Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 7 . Saga de Françoise Maraval

 

 

DE BELLES GENS

 

Épisode n°  7

 

                                      L'HÉRITIER                                                

                    

 

                   

Un peu avant Noël, Emma annonce à Arthur qu’il va être papa. La jeune épouse a d’abord pensé à une crise de foie ou à un refroidissement et, de toute évidence, elle est enceinte. Arthur accueille la nouvelle avec enthousiasme ainsi que les familles respectives. Jean Maraval veut un petit-fils pour perpétuer le nom des Maraval. Emma rétorque sèchement qu’elle ne maîtrise rien et qu’elle sera très heureuse si le bébé est une fille. Elle ne veut pas laisser à son beau-père, le droit de régenter sa vie. Le chef de clan a accusé le coup mais il bat en retraite, il ne souhaite pas se mettre sa belle-fille à dos car il entend bien jouer son rôle de grand-père.

 

Emma sort des malles, les tenues de grossesse de Mme Anderson et les met à sa taille. Sans se soucier du « qu’en dira-t-on », elle les porte tous les jours ; elles présentent le triple avantage de confort, d’élégance et de discrétion. La future maman se sent bien. La layette occupe toutes les dames de la famille, même les doigts noueux de Marie de « la gravette » sont actifs. Des draps, des taies d’oreillers sont brodés, des couvertures tricotées. Tout est fin prêt pour l’arrivée de l’enfant de l’amour. La petite chambre qui donne sur la rue de la couture, sera parfaite pour accueillir le bébé.

 

C’est dans cette ambiance chaleureuse que Raymond, Jean Maraval est né le 1er Août 1908, à huit heures du matin. Quatre kilos et demi ! Quel beau bébé ! Emma a été très courageuse, la délivrance n’a pas été facile. Heureusement, la sage-femme, Mme Gibiat, a du métier et Maria et Alice se sont dévouées sans limite. Les hommes restent en bas dans la cuisine, en compagnie de la cafetière et de quelques alcools forts pour leur aider à supporter l’épreuve… La tribu Maraval est là au grand complet ainsi qu’Henri et Marcel. Les grands-parents Borde attendent à « la gravette » le retour des petits-fils  qui apporteront la bonne nouvelle. Aline, à Bordeaux, viendra quand elle le pourra. Dès que le signal lui a été donné, Arthur est monté embrasser son épouse et son bel héritier, il était très ému et on le sentait faible sur ses jambes. Le sourire indulgent d’Emma lui a permis de se ressaisir.

 

L’enfant porte les deux prénoms de ses grands-pères : Raymond et Jean. Le premier, celui du grand-père défunt ne sera pas retenu dans la vie de tous les jours, il rappellerait trop souvent la douloureuse fin de vie de cet aïeul. L’héritier se prénommera, donc, Jean et, assez vite, Jeantou, le petit Jean. Quand il a vu son petit-fils pour la première fois, Jean senior n’a pas pu s’empêcher les commentaires d’usage :

 

- Il est le portrait craché de Fonfon, tu t’en rends compte Maria ! Les mêmes yeux, le même nez et le bas du visage : c’est vraiment lui.                                                                                                                             Maria acquiesce après avoir croisé le regard d’Emma, regard rempli d’indulgence et de tendresse. Tout le monde a compris, et puisque Fonfon ressemble à son père, forcement le bébé ressemble à son grand-père.

Marcel et Henri s’apprêtent à rejoindre « la gravette » quand Maria les interpelle :

            -Revenez à midi, Alice et moi allons préparer un repas de circonstance, il faut fêter l’arrivée de ce petit ; si François et Marie peuvent se déplacer, nous les accueillerons avec plaisir.

 

Jean approuve l’initiative de sa femme :

            -Eh oui ! Ce petit Maraval a droit à tous les honneurs de la famille.

Et cela dit en appuyant très fort sur le patronyme.

 

Dans un premier temps, les femmes restent chez Arthur, elles vont s’assurer du confort de la maman et de l’enfant et elles finissent de ranger la chambre et la cuisine avant de rejoindre leur domicile. Pendant que son épouse et le bébé se reposaient, Arthur est allé annoncer la bonne nouvelle à la Poste et à l’hôtel ; il en revient avec des bouteilles, cadeaux de ses patrons, elles seront bues au déjeuner. Jean Maraval est jovial, bavard et plein humour : l’arrivée d’un héritier  change son caractère. Maria et Alice rayonnent de bonheur.

 

Après quelques nuits difficiles, Jeantou junior dort comme un prince. Emma l’allaite pendant quelques mois et la vie à trois est vite devenue une évidence. Le repas du baptême a lieu dans l’intimité mais au restaurant "chez Alicot", rue Gambetta ; les Alicot sont clients de la forge et Henri y a placé un contrat d’assurance. C’est pour  cette raison principale que les deux frères veulent prendre en charge les frais de repas.  

