Terre de l'homme

Terre de l'homme

La richesse de la promenade des deux rives... elle nous autorise un regard sur les pas de nos ancêtres.

 

Les prévisions météorologiques de ce samedi 17 avril, a priori, semblent très favorables pour une tonique promenade. Celles et ceux qui souhaiteraient rejoindre le mini-groupe d'éclaireurs de cette balade, groupe limité à 6 promeneurs pour respecter les prescriptions sanitaires, sont invités à se manifester à

terresdenauze@gmail.com

soit  au 05 53 29 07 50 soit au 06 52 88 10 74

Prévoir un petit sac pour une gourde ou une bouteille d'eau. L'itinéraire est, pour la quasi-totalité, une voie piétonne et permet donc d'associer, sans problème, pour son plus grand bien, un(e) ami(e) quadrupède.

 

Rendez-vous sur le parc à Fongauffier, ce samedi 17 avril, départ à 14h. 

 

 

 

 

Quelques mots sur la sémantique des trois communes où passe le circuit.

 

Sagelat, très vieux toponyme qui vient de la garde des sceaux. Quels sceaux ? On peut supposer qu'il s'agit des sceaux abbatiaux.

Attention, beaucoup pensent qu'il s'agit du dérapage orthographique de ségala, lieu semé de seigle. Cela "tiendrait la route" car, dans les terres occitanes, on rencontre beaucoup de ségalas. Nom commun devenu toponyme, on trouve des Ségalat un peu partout, un est tout proche du bourg de Saint Germain-de-Belvès. Ce n'est pas le ségala qui a, historiquement, été retenu pour l'onomastique de cette villa gallo-romaine qui s'est transformée en église au pied de Belvès.

 

Siorac, il s'agit aussi d'un toponyme millénaire qui viendrait d'un de ses fondateurs, il y a un millier d'années. Sioracum, a donné Siorac. La racine Siorac désignerait un fort lointain personnage.  Le suffixe acum s'est transformé en ac, il veut dire qui appartient à.

 

Monplaisant. Ce belvédère porte, on ne peut mieux, son toponyme. Monplaisant, comme beaucoup de toponymes ouverts par mon, surtout s'ils identifient un lieu en hauteur, se prête à recevoir un t central. Beaucoup d'hésitations sur l'orthographie ont amené l'exécutif municipal à faire valider par le Conseil d'État, Monplaisant sans un t central.


Le nom de Monplaisant, a priori, ne nécessite pas de grandes explications pour être compris.

En 1095, date de fondation de l'abbaye de Fongauffier, on trouve Mont Plaisan. En 1156, le nom évolue en Munplacens, au XIIIème siècle, Monplazenc et en 1478 une variante le transforme en Mons Plasenc.

Le mon vient du latin mons, montis et le suffixe vient du latin "placere", plaire en français.

L'exécutif municipal de Monplaisant a sollicité le Conseil d'Etat pour supprimer, d'une manière formelle, le t central du toponyme. Beaucoup d'atermoiements ont concerné l'orthographe de ce nom. Ils jetaient un certain désordre lors de recherches dans un ordre alphabétique, notamment dans l'annuaire téléphonique. À tort ou à raison, les édiles monplaisanais ont voulu mettre un terme à ces hésitations orthographiques qui, rarement certes, de temps à autres, reviennent encore de nos jours.

 

L'arrêt souverain, du 4 mai 1985, va dans ce sens. Il paraît, néanmoins, s'affranchir du cheminement de la sémantique.

 

 

Commençons par une allégeance à notre souveraine , la Nauze.

 

Nauze. C'est au départ, un toponyme désignant en occitan ("nausa"), un fossé plus ou moins profond, une mare, une lagune, une prairie marécageuse. Dans notre bassin de la Nauze, pour ces zones humides, on a souvent employé le substantif occitan de "sagne". Le nom vient du gaulois *nauda et a pour équivalents noue, noë dans d'autres régions de France.". Le patronyme de Nauze est surtout porté dans le Sud-Ouest. Notons ses variantes Nauzes ou Nause.

