Terre de l'homme

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Hybris ou hubris ?

 

nemesis

 

 

 

                                                                         La déesse Némésis 

                                      Son courroux s'abat sur les hommes coupables d'Hybris 

 

 

 

Hybris ou hubris ? L' un et l'autre se dit ou se disent. 

Pierre Fabre affectionne particulièrement ces mots grecs qu'il a utilisés à maintes reprises. Nous verrons pourquoi.

Le 18 avril de cette année, il s'est produit un événement qui est passé inaperçu aux yeux de beaucoup : 12 grands clubs de football européens (à l'exclusion de ceux de France et d'Allemagne) ont créé, à l'instar du basket et du football américain, une compétition privée, concurrente de la league des champions. Une grosse banque américaine apportait 4 à 6 milliards d'euros. 

Ce fut le tollé dans les fédérations, les clubs et associations de supporters. L'affaire fit long feu. Les frondeurs rentrèrent à contrecoeur dans les rangs (à l'exception de 3 d'entre eux).

Ce qui était en jeu, c'était la pérennité des petits et moyens clubs, le respect de la valeur de ce sport face à une super élite assurée de son maintien et dont les joueurs verraient leurs gains, déjà excessifs, abondés.

Il faut savoir que pour les 10 meilleurs joueurs, ces gains annuels oscillent entre 30 et 107 millions d'euros. Il existe dans ce sport, comme dans les autres professions, une hiérarchie des mérites et des talents, il est normal qu'il y ait une différence de gains, pour autant qu'elle ne soit pas scandaleuse.

Tout cela a un nom : la démesure.

Pierre Fabre emploie le mot grec à dessein pour surprendre le lecteur et lui faire toucher du doigt que ce mot, synonyme de crime chez les grecs, comporte des menaces pour notre société. Qu'on se souvienne des fastes du second empire où la bonne société ne songeait qu'à se divertir, qu'à s'enrichir et qu'à consommer.

 

 

offenbach

 

 

                                                                          La vie parisienne 

 

Ecoutez l'un des personnages de "La vie parisienne" d'Offenbach (1866) : "Je vais m'en fourrer, m'en fourrer jusque là". Quatre ans plus tard, l'écrasante défaite de la France et de l'empire va sonner le glas de cette vie frivole, de cette boulimie de consommation, et de cette démesure.

La démesure n'est pas propre à certains sports ou à la vie mondaine, elle affecte tous les aspects de notre vie sociale, économique, nos modes de production et de consommation avec les conséquences que l'on sait.

Quelques exemples :

- On a construit l' A380, bijou de technologie. Trop cher, trop grand, trop polluant. On l'a abandonné.

- On construit des porte-conteneurs de 400 mètres de long transportant 20 000 conteneurs. Mêmes défauts. L'un d'entre eux a bloqué 6 jours le canal de Suez.

- On construit des bateaux de croisière transportant plus de 6000 passagers et plus de 2000 membres d'équipage. Mêmes défauts. Certaines villes portuaires n'en veulent plus ou les tiennent à l'écart (Venise - Dubrovnik...).               

 

 

canal de Suez
plus grand porte conteneur

 

 

                    Canal de Suez bloqué                                    Le plus grand porte-conteneurs

 

Des signes alarmants : depuis des années, la forêt amazonienne du Brésil produit plus de CO2 qu'elle n'en absorbe.

Depuis le 22 avril 2020, nous vivons à crédit par rapport à la planète. Nous vivons au dessus de nos moyens. Nous consommons plus qu'elle ne produit.

Déforestation, surpêche, émission de gaz de serre, biodiversité dégradée : la pandémie est en grande partie à mettre à notre débit.

La terre n'en peut plus. Les plus raisonnables d'entre nous proposent non la décroissance qui pénaliserait les plus démunis mais un développement durable qui répond à nos besoins sans compromettre le sort des générations à venir.

Pour paraphraser Pierre Nora, nous disons que notre planète a un futur et nous souhaitons qu'elle ait un avenir.

 

 

foot 2
Joueurs de foot les plus chers

 

 

Finale UFOLEP Daglan vs Les Eyzies  vers 1950            Les joueurs les plus chers du monde                      

 

 

PS : Au plus fort de la crise, un grand joueur professionnel a tenu ces propos : "Je crois au foot modeste, à un sport à l'écart de l'égoïsme et des égos. Je ne crois pas au football de quelques-uns."

Propos qui vont droit au coeur des vétérans dont je fais partie, qui ont connu ce football où l'on se déplaçait en camion ou en bétaillère, où l'on achetait ses chaussures, où l'on s'habillait sous un noyer à défaut de vestiaires, où l'on se lavait dans un ruisseau à défaut de douches, où l'on emmenait les blessés chez le rebouteux.

Les Bisons des Eyzies, les Mammouths de Rouffignac, les équipes de Domme, de Meyrals, de Daglan, de Saint Martial de Nabirat......Autant de derbys de clochers épiques qui suffisaient à notre bonheur.

 

Pierre Merlhiot 

 

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Demain : Jean-Matthieu Clôt, devant la poste de Belvès, a repris ses rencontres avec son lectorat.

 



09/05/2021
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