Le serment des Horaces de Jacques-Louis David
Voilà une sentence où la solennité du mode choisi, s'accorde parfaitement avec l'élévation de la pensée.
Sylvie, notre correctrice, vous dirait qu'il serait plus difficile d'obtenir la densité d'une telle sentence en employant un autre mode que le subjonctif et, cependant, voilà un mode qu'on utilise de moins en moins. Il sent son XVIIème siècle. Nous reviendrons sur son utilisation.
Sur les conseils de Pierre Fabre qui pensait qu'il serait opportun que l'on véfifiât et que l'on corrigeât les fautes de nos membres, Sylvie fut contactée et accepta d'être notre correctrice. Nous la remercions, avec elle nous sommes assurés d'échapper aux défaillances des corrections en ligne.
Les mots d'usage posent peu de problèmes, le dictionnaire est là pour ça. Les choses se compliquent avec la grammaire, en particulier l'accord des participes passés et l'emploi de certains temps et modes, tels le conditionnel et le subjonctif.
C'est dans ce domaine que Sylvie nous est du plus grand secours car la chose n'est pas simple. Le conditionnel avec ses 3 temps, le subjonctif avec ses 4 temps et "cerise sur le gâteau", le conditionnel passé 2ème forme est identique à l'imparfait du subjonctif.
Si nous nous avisions, par nécessité ou coquetterie, d'user de ces temps et modes, Sylvie serait là pour nous venir en aide. Nous lui en donnons peu l'occasion, mais faudrait-il, sous prétexte qu'ils sont peu utilisés et qu'ils peuvent constituer un code pour parvenir à la distinction (Pierre Bourdieu), les abandonner ?
Deux raisons plaident en faveur de leur maintien : dans certains cas, on ne peut s'en passer, et ils constituent un excellent exercice pour l'esprit et procurent un plaisir intellectuel.
A l'heure où les SMS commençaient en bousculant orthographe et grammaire, Alain Boussière, restaurateur à Monpazier, écrivait en 1999 "Le bar du subjonctif" et créait "Le comité pour la réhabilitation et l'usage ( dans la langue parlée) du passé simple et de l'imparfait du subjonctif ". Le CORUPSIS.
Si vous utilisez ce mode et ce temps à bon escient, vous passerez pour cultivé.
Si vous en abusez, vous passerez pour pédant.
Si comme Alphonse Allais, vous en faites un exercice de style, vous passerez pour un poète.
Régalons-nous :
La déclaration
Oui, dès l’instant que je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Sur-le-champ vous vous aperçûtes ;
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
Combien de soupirs je rendis !
De quelle cruauté vous fûtes !
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
En vain je priai, je gémis :
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis.
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid voir ce que j’y mis.
Ah! fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu’ingénument je vous le disse,
Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m’assassinassiez !
Alphonse Allais (1854-1905)
Certains font par nécessité ou par plaisir, usage de ce mode.
Demain, ils seraient plus nombreux pour peu qu'on les y aidât.
PS : Le premier SMS commercial fut envoyé le 3 décembre 1992
Pierre Merlhiot
