Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 9. Saga de Françoise Maraval

 

DE BELLES GENS

 

Épisode 8

Un tsunami se prépare.

 

 

 

Nous sommes en janvier 1912, André Maraval a fini son apprentissage de serrurier chez Fernand Marty. Jean Maraval, son père, connaissait cette échéance : Fernand ne peut pas garder le fils comme ouvrier. Il a déjà un commis et il n’y a pas assez de travail pour un deuxième. Par contre, il connaît un compagnon qui a besoin d’un ouvrier, mais ce n’est pas la porte à côté !

 

André aura 17 ans au mois d’avril, il a donné entière satisfaction à Fernand, il sera un bon ouvrier à n’en pas douter. Jeantou ne voit pas ce départ d’un bon œil : ce fils, taciturne, l’inquiète depuis toujours. Il n’a ni l’aisance et le charme d’Arthur, ni la jovialité de Fonfon. On dirait que tout le laisse indifférent et qu’il ne veut pas « entrer » franchement dans la vie. Son entourage ne décèle aucune émotion en lui et pourtant, en cet instant précis, il a pris la résolution de partir.

 

Arthur pense que cet éloignement de la famille va lui forger le caractère, seulement Saint-Savin n’est pas tout proche, et bien que desservi par le chemin de fer, ce village d’environ 1700 âmes, n’est pas facilement accessible. C’est une commune forestière de Gironde, commune d’élevage et de vignobles, adossée à la Saintonge. Arthur a certainement raison, il faut qu’André prenne sa vie en mains. Tout se sait dans le village et Louis Janot, marchand de bestiaux, ancien patron d’Arthur et son voisin sur la route du Bugue, propose à la famille Maraval de la conduire, en voiture, jusqu’à Saint-Savin puisqu’ils veulent préparer l’installation d’André dans ce village. Le marchand de bestiaux en profitera pour aller à la rencontre des races bovines de la région. La voiture est pleine ; Jeantou senior et son fils Arthur ont pris leur journée et, bien sûr, André fait partie du voyage. 

 

L’atelier de serrurerie est au centre du village sur la place principale.

 

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A l’arrivée, l’accueil est des plus chaleureux. André visite l’atelier et son nouveau patron lui offre la possibilité de le loger chez lui et d’y avoir la pension complète. Jeantou est soulagé, cet homme a tout d’un honnête homme. Le salaire proposé ne pose pas de problème, compte tenu des avantages annoncés et acceptés. En outre, André aura trois jours de liberté par mois et pourra ainsi revenir au pays s'il le souhaite. Le nouvel ouvrier commencera début février, tout sera prêt pour l’accueillir.

 

Les jeunes s’en vont ! Henri à Paris et, maintenant, André à Saint-Savin. Heureusement, Arthur, Alice, Fonfon et le petit Jean sont bien présents.

Les réunions de famille du dimanche, rue de la mairie, sont de plus en plus animées. On confronte les points de vue qui se sont forgés à partir de la lecture de journaux. Jean senior reçoit « l’Humanité », Arthur le « Petit Journal » et Emma croit détendre l’atmosphère avec quelques numéros de « l’Illustration », magazine qui fait hausser les épaules du patriarche.

 

 

 

 

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La patrie

 

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Les sonneries du clairon sont rétablies à la caserne.                               

 

Chaque jour il faut admettre que la tension monte d’un cran dans toute l’Europe. L’antagonisme  franco-allemand refait surface. Il puise sa force dans l’esprit de revanche et le désir de retour à la mère patrie de l’Alsace et de la Lorraine perdues en 1870.

 

 

Depuis longtemps la question coloniale est, elle aussi, source de tension. La conférence de Berlin de 1885  avait permis le partage de l’Afrique entre les grandes puissances européennes. Tensions d’abord entre la France et la Grande-Bretagne, en Égypte et surtout au Soudan avec la crise de Fachoda en 1898, puis tensions entre la France et l’Italie au sujet de la Tunisie. L’Italie se décide  alors à adhérer à la Triplice qui rassemble l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. L’Allemagne unifiée a rattrapé son retard économique en se dotant d’industries performantes . Elle espère trouver en Afrique, des matières premières bon marché et veut fonder des comptoirs pour écouler ses produits manufacturés. Elle ne peut obtenir de zones d’influences suffisantes dans les colonies, en dehors du Cameroun, de la Namibie, de la Tanzanie et du Togo.

 

Guillaume II, empereur d’Allemagne, souhaite prendre pied au Maroc. Les deux crises, l’une en 1905 avec le coup de Tanger, l’autre en 1911 avec le coup d’Agadir, conduisent à une multiplication d’incidents diplomatiques entre la France et son pays. 