 

 

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                                   Chez Alicot, restaurant du centre, rue Gambetta

 

 

L’ambiance est formidable dans la simplicité et la tendresse. François, le grand-père de « la gravette » aborde Arthur avant le départ :

 

            - Mon petit, j’ai besoin de te voir dès que tu peux te libérer de ton travail une heure ou deux, ou plutôt viens à la maison, dimanche prochain, déjeuner avec nous, avec Emma et le bébé, j’ai une proposition à te faire.

 

             Et c’est ce jour-là qu’Arthur a été introduit dans le bureau de François, après le café.

 

 

 

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                                   La gravette : la maison familiale au fond et les dépendances

                                                                                                                                                        

                                                                                                                                        

 

- Oui, Arthur, on ne peut faire le métier de roulier sans avoir un bureau à soi, surtout quand on a  une famille de douze enfants. Tu sais, c’est un boulot formidable qui m’a permis de nourrir tout ce monde ; j’assume ce métier depuis plus de quarante ans. La grippe de cet hiver m’a donné un bon avertissement, c’est pourquoi j’ai décidé de mettre de l’ordre dans ma succession. Aline arrive en tête : elle ne veut rien sous prétexte que nous l’avons aidée à élever ses enfants.

            - Mais, grand-père, Emma, elle seule, est concernée !

            - Attends un peu, tu vas comprendre. Mes fils consultés ont tous une bonne situation et ils font le travail qu’ils ont décidé de faire, mes gendres aussi. Arthur, je suis sûr que tu seras parfait pour reprendre le métier de roulier mais tu vas me dire que tu lèses Marcel et Henri, je ne pense pas. Nous en avons parlé avec les intéressés et avec ma fille. Par contre, toi et Emma devenez responsables de mes petits-fils : il faudra les aider en cas de problème. Je te parle en tête-à-tête parce que je veux savoir si tu es séduit par ma proposition. Je crois comprendre que oui mais il faut que je développe...

Je vous donne à Emma et à toi, ma clientèle, mon cheval « Monseigneur » et une charrette en bon état ; je viens de la faire réviser par le charron. Si tu acceptes, pour la forme, nous passerons tous les trois chez le notaire. Je te propose aussi de t’accompagner en courses, pendant les trois premières semaines et, après, pour que je ne me trouve pas complètement perdu à la maison, je pourrais venir avec toi, deux jours seulement par semaine. Est-ce que ça va jusque là ?

 

            - Oui, bien sûr ! j’ai du mal à réaliser, vous me donnez là une opportunité tellement extraordinaire ; je ne vais pas savoir comment vous remercier.

 

            -  Mon garçon, si tu acceptes selon mes conditions, tu m’auras déjà remercié. Maintenant, parlons du métier. Tes clients te demanderont de transporter leurs marchandises jusqu’à un destinataire, essentiellement des sacs de céréales, de noix, du tabac,du bois etc. N’oublie pas que tu es seulement transporteur : la marchandise doit être soulevée par le client pour atterrir sur ta charrette , à charge à toi de la traîner jusqu’au fond du véhicule et d’y organiser le chargement. Arrivée au destinataire, la charrette peut basculer ou être déchargée par le destinataire. Ne va pas te fatiguer les reins à vouloir aider ! Si ce sont des sacs, au départ jette un coup d’œil sur leur état, ils peuvent être raccommodés ou rapiécés mais il faut que ce soit fait solidement. Ce n’est pas le moment d’avoir un sac de grains qui se vide ; cela serait une perte de temps et une cause de problèmes ; il faut être ferme. Nous verrons cela ensemble. Maintenant, il faut parler de comptabilité : quand le chargement est terminé, tu établis, devant ton client, la facture en double exemplaire, le recto pour le demandeur, le verso pour toi. C’est tant par sac ou par brasse pour le bois. N’oublie rien, prends ton temps : vérification par le client et signatures contradictoires. En principe, ils attendent d’avoir, eux-mêmes, été payés pour s’acquitter de la facture. Un registre de suivi permet de s’assurer que tu as récupéré le fruit de ton travail. Ils viendront chez toi pour se libérer de leur dette et c’est là qu’interviendra Emma. Sais-tu où tu vas pouvoir remiser la charrette et le cheval ?

 

            - Je pense avoir trouvé la solution. Ne vous inquiétez pas pour Monseigneur, il sera bichonné ; vous devez savoir que j’ai de l’expérience dans ce domaine avec les chevaux de la Poste et ceux de l’hôtel. Ah ! Je suis si heureux grand-père, mille mercis.

