Au gui l'an neuf
Ce premier jour de l'année, il est dans la tradition d'échanger ses vœux. Personnellement, comme mon père le faisait au siècle dernier, je préfère me terrer pour échapper à cette banalité car ces deux mots "bonne année" me semblent vides de sens. Depuis les années 50, cet échange, bien rebattu, court tout le mois alors il paraît difficile d'y échapper. Bien sûr, je souhaite à toutes et à tous de vivre une année qui soit la plus agréable possible mais "klaxonner" à chaque croisement de personnes, connues ou moins connues, grandement appréciées pour le plaisir que l'on a de les rencontrer ou d'autres qui nous laissent indifférents, me semble un rituel presque imposé qui s'approche d'une convention éculée.
Bien sûr, je souhaite ardemment que les gens qui sont en difficulté, voire en détresse, connaissent des jours meilleurs. Je souhaite au milliard de femmes qui subissent la dictature esclavagiste, obscurantiste et phallocratique de connaître la liberté, aux malades de se libérer de la chape qui les oppresse mais je ne formule pas ces souhaits, ponctuellement, pour le changement d'année civile, c'est un vœu permanent. Oui, que l'année soit plus douce pour les Ukrainiens qui résistent à l'oppression du tsar, pour les malheureux Russes envoyés, sans qu'ils le souhaitent vraiment, commettre d'odieux sacrilèges ; oui, je souhaite aussi aux enfants qui, dans bien des pays, assistent, impuissants, au vol de leur enfance, de connaître un meilleur sort ; mais, nous savons tous qu'hélas, là, nous sommes dans un immense champ, celui des vœux pieux.
Pour essayer de donner à ce passage calendaire, une réminiscence qui nous rapproche de nos ancêtres celtes, disons "Au gui l'an neuf". Celles et ceux qui ont vu leur chevelure devenir "poivre et sel" se rappellent, sans doute, de cette superbe image de nos manuels scolaires de lecture d'enfance.
Pierre Fabre
Image Europe 1
Lors du solstice d'hiver, les druides coupaient le gui sacré en prononçant les mots "o ghel an heu", qui signifient littéralement "que le blé germe" dans la langue celte. Au Moyen-Age, l'expression s'est transformée en au gui l'an neuf au travers des enfants qui réclamaient l'aumône.
https://www.linternaute.fr/expression/langue-francaise/15148/au-gui-l-an-neuf/
Au gui l’an neuf \o ɡi l‿ɑ̃ nœf\
Exclamation marquant la joie du passage à la nouvelle année.
On parcourait la forêt, les hommes déguisés en femmes, ou revêtus de peaux de bêtes, les femmes déguisées en hommes, et tous criant : " Au gui l’an neuf ! au gui l’an neuf ! ", fêtes qui survécurent longtemps, très longtemps, au druidisme, plusieurs synodes attestant qu'au quinzième et seizième siècle, on célébrait toujours, dans maintes de nos campagnes françaises, « les aguilaneuf », c'est à dire le renouveau de l'année, l'année nouvelle.— (Albert Meyrac, La forêt des Ardennes : légendes, coutumes, souvenirs, Charleville : imprimerie du Petit Ardennais, 1896, p. 92)
Étymologie de " au gui l'an neuf "
En dépit des apparences, le gui ne serait pas, linguistiquement parlant, à l’origine de cette expression : l'expression celtique « o ghel an heu » (que le blé lève) était la formule prononcée par les druides au solstice d’hiver lorsqu’ils coupaient le gui sacré — pour célébrer la renaissance de la nature. La tradition de s’embrasser sous le gui, porte-bonheur symbole de prospérité et de longue vie, a perduré ainsi que l’expression altérée en "au gui l’an neuf". Attestée depuis le Moyen-Âge, les enfants la prononçaient par exemple le Jour de l’An pour quémander quelque aumône.
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