Terre de l'homme

Terre de l'homme

Changements et adaptations par Jacques Lannaud

moretti

 

 

Vu de l’étranger, notre pays donne l’image d’être mal gouverné ou ingouvernable. Il est vrai que c’est une impression peut-être pas entièrement fausse, un sentiment entretenu par les nombreuses manifestations dont certaines laissent apparaître une violence telle que les jugements sont remis en question. Du désordre, des batailles de rue difficilement compréhensibles, des boutiques pillées et détruites, des incendies ; est-on dans un pays pacifique, se demande-t-on autour de nous et dans le monde entier où les images sont diffusées en direct.

Contrastant avec cela, les manifestations des agriculteurs m’ont semblé exemplaires : eux-mêmes l’ont dit, nous ne sommes pas là pour casser, pour se payer la tête des gendarmes et policiers qui, pourtant, avaient sorti toute leur armada. Non, ils ont sorti leurs tracteurs, leurs machines agricoles pour bloquer le réseau routier, principalement les autoroutes et faire comprendre à tous leur détresse, celle d’une profession sinistrée, de plus en plus concurrencée par des normes absurdes, en tout cas, qui viennent, singulièrement, compliquer leurs tâches, élaborées par une technocratie tatillonne européenne, doublée par notre propre  administration complexe qui ne manque pas à l’occasion, comme en d’autres occasions, de faire du zèle. Les Français ne sont pas fâchés de voir que l’on peut très bien faire valoir ses revendications, paralyser le pays sans que cela entraîne, inéluctablement, violence et comportements presque de barbarie. Et, pourtant, cette profession n’a guère de moments de relâchement ou de loisirs, des revenus dont ne se contenterait pas une large partie de la population, au regard des heures journalières faramineuses consacrées à leurs cultures, leurs champs, leurs animaux et la problématique compliquée de quitter leur ferme pour prendre quelques jours de repos bien mérités.

D’où vient, donc, au pays de l’égalité revendiquée dans de nombreuses branches professionnelles, « cette tolérance », non ! cet égoïsme de certains syndicats qui pourraient conforter cette branche essentielle dans l’économie en soutenant sur place, leurs justes revendications, un devoir de solidarité en somme.

Le modèle de la Révolution française, certes, a marqué les esprits mais on se trompe d’époque : nous ne sommes plus gouvernés par des tyrans ou des régimes absolutistes, privés de libertés où l’égalité n’existait pas, où les crises économiques ravageaient la population, entraînant la famine et des épidémies catastrophiques.

Qu’on se le dise, nos nations occidentales ont un train de vie, du jamais vu auparavant. De très nombreux compatriotes prennent l’avion pour aller bronzer sur des plages de rêve et, subitement, nous voilà replongés dans des jacqueries, des manifestations ouvrières d’un autre âge. Faut-il, chaque fois, ameuter tout un pays pour des insatisfactions sectorielles ?

Nous sommes confrontés à des guerres qui se déroulent à nos portes, que la jeunesse actuelle ne pouvait s’imaginer. Que se prépare-t-il aux Etats-Unis pour les prochaines élections présidentielles : Trump ou Biden ? L’alliance Europe-Amérique remise en question ? Les Américains hésitant entre leur domination mondiale et le fameux slogan isolationniste de Trump : America first. L’Alliance Atlantique est-elle en train de se diviser et, du même coup, les Etats-Unis s’interrogent sur leur engagement vis-à-vis de l’Europe qui tremble de se retrouver seule face à l’ogre russe.

L’arme nucléaire qui, un temps, était assimilée à un bouclier protecteur et dissuasif nous garantissant un avenir pacifique, est-il en train de se fissurer face aux enjeux énormes d’un conflit nucléaire dont le dictateur russe nous menace de temps en temps, enjoignant l’Europe à ne plus fournir armes et aide à l’Ukraine.

Nous n’avons plus la superbe des armes, notre image n’est plus ce qu’elle était. Un pays qui, de ses gloires anciennes, peut être fier en ayant porté très haut la Culture et les Arts, la langue de Molière, grâce à ses poètes, philosophes, romanciers, une culture qui rayonnera sur toute l’Europe et au-delà. La Révolution française a fait voler en éclats, des régimes dominateurs et absolutistes et s’est imposée au monde par la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen.

Mais, face aux conflits meurtriers et destructeurs qui se déroulent sous nos yeux, faudrait-il s’engager plus avant car, finalement, le destin de l’Europe dépend de notre détermination à nous, Européens, qui risquons d’y perdre beaucoup. C’est un vaste problème que nous ne pouvons pas résoudre à nous seuls.

La culture française, loin de s’effacer, est toujours vivace, parlée par près d’un milliard de personnes ; la quantité de touristes qui visitent notre pays, chaque année, attirés par notre patrimoine culturel, nos musées, nos châteaux, nos cathédrales, nos peintres, nos sculpteurs, nos musiciens, nos paysages, est une preuve que la France, mère des Arts, n'est pas morte !

L’Ecole doit retrouver son rôle primordial d’éducation, la plus performante possible, et de transmission des savoirs pour former de futurs citoyens et combattre l’ignorance qui égare les peuples.

L’anglais infiltre la langue française : amélioration ou pollution ? Préserver notre langue ne peut être que le résultat des apprentissages scolaires. Les « poilus » de la Grande Guerre écrivaient de sublimes lettres à leur famille, à leurs promises, sans fautes d’orthographe ni de grammaire tandis qu’ils vivaient l’enfer.

Les temps de la polémique, de la violence, de la contestation continue, caractérisent l’époque mettant en danger la démocratie, il faut donc ne pas donner l’impression que les tendances violentes sont là pour tout détruire y compris la démocratie.

Il est évident, aussi, que les incertitudes économiques du moment n’arrangent pas les choses : cherté de la vie, inflation qui grignote le pouvoir d’achat, énergie qui pompe le porte-monnaie, intérêts de prêts qui rebutent les jeunes en quête de logement, une production qui a chuté en matière manufacturière suite aux délocalisations d’entreprises, concurrence étrangère qui nous envahit de produits bon marché et innovants, un budget d’Etat miné par les charges générales de fonctionnement et qui peine à maintenir les investissements d’avenir (écologie, énergies propres, infrastructures scolaires, hospitalières, logement ...)

Adoption de nouvelles formes d’énergie comme l’électrique afin de ne pas dépendre constamment de ces princes des sables et du pétrole qui n’oublient pas d’augmenter le prix du baril en exerçant leur dictat. L’exemple d’un parc automobile basé sur l’électrique même si, effectivement et parallèlement, on doit résoudre la pollution prévisible de batteries au lithium par leur retraitement industriel, présente quelques avantages : moindre dépendance au pétrole qui génère particules et gaz toxiques néfastes et cancérigènes.

L’avenir est toujours en question et demande un effort de compréhension et d’adaptation, du fait des progrès numériques et informatiques, des évolutions en matière de mœurs, d’égalité hommes-femmes, de partage d’autorité au sein du couple, le mariage remplacé par des options moins contraignantes... un peuple qui hésite, qui s’interroge devant le futur mais qui doit prendre la mesure de son temps en toute maturité.

 

 

Jacques Lannaud

 

 



17/02/2024
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