 

 

 

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La rivalité économique entre ces deux puissances s’accroît en 1912. Les produits allemands inondent les marchés français et britanniques. Le climat général s’alourdit. La Russie, à son tour, inquiète les Allemands car sa puissance démographique et économique les amène à penser qu’ils ne pourront plus lui résister longtemps, de telle sorte qu’il vaut mieux provoquer un conflit avant qu’il ne soit trop tard. L’armée allemande, la plus puissante du monde, semble être un instrument si parfait, qu’il est tentant de s’en servir.

 

Les Maravaux * pensent que RIEN ne peut justifier un conflit.

 

Pendant qu’il était au service militaire, Marcel a consacré ses permissions à sa mère à Bordeaux. Aline est en mauvaise santé, elle a beaucoup maigri et l’hôpital a diagnostiqué une maladie du sang : elle a trop de globules blancs...Léonie, une des sœurs cadettes d’Aline, propose de l’accueillir chez elle, à Saint-Cyprien. Bien sûr, Aline ne veut pas déranger mais un arrangement est trouvé. Elle liquide son fond de commerce de lisseuse à Bordeaux et une partie de ses meubles. La voilà à l’entrepôt des tabacs, dans la loge de son beau-frère, Henri Delrieux, concierge du bâtiment.

Emma lui rend visite tous les deux jours, dans l’après-midi. Quand le temps le permet, elle entraîne sa mère pour une promenade, route du « tourondel ». Après le cimetière qui jouxte les magasins de l’entrepôt des tabacs, la route est bien ensoleillée. Elle coupe le coteau pour prendre la direction de Meyrals : à droite, c’est le tertre qui monte aux grottes de Fage ; à gauche, c’est la vallée de la Dordogne dans toute sa splendeur. De petites maisons sont installées à flanc de coteau et offrent aux promeneurs, la possibilité de se reposer un moment car, à côté de la porte d’entrée, des bancs bien  exposés et confortables sont une véritable invitation à la relaxation. C’est aussi l’occasion de discuter avec les propriétaires des lieux et elles deviennent vite des habituées.                                                                                                                                                      

 

 

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Un événement important va bouleverser la tranquillité du village de Saint- Cyprien : le passage du nouveau Président de la République, Raymond Poincaré.

 

 

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Pépé Jeantou a installé le petit Jean sur ses épaules et, en compagnie de Fonfon, ils prennent place devant le magasin des cycles Dasignère. Emma, Maria et Alice sont au premier rang sur le devant de la halle ; quant à Arthur, il a trouvé une place tout près des autorités de la commune. Le cordon de police est important. Après avoir roulé très lentement rue Gambetta - la traverse de Saint-Cyprien- la voiture du Président s’est arrêtée devant la halle où l’attendait le comité d’accueil des élus du village.

 

 

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Le Maire, M. Clément Chartroule, s’est détaché de deux pas du reste du groupe. Quel honneur pour le village ! Un élan patriotique a gonflé la poitrine des hommes et ému les femmes . On a longtemps parlé de cet événement dans les chaumières...

 

Marcel a donc terminé son service militaire et, en cette fin d’année 1913, c’est le tour d’Henri. Il a reçu sa convocation au domicile bordelais d’Aline, sa mère. Il est incorporé au 123ème régiment d’infanterie, le 1er octobre 1913, à La Rochelle. Il pourra venir à Saint-Cyprien quand il aura des permissions ; toute le famille s’en réjouit.

 

 

 

Chaque jour, la tension monte d’un cran en Europe, mais un événement majeur va mettre le feu aux poudres. Le 28 juin 1914, à Sarajevo en Bosnie, l’archiduc François-Ferdinand et son épouse sont assassinés. François-Ferdinand, le neveu du vieil empereur François-Joseph, empereur d’Autriche -Hongrie était l’héritier du trône. Tout s’écroule à cause d’un Serbe nationaliste de Bosnie, Gavrilo Princip, étudiant. Le futur souverain affichait une attitude favorable à l’égard des Slaves de Croatie, de Slovénie et de Bosnie, contrariant les ambitions de la Serbie dans ces régions.

 

Guillaume II, empereur d’Allemagne, offre son soutien à l’empire austro-hongrois.

 

Sans titre 8

 

                                                                Le Petit Journal du 12 juillet 1914

 

 

Emma et Arthur comprennent que, désormais, l’inévitable va surgir de ce drame. Le 21 juillet, Raymond Poincaré, Président de la République française, rencontre un des partenaires de la Triple Entente, à Saint-Pétersbourg, le tsar Nicolas II. Il lui  confirme son intention d’exécuter « toutes les

obligations imposées par l’alliance » et donc d’intervenir par les armes, si l’Allemagne prend part à un conflit austro-russe.

                                        

                                                                                                                                          

                                                 

 

Tout va se précipiter.