Il paraît permis de penser que l'auteur d'Anaïs Monribot, Guy de la Nauve, s'est inspiré, pour créer son pseudonyme  des Nauves, microtoponyme de son voisinage immédiat de Lascaminade. La Nauve et la Nauze, à une lettre près, désignent toujours un lieu résultant du travail géologique ou de la présence vive ou stagnante de l'eau.

 

Nous irons, plus bas, vers le Raunel bucolique, lien qui mérite toute notre attention.

 

 

Fongauffier. vue aérienne.jpg

 

Image © Patrick Pautiers, l'Écho Dordogne.

 

Fongauffier. Ce toponyme, racine fon, étymologie. (1100-50), du latin aqua fontana (" eau de source "), dérivé de fons (" source, fontaine ") la fontaine et du suffixe gauffier qui nous vient de l'histoire moyenâgeuse. Gauffier dérive de Waiffer, le dernier duc médiéval d'Aquitaine que Pépin le Bref tenta d'assassiner, à Fongauffier, le jour des Rameaux, en 768.

Waiffer s'échappa mais fut bien assassiné, dans des conditions fort troubles, dans l'été qui suivit, à Eygurandes, dans la Forêt de la Double.

 

La Robertie. Ce hameau a dû avoir pour fondateur, ou pour occupant, un sieur Robert ou une dame Roberte.

 

Lavergne. Aucune certitude absolue. Ce toponyme peut venir d'un patronyme féminisé. Vergne patronyme relativement courant, peut avoir été porté par une épouse Vergne ou une fille Vergne, personnage qui, dans le lieudit, aurait occupé une place marquante.  Lavergne peut aussi venir de l'arbre. La particularité locale de ce toponyme tient du fait que le lieudit, historiquement, est sur les hauteurs, là où les vergnes ne poussent pas. Le glissement de Lavergne vers la Nauze, plus récent, s'est manifesté au cours des siècles, pour devenir le lieudit, autour du Moulin de Lavergne. Il supplanta dans le verbe des autochtones, le plateau de Lavergne aujourd'hui considéré par ces derniers comme étant Pessarni.

 

Pessarni. Ce lieudit collinaire vient du "pech" la colline occitane et sarni est une dérive de Cernin.

 

Les Champs-Petits. Cet espace qui va du creuset de la Nauze à la crête collinaire séparative Nauze - Valech, compte une multitude de parcelles , les champs petits. Il s'agit, pour une part importante, de la vente du patrimoine abbatial, lors de la Révolution. Ces champs étaient petits car les humbles paysans n'avaient pratiquement aucune ressource et achetèrent, au prix d'un immense effort, ces lopins de terre que l'on appelait, localement, des cartonnées. Une cartonnée correspondait à l'aire qu'un laboureur pouvait travailler avec ses bœufs lors d'une journée de labeur.

On notera que la crête, sur la carte de Cassini, donne Jeanpetit. On prendrait un risque en s'avançant avec certitude sur la genèse des Champs Petits.

 

Maison-Haute. Le microtoponyme se passe de dissertation onomastique. Ce magnifique point de vue accessible par une belle rampe se situe sur un chemin multiséculaire de crêtes dominant la Nauze et le Valech.

 

La Tute. L'onomastique de tute, tuto (tuta), terminologie occitane : trou, tanière, abri sous roche. La Tute à Siorac se scinde entre La Tute – Basse et la Tute – Haute.

 

Raunel. La carte de Cassini ne fait pas mention de Raunel. On peut donc penser que ce toponyme et cet hydronyme sont relativement récents. Le lieudit et le cours d'eau ont donné Raunel, lieudit monplaisano-sioracois  qui est aussi le ruisseau bicéphale venant de Vielvic et du Bournat qui ouvre un val entre Pech Bracou et Fonmorte.

