Terre de l'homme

   De nos jours, il est devenu habituel d’avoir chez soi des animaux dits de compagnie qui, souvent, partagent notre vie familiale, nos joies, nos tristesses, sont de véritables compagnons de jeu pour les enfants dont on ne saurait se séparer pour partir en vacances sinon à les placer, et encore, dans des hébergements soigneusement choisis. Des compagnons toujours fidèles qui nous accordent leur confiance, leur affection, et que certains, même, n’hésitent pas à sortir (le chien, par exemple) pour faire du jogging, sérieux appoint en cas de petit épuisement passager pour le maître. On est bien loin de cette époque où on les traitait comme des êtres d’appoint voire inférieurs qu’on laissait, la plupart du temps, dehors, qu’il pleuve ou qu’il neige, que l’on nourrissait de temps en temps ou pas du tout et auxquels on fermait la porte, le soir venu. Mais, la condition de nos "amis les bêtes"  s’est sérieusement améliorée car nous sommes issus du règne animal, de ces grands singes dont le regard est quasiment humain comme si l’on se comprenait sans se parler. Et quel est celui qui leur fermerait la porte, aujourd’hui, ou les chasserait à coups de pieds, laissant son chien aboyer pendant des heures ou son chat contemplant tristement l’âtre de son foyer à travers la vitre.

Mais, l’article précédent « One Health » a le mérite d’attirer notre attention, non seulement sur le confort de nos animaux mais sur leur état de santé. Car, eux-aussi, peuvent contracter des maladies et nous transmettre des germes pathogènes. Et c’est l’objet de cet article qui porte sur certaines zoonoses, maladies transmises à l’homme, et autres aspects du problème. Il est évident que de tenir compte de la santé de façon globale, c’est-à-dire non seulement humaine mais animale et végétale,  nous diminuerons d’autant plus les risques de transmission de pathologies.

Connaissez-vous, par exemple, la maladie des griffes de chat ou en langage médical, la « lymphoréticulose bénigne d’inoculation », zoonose peu grave mais fréquente. Elle se manifeste au bout de 2 ou 3 semaines par l’apparition de ganglions dans le territoire cervical ou axillaire ayant fait l’objet d’une griffure voire même d’une petite morsure. Ou une réaction oculaire après s’être frotté l’œil avec les doigts ayant caressé le chat.

 Affection très progressive et bénigne, je le répète, surtout si l’on est en bonne santé. Le chat est le réservoir de l’agent infectieux (Bartonella henselae), son infection passe inaperçue et concerne plus de 53% de ce petit félin. C’est la puce qui le contamine par ses déjections d’où la transmission par les griffes ou les doigts.

Les Pasteurelloses sont tranmises par des carnivores domestiques ou des petits rongeurs domestiques : petite plaie qui prend une allure inflammatoire intense dans les 24h. Le germe responsable est soit Pasteurella multocida que l’on retrouve dans la gueule du chat à 85% , soit P.dagmatis, canis ou stomatis, transmises par le chien. Ces types de zoonoses sont parmi les plus fréquentes en France. Mais, concernant le chien, sa morsure peut être plus importante et délabrante, plus infectieuse et infectante aussi ; on n’est plus dans le même contexte et cela nécessite une prise en charge médicale.

Le chien était, autrefois, vecteur de la Rage, une des plus graves zoonoses. Le virus (Rabies virus ) se trouve dans la salive de l’animal. Aujourd’hui, la rage canine a pratiquement disparu de notre pays ; mais, en cas de morsure, il est bon de procéder à l’immunothérapie anti-rabique et à l’isolement de l’animal pour prélèvements et observation. La rage peut infecter d’autres espèces comme le renard ou la chauve-souris voire le singe accidentellement.

 Il existe une rage qui touche les chauves-souris vampires en Guyane et on dénombre des cas de rage vulpine dans certains pays : Roumanie, Bulgarie, Grèce, Lituanie.. En France, elle sévissait entre 1968 et 1998 et, à l’époque, un chien domestique pouvait être contaminé, s’agissant d’un virus canin. Mais, de nombreux renards ont été éliminés et, surtout, on a procédé à leur vaccination par des capsules alimentaires ayant une dose de vaccin et réparties sur les territoires par hélicoptère. Elle a donc disparu de chez nous.

A cause de sa fréquence qui a augmenté ces dernières années, parlons un peu de la maladie de LYME qui est engendrée par une bactérie du nom de Borrelia. Il en existe de différentes espèces et, comme je ne vous l’apprends pas, elle est transmise par les tiques, à la fois réservoirs et vectrices qui séjournent dans les bois, les lisières de forêts, les grandes herbes ou prairies et parasitent nos animaux de compagnie. Maladie qui a suscité beaucoup d’interrogations, d’errements diagnostiques avec souvent des confusions avec d’autres pathologies et des résultats de laboratoires pas toujours fiables.

Normalement, elle débute comme un syndrome grippal accentué avec fatigue, courbatures intenses, céphalées, fièvre ; mais, elle peut engendrer une éruption cutanée qui n’apparaît pas forcément dès le départ et qui se traduit par une éruption inflammatoire de forme arrondie ou ovalaire, sur un membre, entourant un centre clair. Si l’on pense grippe surtout en période épidémique, on se retrouve un peu plus tard avec une maladie compliquée touchant le cœur, le système nerveux, voire des atteintes neurologiques affectant la marche et des douleurs importantes.

Plus le diagnostic est précoce, plus le traitement entrepris sans retard, plus la guérison surviendra rapidement. Attention, lors de la cueillette des champignons, s’habiller en conséquence avec couvre-chef.

Enfin, je termine par le S.R.A.S. (Syndrome respiratoire aigu sévère), survenu en Chine fin 2002-début 2003, qui a touché l’Europe et l’Amérique du Nord, dû à un coronavirus, transmis par la civette et dont la contamination s’est faite à partir des restaurants ayant entraîné plusieurs centaines de décès. On ne peut s’empêcher de penser à la pandémie qui vient du même pays.

Arrêtons là !

De tels rappels ne sont, peut-être, pas inutiles.

Jacques Lannaud

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Demain : Une promenade sylvestre en fouillant la Forêt barade.