            - Bon, nous avons bien discuté, allons annoncer la bonne nouvelle à Emma, mon épouse est déjà au courant. Il te restera à prévenir tes employeurs.

 

De retour chez eux, Arthur et Emma ont discuté longtemps ; ils étaient conscients qu’ils se trouvaient à un tournant important de leur existence, ne plus dépendre d’un patron, avoir sa propre affaire à gérer… Le lendemain, en arrivant à l’hôtel, Arthur croise Louis Janot :

            - Arthur, quelle drôle de tête, tu as aujourd’hui ! As-tu des problèmes ?

 

 

-Non, Louis, mais il faut que je vous parle. Dès que possible, je quitte votre service. Le grand-père Borde m’a proposé de reprendre son métier de roulier…

                                                                                                                                                        

Et il raconte au propriétaire de l’hôtel, son entretien avec l’aïeul.

            - Mais c’est formidable, Arthur, ne fais pas cette tête-là, tu n’allais pas rester garçon d’hôtel, toute ta vie. Je pensais à toi justement et je cherchais à t’employer dans mon affaire de négoce en bestiaux mais la conjoncture ne s’y prête pas. Cela fait bien douze ans que tu étais à notre service ; tu fais partie de la famille. J’ai en tête un jeune de Meyrals qui ne demandera pas mieux que de te remplacer. J’irai voir le receveur de la Poste pour savoir si mon idée de remplaçant lui convient. Je logerai le jeune dans une des chambres de bonnes, il sera ainsi sur place pour prendre son service à la Poste, le matin de bonne heure.

 

 La nouvelle vie allait pouvoir commencer. Emma reprend ses promenades en direction de la gravette, en compagnie de son fils confortablement installé dans son landau. L’enfant est gracieux, Marie lui fait faire risette sur risette. Le patriarche Maraval a raison, il a les yeux noirs des Maraval : il est vraiment beau. Emma est fière de son fils ; comme convenu, elle veut le présenter à M. et Mme Anderson à Bordeaux. Un grand week-end est organisé au printemps suivant. Emma est heureuse de revoir ses amis et les retrouvailles sont chaleureuses.

 

Ils font quelques achats et Emma comble un de ses vœux, le plus cher : faire photographier son fils à Bordeaux.

 

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De retour au pays, la photo passe de main en main avant de trouver sa place sur la commode de la chambre des heureux parents. Jusqu’à l’école maternelle, Jeantou reste dans les jupons de sa mère. A «  la gravette », la forge le fascine. Quand il voit son oncle manier ces outils énormes pour dompter le fer incandescent, il le prend pour un surhomme. Henri le fait dessiner les dimanches de pluie, il joue aux billes avec le jeune oncle Fonfon et se promène avec son grand-père qui est le plus heureux des grands-pères.

 

La clientèle de François Borde a validé le travail de son successeur, le bouche-à-oreille fonctionne, aussi Arthur se retrouve-t-il avec une surcharge de travail. Une évidence s’impose, il faut embaucher et former un commis. Jean Cabannes sera notre homme. L’hôtel de la Poste s’est mécanisé, Arthur rachète le cheval « D’Artagnan » et fait l’acquisition d’une deuxième charrette. Pendant ce temps, Emma devient une comptable redoutable.

 

En septembre 1910, Aline reçoit à son domicile, 287 Boulevard André Gautier à Bordeaux, une convocation au service militaire pour son fils Marcel Destal. Il fallait s’en douter puisque l’intéressé a vingt-et-un ans, depuis le mois d’avril ! Il partira donc en octobre. Notre maréchal-ferrant confie la forge à ses ouvriers qui ont tous du métier et qui sont libérés des obligations du service militaire, depuis longtemps. Emma assurera la gestion et remettra de l’ordre dans la comptabilité. Le voilà parti pour deux ans. Il est affecté au 8ème régiment de cuirassiers à Tours. Il promet de donner de ses nouvelles, régulièrement, et ainsi une correspondance s’instaure entre Tours, Bordeaux et Saint-Cyprien.

 

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Depuis le départ de Marcel, Henri ne tient plus en place. Il a maintenant dix-huit ans ; aussi, pense-t-il qu’il est temps d’aller faire son trou à Paris et d’y marquer son territoire avant de partir, à son tour, au service militaire. Le quai de la gare de Saint-Cyprien est particulièrement encombré en ce début de janvier 1911. Les familles Destal, Borde, Maraval sont là pour lui dire « m…. » dans le creux de l’oreille.

            - Henri, écris-nous, tu as compris ? Nous voulons tout savoir de ta nouvelle vie : ton travail,ton logement, tes rencontres, tout, absolument tout, lance Aline venue au pays pour la circonstance.

