Terre de l'homme

Terre de l'homme

Le 27 mai, une obligation, manifestement pas, un devoir... certainement.

SAGELAT

 

C'est désormais une tradition, chaque 27 mai, à 11 heures, l'ANACR organise la Journée de la Résistance au rond-point de Fongauffier. Un intense moment de recueillement ainsi qu’une émouvante rencontre mémorielle. Cette année, nous avons mis à l’honneur les 80 ans du «Chant des Partisans», dont les paroles en français sont de Joseph Kessel et Maurice Druon sur une musique d’Anna Marly.

L'Association nationale des Anciens Combattants et amis de la Résistance tient à ce que la jeunesse s'implique dans ce devoir de mémoire, pour éviter que cette fronde qui malmena la mission dévastatrice du 3ème Reich, ne sombre dans l'oubli. 

C'est la jeune Manon Desplain-Bossenmeyer, 25 ans, qui a ouvert le chapitre des prises de parole en lisant le texte de l’ANACR. Elle fera ensuite l'appel des partisans dont les noms figurent sur le mémorial. L’assemblée répondit après chaque nom : « mort pour la liberté ». Après le recueillement d’usage, la parole revint à Didier Roques, maire de Siorac-en-Périgord. Ce fut une occasion d'affirmer combien les héros honorés venaient de différentes nations. Il précisa que les fondateurs du Conseil national de la Résistance, le 27 mai 1943, sous la houlette de Jean Moulin, aspiraient à une société fraternelle et équitable, promouvant une renaissance à partir de valeurs où le racisme et la xénophobie n'avaient aucune place. Ont-ils été entendus ? Benjamin Delrieux, jeune conseiller régional, a tant de fois entendu parler de la Résistance ! Il prit la parole au nom du Président du Conseil régional, Alain Rousset, retenu. La clôture des prises de parole fut pour le Président du Conseil départemental, Germinal Peiro, qui, en insistant sur le rôle majeur de la Résistance et sur la résonance du 27 mai, fixait les premiers caps d’une France libre.

Muriel Delmas et Claude Hélion, coprésidents de l'ANACR du comité du Val de Nauze, remercient tous les participants à cette journée, en soulignant la place des porte-drapeaux toujours aussi exemplaires, des orateurs qui ont pris la parole, des élus de proximité présents, du major Anita Praud de la Gendarmerie nationale, de Paul-Marie Chaumel pour la technicité du son et surtout de la commune de Siorac-en-Périgord, largement présente, qui offrit le vin d’honneur.

 

Serge Righi,

secrétaire de l'ANACR Val de Nauze

 

 

CLIQUEZ SUR LES IMAGES

 

Ouverure du cortège

 

Tradition oblige, la jeune Anaïs Manouvrier a ouvert le cortège avec Jean Bariaud,  le doyen des porte-drapeaux.

Photo © Alain Eymet

 

Les élus  avant le départ du cortège

 

De gauche à droite : Daniel Brault, maire-adjoint de Siorac, Didier Roques, maire de Siorac, Patricia Lafon, conseillère départementale, Germinal Peiro, président du Conseil départemental, Benjamin Delrieux, conseiller régional, Maryse Durand, maire de Sainte Foy, Damien Boissy, premier maire-adjoint de Cladech et Jasmine Chevrier, maire-adjointe de Siorac.

Jean-Luc Ayraud, premier maire-adjoint de Castels, ne figure pas sur la photo. Il représenta le maire, Henri Bouchard, hospitalisé.

Photo © Serge Righi

 

 

Les prises de parole

 

Manon

 

Photo © Serge Righi

 

Mesdames, Messieurs,

Amis du devoir de mémoire,

 

Depuis plusieurs années, l'ANACR tient à ce qu'une jeune passeuse de mémoire prenne la parole pour rappeler qu'au cœur du siècle précédent, le monde vacilla quand une peste brune venant de l'est importa sa fureur bien plus que de l'Oural à l'Atlantique. Les catastrophes se multipliaient et l'aurore libératrice, en 1944, semblait vouloir poindre.

Le zèle dévastateur de la sinistre Das Reich n'entendait prendre aucune pause et dans son repli, jugea qu'il fallait apporter les dernières notes de son sadisme pour outrager l'humanité, en déployant toutes les armes de la lâcheté, en brûlant, torturant et fusillant les partisans mais aussi d'innocentes vies. Leur inhumaine brutalité physique, morale et psychologique porte des noms. Tulle, Oradour, Vercors et bien d'autres encore résonnent, encore, 79 ans après.

