'invite sur nos tables. La Doyenne Flon Aîné est celle qui se cueille en novembre et honore nos fins de repas jusqu'au début de l'année suivante. La poire, fruit qui compte une multitude de variantes, nous vient d'Asie centrale. 

 

 

En Chine, sa culture aurait commencé plus de quatre millénaires avant notre ère. Il y a bien longtemps, elle traversa ensuite le continent asiatique pour atteindre l'Europe. Les Grecs et les Romains furent les premiers à l'adopter. Dans la Rome Antique, la poire se consomme déjà crue, cuite ou séchée.

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Ce n'est pas le fruit de la poire, aussi délicieux soit-il, que ce billet va essayer d'aborder.

Il y a 190 ans, notre pays était "officiellement" en monarchie,  celle-ci, après la grande Révolution et le désastreux passage de celui qui assassinat notre Première République, avait néanmoins perdu son essence  de "droit divin".

Charles Philipon, dessinateur, lithographe et journaliste français, fondateur de la maison d’édition Aubert, directeur de La Caricature et du Charivari, osa par son œuvre artistique, "déranger" le locataire du piédestal. " C’est l’histoire de notre temps, écrite et burinée à notre manière ". Charles Philipon, La Caricature, no 251, 27 aout 1835

Une "poire" est, depuis la fin du XIXe siècle, une personne qui se laisse aisément berner. Une expression venant sans doute du fait qu'une poire mûre tombe en général toute seule de l'arbre, un peu comme une personne qui tomberait facilement dans un piège tendu.

Charles Philipon, [né le 19 avril 1800 à Lyon, mort le 26 janvier 1862 à Paris], imagina  un pamphlet contre la Monarchie de juillet et son monarque. Sa caricature de Louis-Philippe 1er en poire connut un immense succès.

 

On notera que cette vogue est paradoxale puisqu'elle ne s'explique ni par un sens argotique, ni par une valeur iconique, préexistants de la poire. Il s'agit au contraire d'une création graphique souvent attribuée, à tort, à Honoré Daumier, alors qu'elle a été revendiquée par Charles Philipon et exploitée pour la première fois en novembre 1831, lors d'un procès ayant pour enjeu l'exercice de la liberté de la presse, que le gouvernement avait reconnue, au terme des Trois Glorieuses mais qu'il rechignait à respecter.

La Poire est ainsi devenue en même temps le symbole de la " guerre de Philipon contre Philippe", de la lutte d'une poignée d'artistes de la presse artistique pour défendre les valeurs républicaines, et l'emblème qu'ils ont attribué à Louis-Philippe et à son régime, en l'enrichissant de différents niveaux de significations superposées. Le succès de cet emblème s'est traduit par la prolifération du signe dans toute la France et a, hélas,  contribué au rétablissement, en 1835, d'une censure de la presse.

 

 

 

 

Taxé de "Juvénal de la caricature", qui était Charles Philipon.

 

Philipon fut et restera un républicain, " patriote " dans la tradition de 1789, plus sensible aux libertés politiques qu'à la condition des masses laborieuses. Son engagement ne se dément pas lors des insurrections durement réprimées de Lyon (9 avril) et de Paris (13 avril).

 

Cet artiste est issu de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon.

 

 

Portrait de Charles Philipon (1800-1862), dessinateur et journaliste. |  Paris Musées

 

 

Il y a exactement 190 ans aujourd'hui, Charles Philipon  comparaissait devant les juges pour une histoire de poire. La Cour d'Assises l'envoya en détention, purger une peine de six mois de prison, pour offense au roi, et à verser 2 000 francs d’amende, auxquels s’ajoutèrent sept mois liés à d’autres motifs de condamnation. Il est transféré à Sainte-Pélagie,  prison parisienne fermée depuis 1899.

 

animation des 4 images de la planche des Poires.

 

Transformation de Louis-Philippe en poire d'après les « croquades » de Charles Philipon, republiées sous une forme modifiée en 1834.

 

 

 

La Poire, emblème, joua un rôle historique intermittent où le mental se fraya une bonne place. Elle disparut une quinzaine d'années pour revenir avec la Révolution de 1848, révolution à nouveau assassinée par la famille Bonaparte. En 1871, l'ère de la Commune de Paris la remet en selle et ce n'est plus seulement le "ridicule" du sommet de l'état qui est visé mais l'inflexion bourgeoise des gardiens des leviers de la gouvernance qui, les mains entachées du sang plébéien, venaient d'assassiner la fibre populaire.

 

La poire, pour Ernst Kris et Ernst Gombrich, bien avant que Philipon ne s'empare de son sens péjoratif, véhiculait dans l'argot parisien une image  d'impuissance de réactivité.

 

Lithographie coloriée.

 

La Poire et ses pépinsAuguste Bouquet, 1833.

 

 

P-B F

 



14/11/2021
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