 

 

 

Des baisers sont échangés et après avoir regardé le train s’éloigner,  tout le monde prend la direction de la route du Bugue pour arroser le départ du héros de la famille.

 

Henri tient ses promesses. Il écrit régulièrement tantôt à Aline, tantôt aux grands-parents Borde, tantôt à Emma ou encore à Marcel. Les lettres sont dévorées, plusieurs fois. Le jeune frère aime mettre sur le papier, sa vie de tous les jours. Il a vite fait de se faire une place à « la Bienveillance » et, en plus, il a compris qu’il vaut mieux être modeste car des personnages inquiétants ont l’air de l’attendre au tournant. Il est logé dans le même quartier, dans une pièce unique, minuscule, mais tout à fait convenable. Le soir, après le travail, soit il lit, soit il dessine ou encore il va marcher dans Paris. Il va vite devenir un vrai Parisien ouvert à tout : à la rue, aux spectacles, aux opportunités qui se présentent.

 

 

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                                                           Montmartre : rue de l’abreuvoir

 

Il satisfait ses curiosités : cours de dessin, cours de mandoline, simples flâneries, rêveries à la terrasse des cafés. Il établit un programme de concerts, de pièces de théâtre, de musées, de promenades au jardin des Tuileries, aux Buttes-Chaumont … Dans un premier temps, ses rencontres sont décevantes, il les trouve trop ternes, sans enthousiasme, face à ce Paris merveilleux.

 

Chez Arthur et Emma, le déjeuner du dimanche est maintenant beaucoup moins aminé sans Henri et Marcel. Jeantou junior frétillait d’impatience à l’idée de voir ce tonton qui le soulevait, le faisait tourbillonner, l’installait sur ses épaules. Ces jours-là, l’enfant, de nature difficile, mangeait tout ce que maman lui mettait dans l’assiette ; il ne faut pas décevoir l’oncle Marcel.

 

 

Ils ont pris l’habitude de boire le café chez les Maraval, rue de la mairie. Emma fait suivre les biscuits sablés qu’elle réussit si bien pendant qu'Alice a maintenu le petit noir au chaud. Inévitablement, Maria demande des nouvelles d’Henri. Il y a toujours une lettre du jeune Destal à lire. Ses écrits étonnent les uns, émerveillent les autres. Jean répète toujours les mêmes phrases :

            - Il n’a pas froid aux yeux, le petit.

            -Qui lui a mis dans la tête de monter à Paris ? Les Destal, vous n’êtes pas bien à Saint-Cyprien ?  Aline et Emma à Bordeaux et, maintenant, Henri à Paris…

Emma donne des nouvelles de Marcel. Elle sait qu’Alice n’est pas guérie, que son amour pour Marcel est toujours là, prêt à rejaillir comme le feu du volcan. André, le taciturne, aimait parler avec Marcel qui avait droit à de véritables discours de la part du serrurier, ce qui étonnait le reste de la famille. Le petit Jeantou ne perd rien de ce qui se dit, tata Alice a toujours une friandise pour lui. On a du mal à se séparer, alors le patriarche donne le signal : c’est l’heure de sa sieste et après il ira  au jardin.

 

Les Maraval de la route du Bugue se dirigent vers « la gravette ». Emma se rend utile, Arthur parle du métier avec le grand-père, le met au courant de ses nouveaux clients, présente en paroles le commis Jean Cabannes. Emma envoie des rappels à certains mais fait preuve de patience. Tout le monde est heureux de la réussite de la petite entreprise. François est fier de son successeur. Emma aurait voulu voir Gabrielle mais cette dernière a un programme très chargé, le dimanche. Elle sort au bal avec les copines de l’atelier et les bals ne manquent pas dans la région. Gabrielle ne pense qu’à s’amuser !!!.

 

 

 

Il manque le P.S :

 

Dans un dénombrement de population, le registre avait prévu de recenser les métiers : donc, mon arrière-arrière-grand-père François Borde était bien roulier et Jean Cabannes, commis de Maraval.
Sur la fiche matricule de mon grand-père, son métier était " roulier " ; j'ai imaginé une passation de "charge" entre eux deux.
J'ai utilisé au maximum les archives départementales pour tous les personnages de mon livre.

 

 

 

 

 

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Sources : François Borde mon arrière-arrière grand-père était bien « roulier ». J’ai trouvé cette information sur les dénombrements de population et sur ces archives là j’ai repéré Jean Cabannes comme étant commis de Maraval.

Mon grand-père, Arthur, est bien indiqué comme « roulier » sur sa fiche matricule. Dans mes souvenirs je savais qu’il était camionneur, suite logique de roulier.

Toujours sur les dénombrements de population Louis Janot est bien propriétaire de l’hôtel de la Poste et négociant en bestiaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



21/10/2021
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