Au pied de ce mémorial, nous tenons, chaque année, à pérenniser le souvenir des victimes de Vaurez, de Landrou, de Fongauffier et de Tuilières. En fleurissant le mégalithe, nous effectuons, certes, un devoir de mémoire mais plus encore, nous voulons, lors de ce jour printanier, dire que nous tenons à témoigner à ces partisans une reconnaissance inextinguible.

Cette année est l'année  du 80ème anniversaire de la fondation du Conseil national de la Résistance dont les acquis figurent dans notre quotidien. Il fallait plus que de l'audace pour faire germer au cœur de Paris occupé, cette envolée libertaire.

Anne-Marie Montaudon et Pierre Martin, présidents nationaux de l'ANACR, soulignent "en ce 80ème anniversaire de la création du CNR, dans un monde qui connaît, hélas, toujours les oppressions nationales et sociales, les guerres d’agression et d’expansion, les crimes génocidaires, les discriminations raciales et religieuses, la xénophobie, les atteintes aux libertés démocratiques, aux droits de l’Homme et le fascisme ; le combat – le sens profond du combat – que menèrent, au prix de lourds sacrifices, les Résistantes et les Résistants des divers mouvements, partis et syndicats de la Résistance qui se rassemblèrent le 27 mai 1943, reste un exemple. Et, par les valeurs de solidarité, humanistes, patriotiques et démocratiques qu’il porta, est une référence et une source d’inspiration pour le présent."

 

Le message que l’on peut retenir de Jean Moulin et du Conseil national de la Résistance, est un message d’espoir toujours actuel : quand tout est perdu, on peut, grâce à une action courageuse, reconstruire quelque chose et essayer d’unir des gens très différents. Générosité, ouverture et partage sont les idéaux de Jean Moulin et de ses compagnons. Quelques mois après sa mise sur pied, le Conseil national de la Résistance propose dans son programme, le projet d’une sécurité sociale.

Aujourd'hui, nous devons prendre conscience que nous commémorons, aussi, le 80ème anniversaire de notre hymne rebelle. Le Chant des Partisans, œuvre de Joseph Kessel, Maurice Druon et d'Anna Marly, fut écrit, composé et finalisé en février 1943, à Coulsdon-South, à 21 km de Tower-Bridge. Il portait toute l'espérance de la Résistance.

Emmanuel d'Astier de la Vigerie, un des premiers piliers de la Résistance, a dit " On ne gagne les guerres qu'avec des chansons ". Ce Compagnon de la Libération, fondateur de Libération-Sud, aurait souhaité que le Chant des Partisans devienne notre hymne national.

Il y a quelques minutes, lors de l'appel des noms de partisans, votre émotion fut palpable. Pensons, bien sûr, à Juan, Giovanni, Antonio, Roger, Paul, Georges, Eugène, François, Maurice, Jacques et Michel mais, puissions-nous, bien au-delà des noms que nous honorons, ne jamais oublier ces dramatiques moments de notre histoire et rappeler, encore et toujours, qu'ils ont donné leurs jeunes vies pour le bien précieux qu'est la liberté.

 

Manon Desplain-Bossenmeyer,

lectrice de l'ANACR

 

DR

 

Photo © Serge Righi

 

 

Mesdames, Messieurs,

Amis du devoir de mémoire,

 

Depuis une dizaine d'années, autour du mégalithe de la Résistance, des dizaines de personnes viennent en passeurs de mémoire, dire, sans haine, que nous ne devons pas oublier les tragédies du siècle qui ont choqué et traumatisé les générations précédentes.

Chaque année, les organisateurs de ce pèlerinage laïque demandent à un maire de prendre la parole pour toutes celles et tous ceux de notre bassin de vie. Cette personnalité scelle dans son message, l'empreinte partisane des tertres et vallées de la Dordogne, du Céou, du Mounant, de la Vézère, mais aussi de ce château d'eau collinaire où naissent la Lémance, le Dropt, la Couze, et, naturellement, la Nauze. Nous ne sommes qu'un grand village où l'on n'a pas hésité à adhérer à l'idéal frondeur faisant face à une fureur diabolique. Après mon prédécesseur Jean-Pierre Riehl, pour la deuxième fois, l'honneur de sacraliser ce chemin de mémoire échoit à Siorac, village qui n'a pas manqué ce rendez-vous avec l'histoire. Je citerai, volontiers, parmi ses vaillants, "notre" Marthoue Gorce, "infirmière" circonstancielle de la Résistance au Manoir de Puy-Chanat, Hubert Magimel qui suivit les partisans jusqu'aux derniers retranchements de la Côte d'Argent de l'occupant et Jean Boussat qui nous échappa, quelques jours avant de devenir centenaire. Comment ne pas avoir une pensée pour Antoine Martinet, maire sioracois de la Résistance, qui s'effondra devant sa demeure, le 8 juin 1944.

