Retour de brocante
Max et Antoine sachant que les fans de Maxence van der Meersch, aujourd'hui, dans le Val de Nauze, sont aussi rares que les jours de canicule à Kerguelen, en fouillant les ouvrages insolites d'une brocante, sont tombés sur le tome 2 de "Corps et âmes". Pour revenir, après leur passage dans cette antre de l'insolite avec une pièce amicale, nos amis néo-sagelacois ont ramené le tome que le Zola du Nord a titré "Qu'un amour t'emporte !".
C'est manifestement bien mais ce qui est encore mieux, c'est d'avoir assorti ce livre, tiré en 1951, il y a donc 72 ans, aux Éditions Albin Michel, d'une dédicace pour le très singulier Sagelacois, admirateur de Van der Meersch.
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Qui était Maxence van der Meersch. Ce bourgeois flamand, franchement agnostique, est souvent taxé de Zola du Nord. Cet écorché vif se dégagea de son doute pour rejoindre la mouvance catholique qui prit le pas sur ses convictions avec, notamment, "Pêcheurs d'âmes", 1940. Cette "conversion" indécise fut malmenée et échoua parce qu'après son décès, à l'âge de 44 ans, il rejoindra le Cimetière de Mouvaux, aux portes de Lille, avec une sépulture strictement laïque.
Cet avocat et romancier naquit à Roubaix, le 4 mai 1907. Il disparut, dans des conditions troubles, bien prématurément, au Touquet, le 14 janvier 1951. |
Si je n'étais du Périgord, en ayant pour mes racines paysannes, un respect indéfectible, elles m'amènent naturellement à hisser Eugène Le Roy sur le piédestal le plus haut, je dirais que Maxence van der Meersch est ma plume de référence.
J'ai tout lu de l'immense œuvre de cet auteur à l'exception de "Vie du Curé d'Ars", hagiographie, 1936, "La Petite Sainte-Thérèse", biographie de Sainte-Thérèse de Lisieux parue aux éditions Albin Michel en 1943 et "Pourquoi j'ai écrit Corps et âmes", étude introuvable parue en 1956 chez Albin Michel.
Lire Van der Meersch, c'est une immersion dans les terres flamandes avec ses moulins, ses contrebandiers, les combats de coqs et ses troublantes figures féminines qui, avec "L'empreinte du Dieu", subliment un dieu bien humain. Van der Meersch, avec sa trilogie, hélas inachevée, nous conte l'enfance pauvre de son épouse. "Didi", le quatrième tome, tout comme "Invasion 40", n'aura pas eu le temps d'être écrit.
Le Mont Noir en pleine campagne flamande où le lectorat suit Blaise Rameau, jeune bourgeois de Lille, qui a épousé une petite ouvrière de tissage, insignifiante et tuberculeuse. Elle résiste là, à la déchéance physique. L'auteur file de l'Anjou où ses étudiants en médecine chahutaient à la Taverne du Roi René, aux Alpes avec le lac du Bourget, et repart dans les quartiers pauvres pour son œuvre. Les personnages attachants et profondément humains en affrontent d'autres, odieux comme le répugnant ministre Guérand ou le professeur Doutreval.
Avec "Invasion 14", il manque d'une voix le Goncourt en 1935, qu'il remportera l'année suivante avec "L'empreinte du dieu".
L'auteur eut un certain succès avec "La maison dans la dune". Il a été adapté au cinéma à trois reprises : en 1934, 1952 et 1988. C'est ainsi, qu'après avoir obtenu une adhésion populaire pour son roman, qu'il nomma sa demeure en 1949, achetée au Touquet-Paris-Plage.
La Maison dans la dune est un film belge réalisé par Michel Mees en 1988.
Entre sa femme, Germaine, et son ami César, le complice de tous les jours dans ses activités de fraude de tabac à la frontière franco-belge, Sylvain, un ancien boxeur, semble voué à une vie monotone sans joie, sans répit.
J'ai eu une sympathie particulière pour l'auteur quand, en 1968, j'ai découvert "Corps et âmes". Ce bouleversant réquisitoire sur les patrons de médecine où s'imposait Michel qui incarnait un jeune praticien des pauvres, ne peut laisser indifférent. Une phrase, avec un seul mot, venez, en dit long sur ce drame. En 1968, j'étais jeune quand j'ai découvert "Corps et âmes". Impressionné par la précision et la richesse des scènes, j'ai cru qu'il s'agissait de l'épanchement d'un médecin. Aujourd'hui, d'aucuns, peut-être, oseraient dire un troll.
Que dire pour conclure : tout m'a plu et j'ai grandement regretté que la mort ait emporté l'auteur, avant qu'il n'ait pu s'atteler à "Invasion 40".
Cette superbe demeure, dite Villa Fair Xay puis The Standhill, a été habitée par Maxence van der Meersch. Après son premier succès littéraire il l'appela "La maison dans la dune".
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA62000187
Pierre Fabre.
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