Pluviôse le bien nommé. Les fortes crues de La Dordogne, de la Vézère et de la Nauze ont inondé les vallées.
Pluviôse, mois imaginé par l'esprit poétique de Philippe Nazaire Fabre qui désigna les périodes calendaires du calendrier révolutionnaire, œuvre conçue collégialement par de brillants noms de notre grande Révolution dont Joseph Lakanal, Charles-Gilbert Romme, Joseph Jérôme de Lalande et surtout Gaspard Monge et qui fut aussi porté par Jean-Louis David et André Chénier, cet an 229, aujourd'hui ramené à l'année 2021, s'est parfaitement défini comme un mois pluvieux.
Nous avons tous vu les images télévisées de la Garonne qui, sans atteindre ses plus hauts niveaux historiques, encercla Couthures, s'invita, entre autres, dans les rues de Marmande, les bas quartiers réolais et s'autorisa de fort inhabituelles intrusions dans Bordeaux. Sa soeur, la Dordogne, elle aussi, n'en pouvant plus, sortit de son lit pour envahir ses berges, recouvrir les herbages et les champs et elle inonda les quartiers sensibles de ses cités. Tous ses adjacents, Caudeau, Céou, et Nauze en ont fait de même. Au début des années 50, beaucoup croyaient que les pharaoniques travaux de génie civil, en régulant les eaux limousines et auvergnates, allaient éradiquer les furies du grand V Dordogne-Vézère. Bien entendu, ces ouvrages ont limité bien des ires mais, ce mois de février, alors que leur capacité de rétention avait atteint ses limites, il fallut bien admettre que les barrages, aussi modérateurs qu'ils aient pu l'être, avaient atteint leurs limites. Les eaux maîtresses de leurs corridors ont filé vers le Bec d'Ambès en rappelant qu'elles sont une des forces essentielles de la Nature.
Bruno était là, dans ces décors où elles s'imposaient, pour témoigner que leurs caprices sont en grande partie immaîtrisables.
P.F
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Faisant suite au reportage consacré aux petits ruisseaux en furie, publié dernièrement dans ce blog, voici celui que j’ai réalisé dans la foulée pendant quatre jours, soit du 1er au 4 février 2021, pour témoigner sur les fortes crues de la Dordogne, de la Vézère et de la Nauze qui ont impacté fortement notre bassin de vie.
Pour info, j’avais déjà effectué un reportage, pendant l’hiver 2018, sur les inondations d’une moindre ampleur dans le secteur.
Il faut remonter à 1994 pour trouver une équivalence en terme d'intensité des crues dans la région, notamment à la Roque-Gageac.
Bruno Marty
DORDOGNE / VÉZÈRE - Confluence à LIMEUIL
L’esplanade située en bas du village est complètement submergée.
DORDOGNE / VÉZÈRE - Confluence à LIMEUIL
en haut : la route et la promenade piétons sont également submergées.
en bas : l’eau s’arrête juste à l’entrée de la petite ruelle qui monte au village.
La VÉZÈRE - LE BUGUE
en haut : la route bordière située sur la rive droite est noyée. Le niveau de l’eau arrive à une hauteur conséquente sur les habitations et sur le grand bâtiment de la porte de la Vézère.
en bas : la zone de l’Aquarium avec le lavoir couvert au premier plan, est entièrement recouverte par les eaux.
La VÉZÈRE - LES EYZIES
La rivière a largement débordé. Á l’entrée du village, en venant de Périgueux, les bisons ont les pieds dans l’eau.
La VÉZÈRE - LES EYZIES
La rivière déboule avec force dans le centre du bourg au niveau du pont SNCF.
La DORDOGNE - LE BUISSON de CADOUIN
La "Guinguette du pont de Vic" est encerclée par les flots.
La DORDOGNE - LE BUISSON de CADOUIN
en haut : le camping du pont de Vic est aussi impacté sur une grande surface par la montée des eaux.
en bas : le parking du camping et de la guinguette est inaccessible.
La DORDOGNE - LE BUISSON de CADOUIN
en haut : la route menant en direction du Bugue est coupée par les eaux.
en bas : un pick-up 4x4 surélevé a néanmoins réussi à passer, mais ce fut le dernier véhicule avant la fermeture de la route.
La DORDOGNE - CABANS (petit village mitoyen avec le Buisson)
La petite route bitumée qui longe l’île de Cabans est coupée.
La DORDOGNE - SIORAC en PÉRIGORD
Le camping du Port et le parking sont envahis par les eaux.
La DORDOGNE - SIORAC en PÉRIGORD
en haut et en bas : le quartier de Siorac-Port.
Les maisons de la rue du Port ont les pieds dans l’eau.
La DORDOGNE - BERBIGUIÈRES / ST-CYPRIEN - Pont du GARRIT
La berge côté Berbiguières est submergée.
La DORDOGNE - CASTELNAUD la CHAPPELLE
La route qui mène au Château des Milandes est coupée.
La DORDOGNE - BEYNAC
Les environs de la rive droite à l’entrée de Beynac en venant de Sarlat sont sous les eaux.
La DORDOGNE - La ROQUE-GAGEAC Mardi 2 février : 17h00
C’est le pic de la crue qui se maintiendra pendant toute la nuit.
Ici, le parapet de 70 cm de hauteur émerge encore pour quelques centimètres. Je l’ai remonté pendant 150 m jusqu’au premier balcon en acier qui marque un premier arrêt. Du côté gauche, la route traversant tout le village est sous les eaux entraînées par un courant modéré.
Du côté droit par contre, le courant est phénoménal ; j’évalue sa vitesse dans une fourchette située entre 15 et 20 km/h (soit entre 8,1 et 10,8 nœuds). La Dordogne déboule avec force dans un bouillonnement et des remous impressionnants. Concentration, évaluation des risques requise et montée d’adrénaline garantie pour la réalisation de ces prises de vues. Heureusement, il n’y avait personne et c’est tant mieux.
Cet épisode à risque de la Roque-Gageac m’a fortement rappelé, dans un degré moindre, ceux déjà vécus antérieurement lors de mes sorties pour mes reportages effectués sur les atolls des Tuamotu en période d’aléas climatiques tels que cyclone, forte houle, marée de tempête et inondations.
La DORDOGNE - LA ROQUE-GAGEAC
Photos comparatives avant/après du même site pour bien se rendre compte de la situation.
La DORDOGNE - LA ROQUE-GAGEAC
Une vingtaine de maisons, boutiques et restaurants ont subi la forte crue de la Dordogne.
La DORDOGNE - La ROQUE-GAGEAC
Autres prises de vues effectuées sur le même site.
Le village de la Roque-Gageac n’avait pas subi une aussi forte crue depuis 1994.
La DORDOGNE - La ROQUE-GAGEAC Jeudi 4 février : 15h00
La décrue s’est amorcée et le niveau de la rivière a sensiblement baissé.
LA NAUZE - SIORAC en PÉRIGORD
en haut : après le lieu-dit de la Tute basse, la Nauze est sortie de son lit …
en bas : … et a envahi les champs avoisinants. La petite route transversale menant à Petit Campagne a été submergée en formant un petit barrage non loin du pont du Tacot.
LA NAUZE - SIORAC en PÉRIGORD
en haut et en bas : La Nauze a pris largement ses aises au niveau du parcours du golf de la Forge situé juste avant Siorac en Périgord. Le parcours et les greens ont été complètement recouverts par l’onde transformant de visu le site en un véritable lac.
Prises de vues insolites réalisées pendant le reportage.
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