Terre de l'homme

                                                                             la tranchée

Ce jour-là nous nous faisons un devoir de nous rendre au monument aux morts pour célébrer l'armistice et honorer ceux qui sont morts pour la patrie.

Au tout début, en 1914, l'hommage fut rendu au soldat inconnu, puis en 1919 à tous les morts de la Grande Guerre et enfin en 1920 à tous les soldats morts pour la France. Le 24 octobre 1922, ce jour devint fête nationale.

Au terme de ces étapes, c'est l'ensemble de ces héros que nous honorons auxquels furent justement associés en 2019 les soldats  morts au cours d'opérations extérieures (OPEX). Il était judicieux de ne pas établir de hiérarchie ni de laisser dans l'oubli ceux qui avaient péri en Indochine, en Algérie et dans les OPEX.

Les combattants de la Grande Guerre ne sont plus, nous n'aurons plus de témoignages de première main. Encore était-il difficile de les obtenir de la part de ceux qui avaient survécu, peu enclins, par pudeur, à dévoiler leur vie dans les tranchées ou au combat.

Désormais, les ouvrages d'historiens ou d'écrivains qui se trouvèrent au sein de la mêlée sont irremplaçables :

- Roland Dorgelès et Les croix de bois

- Henri Barbusse et Le feu

- Maurice Genevois etCeux de 14

- Georges Duhamel et Vies de Martyrs

Liste très  incomplète à laquelle il conviendrait d'ajouter Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire et tous les autres. Ils ont payé un lourd tribu à cette guerre.Charles Péguy et Alain Fournier auteur du Grand Meaulnes, deux écrivains parmi les 450 qui ne sont jamais revenus.

Leurs ouvrages sont déterminants pour sauver nos morts de l'oubli car l'oubli les guette.

Qui parle aujourd'hui de la guerre de 1870 ?

Celles d'Indochine et d'Algérie ont failli subir le même sort : la première trop liée à la guerre civile de la Commune, les deux autres avec l'ancienne politique coloniale de la France.

Quand les politiques ont mauvaise conscience, leur  tentation est grande de taire ce qui fut.

Veillons à ce que nos morts, avec le temps, ne soient pas réduits à des statistiques;

"Ah, Dieu ! que la guerre est jolie", c'est par dérision que ce ver d'Apollinaire servit de titre à une revue musicale (1963) et à un film (1969), deux oeuvres qui donnent une interprétation antimilitariste  à la Grande Guerre et souligne l'indifférence des élites devant les massacres des citoyens ordinaires.

Il est vrai que les propos de Maurice Barrès, bien au chaud à l'arrière, ont de quoi surprendre quand il fait l'apologie de "ceux qui ont magnifiquement versé notre sang".

                                                                           Jean Jaurès

Jean Jaurès, pour que la guerre nn'éclate pas, pressait les citoyens du monde à s'unir par delà les frontières.

Effort vain, le 28 juillet la guerre éclatait ; le 31 il était assassiné. il pressentait que la Grande Guerre était déjà en germe dans les guerres des Balkans (1912-1913).

Il y a dans cet enchaînement quelque chose d'inéluctable : la guerre de 39/40 est la suite logique de celle de 14/18. Le traité de Versailles par sa dureté et la grave crise économique partie des USA en 1929 ne pouvait que raviver l'esprit de revanche. Il ne faut jamais renoncer à tout faire pour éviter le conflits armés.

Le pacifisme de confort, individualiste de Georges Brassens dans la chanson de 14/18 est décevant au regard de celui de Jean Jaurès qui prend le monde à témoin et y laisse la vie.

 si tous les gars du monde ...

Cette Grande Guerre fut une boucherie. Les autres, sans en avoir son ampleur, ont connu leur lot de morts, de blessés, de traumatisés à vie.

J'ai gardé le souvenir d'un de mes hommes qui, colonne vertébrale brisée, ne cessait d'appeler sa mère : c'était le  11 fébrier 1957 dans le djebel de l'Amar ou Djefa.

"La guerre, ça n'en finit pas "

Pierre Merlhiot

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