Il y a moins d'un siècle, on trouvait encore des cartes l'identifiant Ruisseau de Monplaisant. Le Raunel interpelle les passionnés d'onomastique. André Delpeyrat, il était l'instituteur monplaisanais de plusieurs générations du XXème siècle, estimait qu'il s'agissait d'un petit, vraiment petit, Rhône. Cette opinion, qui pourrait faire sourire, a néanmoins été confirmée par l'avis de Jean Rigouste, dont l'expertise en onomastique est plus que largement reconnue et admise.

Les anciens pensaient plutôt que Raunel venait du verbe occitan "raunar". L'écoulement de ce petit cours d'eau, en effet, laisse percevoir un bruit équivalent à un grognement sympathique, une plainte, presque un regret de quitter ses collines.

 

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Bout de la Côte

 

Lastrounières [itinéraire bis].  Plusieurs théories sont avancées. Peut venir de l'aire des manoeuvres  des laboureurs en bout de parcelle. Cela peut aussi venir de la racine de tourneur, de l'artisan qui travaillait avec un tour. 

 

Le bout de la Côte [itinéraire bis]. Effectivement, là, les chemins arrivent à la ligne de partage des eaux entre la Dordogne toute proche et le ru de Lastrounières, affluent du Raunel, sous affluent de la Nauze et sous-sous affluent de la Dordogne.

 

Renardie. Non, n'attribuons pas ce toponyme au renard. Goupil, à Renardie, est chez lui comme il l'est un peu partout ailleurs. La Renardie vient beaucoup plus vraisemblablement d'un sieur Renard qui a dû être le maître de céans dans un lointain passé. On trouve un peu partout des lieudits "La Renardière". Ces microtoponymes sont de la même origine.

 

Bosredon. Ce très joli toponyme, également patronyme vient de Borredon. Surtout porté dans l'Aveyron, est une contraction de bosc redon, toponyme désignant en occitan un bois rond. On trouve la variante Bosredon en Corrèze.

 

Le Calme. L'étymologie du bois du Calme, a priori, tombe sous le sens. Dans cet espace, avant l'invention des tronçonneuses, seule la faune champêtre et sylvestre avait le droit de troubler la quiétude de cette colline.

 

La Rouquette. Ce lieudit a dû être imputé à un sieur Rouquet. Le dit Rouquet a dû, probablement par décès, transmettre son patrimoine à une femme ou une fille "La Rouquette".

 

 

Monplaisant

 

Image https://www.monpatelin.fr/vue-satellite-belves-24170.html

 

Fleurat. Ce très joli pâté de demeures monplaisanaises, dans un passé multi-séculaire, a dû être remarqué pour ses fleurs. Fleurat lieu qui appartient aux fleurs. Florac, une petite ville des Cévennes, a, vraisemblablement, la même veine onomastique. On note que divers lieudits ont atermoyé entre le c et le t pour la dernière lettre de leur toponyme. Talissac, devenu Talissat et Sagelac devenu Sagelat en sont les illustrations.  

 

Le Bloy. Pas de certitude mais une double interrogation. Bloy personnage blond de cheveux ou au teint pâle. Du Gaulois blavos = jaune. Variantes : Lebloy, Lebloi Leblois. Il peut, aussi, s'agir d'une dérive de bois mais, là, l'écriture de bois en occitan donne bòsc. En phonétique, on dit boï mais on peut se demander s'il ne s'agirait pas, tout simplement, d'une dérive ou d'une réappropriation.

 

Carte de la promenadep

 

Montage Alain Borie.

Le circuit de 10,3 km est tracé en violet, celui de 11,2 km qui comporte en greffe, le crochet par Lastrounières et Le Bout de la Côte est, pour le crochet, jalonné en rouge. 

 

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Demain. 

 

 

Les Cygnes sauvages de la Dordogne, reportage de Bruno Marty.

 

 



15/04/2021
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