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Joséphine Baker : si proche, si loin

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joséphine  en tête

 

 

Partir dans la vie avec autant de handicaps et parvenir au sommet de la renommée, c'est ce qu'a fait Joséphine Baker.

A cet égard, l'émission de France 3, le 8 mars dernier, nous éclaire sur ce parcours surprenant.

 

Personnellement, je m'en tenais à la vision d'une chanteuse de talent, fortunée, généreuse, sympathique et dans les meilleurs termes avec son voisinage et les notables du Sarladais. C'est cette vision, superficielle et réductrice que j'avais d'elle, d'une personne entrevue par hasard lors d'un meeting aérien à Domme où à un match de rugby à Saint-Cyprien.

 

jo danseuse

 

 

L'émission a dressé le portrait d'une femme qui, par-delà sa carrière internationale, avait fait preuve de qualités morales qui l'ont amenée à ses risques et périls, à lutter contre la ségrégation raciale et l'oppression de l'ennemi.

 

Qui, la voyant mener une vie domestique et sereine, au milieu de ses enfants adoptés, dans le jardin des Milandes, aurait décelé une militante des droits de l'homme et un agent de la Résistance ?

Au faîte de sa gloire, elle a tenté sans succès, à plusieurs reprises, de se rendre dans son pays natal pour se faire reconnaître. La France, elle, l'a adoptée d'emblée.

1925, les Français cherchent à oublier la grande guerre, c'est la course frénétique à la consommation et à la modernité. Les revues des salles parisiennes rivalisent "d'exotisme" : Joséphine Baker répond à cette attente. "La revue nègre" en fait une star. En 1931, avec l'inoubliable chanson "J'ai deux amours", la France est conquise.

Elle aurait pu avec son talent et moins de scrupules, rester en France et répondre aux sollicitations de l'habile ambassadeur d'Allemagne en France, Otto Abetz, qui s'est efforcé de séduire l'intelligentsia française et en particulier le monde du spectacle. Certains par carriérisme, cédèrent à la tentation. Elle a pris le chemin inverse, elle a préféré jouer le rôle d'agent au service de la Résistance avant de s'engager dans les Forces Françaises Libres d'Afrique du Nord.

 

 

march on w

 

 

La petite fille noire, née dans une famille pauvre de l'Etat du Missouri autrefois esclavagiste, mariée à l'âge de 13 ans et faisant vivre toute sa famille,  a réussi à quitter sa condition, sans renoncer à ses convictions et en s'efforçant de donner aux autres ce qui lui avait été refusé. En 1963, lors de la marche sur Washington, pour l'emploi et la liberté, organisée par Martin Luther King, elle est la seule femme à prononcer un discours à ses côtés, revêtue de son uniforme et de ses médailles de résistante. L'année suivante, elle retourne aux USA pour soutenir le mouvement des droits civiques.

 

 

joséphine 2 enfants
Joséphine et ses enfants

 

 

Elle avait tout pour mener une fin de carrière paisible, entourée de ses enfants, tenue en grande estime par la population mais c'était sans compter sur sa très  grande générosité, sa méconnaissance des affaires et l'indélicatesse de certains de ses fournisseurs. Non seulement, elle y perdit sa fortune mais elle laissa sa santé à prolonger sa carrière au-delà du raisonnable pour payer ses créanciers. D'une certaine façon, elle est morte sur scène.

 

chateau des milandes

 

 

La propriétaire du château des Milandes s'emploie depuis 20 ans, à faire vivre son souvenir. La presse nous apprend que la municipalité de Sarlat songerait à faire un musée.

Mon musée à moi, c'est ma mémoire.

Je garde en souvenir les rares fois où j'ai pu l'entrevoir et la seule fois où je lui ai parlé.

Je voudrais vous faire part d'une anecdote qui, à tort, peut prêter à sourire. Fin des années 50, à mon retour d'Algérie, je suis allé avec quelques camarades et mon cousin, le futur docteur Jacques Lannaud, à la guinguette des Milandes. Un orchestre animait le bal. Un serveur nous apporta une bouteille de champagne puis Joséphine Baker s'approcha de notre table, souriante dans son rôle de barmaid et demanda au garçon de nous apporter une deuxième bouteille. A court d'argent, c'est en vain que nous fîmes nos fonds de poche et la boîte à gants de la voiture. L'addition outrepassait nos moyens. De guerre lasse, le serveur nous laissa repartir. Je repense à ce moment avec émotion parce que cette année-là (1957), séparée de Jo Bouillon, Joséphine commença à engloutir toute sa fortune dans le château des Milandes. Par bonheur, des amies, Brigitte Bardot et surtout Grace Kelly s'employèrent à atténuer sa détresse.

 

Pendant l'émission, quelqu'un a suggéré son entrée au Panthéon. On a connu proposition plus saugrenue.

 

 

Pierre Merlhiot

 



16/03/2021
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