Il y a une dizaine d'années, au mémorial de Vaurez, Marie Praderie, première maire-adjointe de Monplaisant, s'inspira du lyrisme du poème de Louis Aragon "La Rose et le Réséda", pour rappeler, par sa rhétorique, l'appel à l'unité dans la Résistance par delà les clivages politiques et religieux. Cette symbiose, les Sioracois et les Sagelacois, sans s'en rendre compte, l'ont partagée avec la forte personnalité de l'abbé François Merchadou. Ce dernier prit conscience de l'horreur des mutilations du droit, dans la haine et le génocide, d'une occupation immonde. Avant son ministère sioracois, l'abbé Merchadou, alors en charge de Sagelat, ouvrit Puy-Chanat à la Résistance. Là, il abrita dans son manoir, des clandestins, aviateurs luxembourgeois, dont certains étaient blessés. Il fit courageusement face aux tireurs du Reich, à Vaurez, le 4 mars 1944.

Oui, l'image de Louis Aragon a toute sa place ici car les deux fleurs, la rose rouge et le réséda blanc symbolisent par leurs couleurs, deux appartenances politico-religieuses. Le rouge est la couleur des socialismes, traditionnellement athées, le blanc, celle de la monarchie, et plus généralement du catholicisme qui lui est associé dans l'histoire de France.

En me précédant, Manon personnifia les forces vives de cette jeunesse. Elle a su parler du C.N.R. et du Chant des Partisans. Notre hymne de la Résistance, complainte qui émeut tout un chacun, a aujourd'hui 80 printemps. Quand nous l'écouterons, en clôture musicale de ce recueillement, nous penserons naturellement à ces enfants de notre France plurielle qui ont été impitoyablement abattus par le tir sauvage et l'hystérique de la soldatesque du Reich. Ils étaient ouvrier agricole, intendant de domaine, artisan, employés de banque, cherchant l'abri dans les mines, humble cheminot ou instituteur. Ils étaient Polonais, Tchèque, Italiens, Espagnols ou Français mais comme l'a, si justement, dit Aragon  "Deux sanglots font un seul glas et quand vient l'aube cruelle, passent de vie à trépas celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas, répétant le nom de celle qu'aucun des deux ne trompa".

 

 

Merci à toutes celles et à ceux qui, aujourd'hui, empruntent ce sentier de la mémoire.

 

Didier Roques,

maire de Siorac-en-Périgord.

Cette année 2023, c'est Siorac qui présida la cérémonie

 

 

Benjamin Delrieux

 

 

 

Monsieur le Président du Conseil Départemental, cher Germinal,

Madame la Conseillère départementale, chère Patricia,

Mesdames et messieurs les maires,

Mesdames et messieurs les représentants des anciens combattants,

Mesdames et messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames et messieurs,

 

C’est un très grand honneur, aujourd’hui, pour moi de prendre la parole, en ce jour de commémoration de la journée nationale de la Résistance. Comme chaque année, vous êtes nombreux à avoir répondu présent, autour de cette stèle, pour rendre hommage à toutes celles et ceux tombés héroïquement pour défendre notre pays, dans la Résistance face à l’occupant nazi et aux forces obscures de Vichy.

De tous âges, de tous milieux et de toutes nationalités, ces femmes et ces hommes ont fait le choix de la clandestinité pour défendre leurs idéaux de liberté et de fraternité face à la nuit que tentait d’imposer le IIIe Reich à toute l’Europe avec, ici, en France, la complicité zélée de l’Etat français.

Notre secteur s’illustra très tôt par son courage et sa ténacité à tenir tête aux Nazis. Commune après commune, ferme après ferme, dès la capitulation française, s’organisa progressivement la Résistance pour atteindre son apogée durant l’année 1944. Mais, le prix à payer fut lourd, très lourd, pour les maquisards et les populations civiles car la répression sanglante des nazis et des miliciens ne se fit pas attendre. Passants, regardez le long de nos routes, toutes ces stèles rendant hommage à ces fusillés, torturés et déportés, qui ont donné leur vie pour que la France reste la France.