 

Le 23 juillet, l’Autriche envoie un ultimatum à la Serbie qui n’accepte pas la totalité des exigences autrichiennes : les deux antagonistes décident la mobilisation générale.

 

De leur côté, la France et la Russie prennent des mesures de pré-mobilisation générale.

 

Le 27 juillet, les tentatives diplomatiques de conciliation se multiplient sans succès.

 

Le 28 juillet, le gouvernement autrichien déclare la guerre à la Serbie.

 

Le 30 juillet, les efforts de conciliation reprennent. Le tsar Nicolas II propose à l’Allemagne de soumettre le conflit austro-serbe à la cour d’arbitrage de La Haye. Résultat : chacun reste sur ses positions.

 

 

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Dans la nuit du 30 au 31, la Russie décrète la mobilisation générale. L’Allemagne envoie un ultimatum à la Russie exigeant la cessation des mesures militaires et un autre à la France l’enjoignant à rester neutre. L’empereur d’Autriche-Hongrie décrète la mobilisation générale, suivi par la Belgique qui refuse le passage des troupes allemandes sur son territoire.

 

Le 31 juillet, en France, Jean Jaurès est assassiné à Paris. Il était la personnalité prédominante du socialisme français et prônait le pacifisme. Le patriarche, Jean Maraval, en a été bouleversé longtemps…

 

Là, on voit Jean Jaurès en 1913, à une manifestation au Pré-Saint-Gervais : il tient un discours virulent contre la loi des 3 ans. En effet, le Parlement a voté et modifié la durée du service militaire qui passe de 2 ans à 3 ans.

 

 

 

                                                    

Le 1er août 1914, c’est l’anniversaire de Jean Maraval junior : il a déjà 6 ans. Il a été terriblement gâté et une belle fête de famille a été organisée. Que se passera-t-il l’année prochaine ? Nul ne sait !

Il faut préserver ces moments de bonheur. A la rentrée scolaire, Jeantou ira à la grande école dans la classe de M. Parat, il sera séparé de Nini puisque, à partir du cours élémentaire, les filles et les garçons ne sont plus ensemble. Mais ils pourront faire le trajet ensemble et le trajet est long…

 

Le 1er août, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie.

 

Le 2 août, la France décrète la mobilisation générale.

 

Cette fois, nous y sommes ! Emma est perdue, elle avait mis tout son espoir dans l’aboutissement des relations diplomatiques et, notamment, celles conduites par la Grande-Bretagne, toujours active en ce 2 août 1914. Ils vont partir, ses hommes vont partir. Elle les trouve très optimistes : la guerre ne durera que quelques semaines, voire plusieurs mois ! Ses 2 frères sont concernés par la mobilisation générale. Marcel a maintenant 25 ans, il est de la classe 09. Il va laisser la forge à ses collaborateurs les plus anciens. Henri est sous les drapeaux à la Rochelle, il partira de sa caserne. Pourront-ils donner des nouvelles ? Aline et Emma sont très inquiètes.

 

 

                                                                                                                                                        

Chez Maraval, le patriarche a 49 ans, il n’est donc pas concerné, Fonfon est trop jeune, André, lui, a 19 ans, il reste sur la touche pour le moment. Un point d’interrogation est installé sur la tête d’Arthur, je devrais dire une épée de Damoclès. Il est de la classe 04 et réformé pour son problème d'asthme. Avant le décret de mobilisation, il s’est renseigné à la gendarmerie, il devra passer devant une commission de réforme qui reverra sa situation.

 

C’est l’effervescence dans le village. Marcel prépare son balluchon. La sœur ne peut pas contenir ses larmes, elle s’était interdit de pleurer mais elle craque. Ils étaient si bien, si unis, si soudés. Que va-t-il advenir de tout ce bonheur ? Arthur a emprunté la Torpédo de l’hôtel de la Poste, il a décidé de conduire Marcel jusqu’à son centre de recrutement à Bordeaux et, en passant à Bergerac, il y déposera Jean Cabanes, son commis, lui aussi concerné par la mobilisation. Les trains sont réquisitionnés par l’armée et le voyage pour rejoindre les casernes doit y être épuisant.

Alice regarde s’éloigner celui qu’elle aime toujours, elle n’a pas pleuré mais son visage défait trahit son désarroi. Les dimanches n’auront plus la même lumière ; se faire belle pour Marcel, préparer ses pâtisseries préférées, se montrer digne toujours et toujours. La voiture a pris le tournant, on ne la voit plus.

Jeantou junior ne comprend pas tout, mais tonton Marcel est son Héros, pour sûr qu’il va revenir, pour sûr qu’il va écraser les Allemands. Fonfon le prend par la main et l’entraîne pour une partie de billes. Emma va se reposer quelques heures, elle reviendra rue de la mairie pour le déjeuner du lendemain quand Arthur sera de retour.

On a du mal à trouver un sujet de conversation ; les journaux, une fois de plus, vont les fédérer. Nous sommes le 3 août : en grands titres, on peut lire « l’Allemagne déclare la guerre à la France. »

 

A la fin du repas de ce 3 août 1914, Jean Maraval senior décrète qu’il n’y a pas de temps à perdre : pas de sieste. Il va au jardin inventorier les coins et les recoins qui ne sont pas encore cultivés. Il faut davantage de pommes de terre, de carottes, de poireaux, de tout. A la foire prochaine, Maria achètera d’autres poules et des lapins. Il y a de la place dans l’impasse qui jouxte leur domicile, Jean va y construire un nouveau poulailler et des lapinières. Si Arthur est recruté, il faudra assurer pour Emma et le petit Jean. Fonfon vient d’avoir son certificat d’études ; au mois d’octobre, il sera apprenti chez le vieux Dasignière, le marchand et réparateur de cycles : son benjamin aime la mécanique et, le soir, il viendra avec lui, au jardin, pour donner un coup de main.

De retour à la maison, il demande à Maria de faire un inventaire précis des différentes conserves. Tout est noté, on a de quoi tenir un siège, mais on ne sait jamais…

 

Arthur est reparti à la gendarmerie, il n’a pas reçu de note concernant les réformés. Que Maraval se tienne  prêt pour une prochaine convocation à Limoges.

 

Jeantou junior et Fonfon sont partis se promener vers « la planque de fissou » ; l’enfant aime cet endroit magique. Il faut rejoindre la route du Bugue, prendre le chemin à droite, on passe devant le cimetière qui descend le long du coteau. Le petit Maraval connaît ce lieu étrange plein de croix et de fleurs. En compagnie de sa maman, il apporte des fleurs sur la tombe de son grand-père Rémond . Sa maman est triste et, quelquefois, il voit des larmes envahir ses yeux. Il se demande si elles vont couler le long de ses joues. Alors l’empathie le gagne et avec sa petite main, il presse délicatement celle d’Emma : la magie s’opère, maman le regarde et son visage s’illumine d’un large sourire.

Après le chemin qui monte au cimetière, il faut marcher jusqu’à « la maison du diable » ; c’est un pigeonnier délabré, les pierres plates de ses murs ont glissé par endroits. Si la bâtisse n’était pas envahie de lierre, Jeantou pourrait y voir à l’intérieur. Peut-être que le diable est en train de dormir à l’intérieur, peut-être qu’il nous attend pour nous faire peur : il paraît qu’il crache du feu ! Il faut marcher sur la pointe des pieds, ne pas parler, retenir sa respiration.

                                                                                                                                                        

A dix mètres de là, tout est oublié. L’enchantement commence alors. Depuis un moment, Jeantou l’entend couler joyeusement de pierre en pierre. C’est un magnifique et paisible ruisseau ; des saules pleureurs et de jeunes noisetiers le bordent et se mirent dans ses eaux fugitives, habitées çà et là par d’élégants roseaux. Entre les arbres et l’eau, une colonie de demoiselles multicolores nous offre un balai incessant d’une grâce inouïe. De grosses libellules aux ailes transparentes et aux beaux yeux verts s’invitent au milieu de la danse pour rompre, avec légèreté, le spectacle. Plus haut, plus près des arbres, les papillons festoient de branche en branche et viennent prendre le frais sur les roseaux. Les enfants s’assoient sur le talus d’en face et regardent le spectacle : il est arrivé que Jeantou s’endorme, entraîné dans les bras de Morphée, par la vue de ce havre de PAIX. Aujourd’hui, ils ne se sont pas assis et ne sont pas allés plus loin voir, dans son pré, le puissant taureau de Jojo Castagner.

 

Aujourd’hui, nous sommes le 3 août 1914, il faut rentrer à la maison.

 

 Emma entend des petits bruits dans la chambre voisine de la sienne. En réalité, nous sommes le 25 juin 1944, vous vous en souvenez ? Emma a passé une nuit blanche et a vu défiler une partie du film de sa vie. Il lui tarde d’aller voir comment vont le bébé et Clémence ; elles ont passé une bonne nuit !!! La nouvelle grand-mère descend faire le café, ce jus de chaussettes infâme qui, on l’espère, sera vite remplacé par un café digne de ce nom.

 

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Arbre

 

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À partir de demain, pendant quatre jours, nous sortirons un peu des grands axes routiers du Périgord pour découvrir notre département. Le premier volet sera l'emprunt de l'assise d'une voie romaine entre La Lizonne et la Dronne.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                            

                                                                                                                                              



19/11/2021
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