Des grands noms nous viennent à l’esprit, tels Jean Moulin, Raymond et Lucie Aubrac mais combien de ces héros, humbles héros pétris d’un seul amour, celui de la France et de la liberté, sont restés dans l’anonymat. Leur engagement et leur sacrifice nous obligent à ne jamais oublier et à faire œuvre de devoir de mémoire. C’est aujourd’hui à la jeune génération de porter le flambeau de la résistance et de ses idéaux pour ne jamais oublier. Ma génération est née dans une Europe en paix mais force est de constater que c’est fini aujourd’hui. Ne jamais oublier car les mêmes causes reproduisent les mêmes maux ; aujourd’hui, à 3h de Paris, en Ukraine, la guerre est à nos portes. Le bruit des bombes et des bottes refait surface en Europe. Ayons aujourd’hui une pensée collective pour nos frères ukrainiens qui se battent pour défendre leur patrie face à l’envahisseur russe.

Notre territoire a accueilli de nombreux maquis d’obédiences différentes mais se battant farouchement pour chasser de notre sol, les armées du Reich et les traîtres de Vichy. Le Belvésois s’illustra par le nombre et la ténacité des maquisards menant de nombreux actes de sabotage, d’attaques contre les colonnes allemandes et les équipements stratégiques, afin de retarder l’avancée des troupes ennemies remontant vers la Normandie. C’est par ces actes symboliques, par ces vies données, que le peuple de la nuit aux côtés des armées alliées a pu libérer notre pays et l’Europe. C’est grâce à ces héros de la nuit, la plupart retombés dans l’anonymat, que la libération venue, la France a pu s’asseoir à la table des vainqueurs.

Mais, en ce jour de commémoration, comment ne pas rendre hommage, aussi, à la population locale qui par son silence, son aide active, en cachant ou en approvisionnant le maquis, a permis à celui-ci de se structurer. Une stèle à Siorac, sur la route de Saint-Cyprien, érigée par les amis de Soleil, rend à ce titre, hommage à la population locale.

La Résistance, c’est aussi un héritage pour lequel nous devons encore aujourd’hui nous battre, contre les extrémismes, le fanatisme et l’obscurantisme. Se battre pour le programme du Conseil National de la Résistance, aujourd’hui menacé dans notre pays. Ce programme de reconstruction économique et social portait si bien son nom : LES JOURS HEUREUX, qui créa notamment la sécurité sociale et réaffirma le caractère social de la République Française.

Cette histoire nous honore et nous oblige. L’actualité, chaque jour, nous démontre comme le disait Brecht : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ».

N’oublions jamais.

 

Benjamin Delrieux

Photo © Alain Eymet

 

 

Il revint à Germinal Peiro de clore les prises de parole  

 

 

 

Oeuro

 

Photo © Serge Righi

 

Lors de son intervention, Germinal Peiro, président du Conseil départemental de la Dordogne, dit combien cette manifestation, au pied de cette stèle, est importante pour le devoir de mémoire. Germinal apporta son approbation au verbe de Benjamin Delrieux qui s'est inquiété de la situation en Ukraine. Le monde d'aujourd'hui est toujours victime des dictatures religieuses. Au premier chef, elles sont des atteintes intolérables aux droits des femmes.

Germinal revint sur les périodes frondeuses où les résistants vivaient dans les bois, dans des conditions très difficiles, notamment sans chauffage. Il évoqua la mémoire de Roger Ranoux dont Jacques, son fils, se fait le passeur de mémoire. La résistance comptait de nombreux étrangers qui partageaient les valeurs libertaires  de leurs camarades français.

Le président du conseil départemental  a dit combien le rôle des maires complices de la Résistance fut important et il parla du maire de Mazeyrolles qui, la nuit, se rendait à Sarlat, pour obtenir de faux papiers pour soustraire les juifs à l'oppression nazie.

 

Les dépôts de gerbes

 

20230527_112130

 

Photo © Serge Righi

 

L'ANACR

 

 

20230527_112216

 

Photo © Serge Righi

 

 

Les conseillers départementaux

 

 

 

20230527_110154

 

Paul-Marie Chaumel a sonorisé la cérémonie

Photo © Serge Righi

 

 

 

Billet partagé par Serge Righi, secrétaire de l'ANACR, Val de Nauze et Alain Eymet, partie photographique.



30/05/2023
6 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 215 autres membres