Terre de l'homme

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Le Col de la Croix d'Empéoute.

 

La Croix-Empéoute, une crête qui sépare deux fleuves.

 

Le 22 novembre, ce blog s'invita sur les hauteurs séparant Le Coux de Campagne et jeta un regard sur le "Col de saint Georges"

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Aujourd'hui, tout près du point de triangulation du Périgord, du Quercy et du Haut Agenais, remarquons une autre ligne de partage des eaux. Elle divise les écoulements vers la Dordogne, le Lot et, dans une moindre mesure, vers le Dropt.

 

Notre R.D. 710, héritière de la R.N. 710, départementalisée en 1973, plus loin dans l'histoire, avant 1930, était la route départementale n° 11. Celle-ci était dénommée route de Cahors car elle reliait Périgueux à Cahors et, pour la partie dordognaise, épousait, à peu de chose près, l'itinéraire de la voie gallo-romaine qui empruntait les corridors de l'Isle, du Manoire, du ruisseau de Saint Geyrac, du ruisseau de Journiac, de la Douch, de la Vézère, dominait le ruisseau d'Aurival, traversait la Dordogne, empruntait les creusets de la Nauze et de la Ménaurie jusqu'à la Lémance.

 

La voie dite romaine, pour sa partie sud, comporte diverses variantes. Si Divona Cadurcorum, aujourd'hui Cahors, n'apparaît ni contesté ni contestable, Duravel qui, à l'aube de la Révolution, comptait 6 000 habitants, pour moins de 1 000 aujourd'hui, était un port fluvial attractif concurrentiel. Osons comparer Cahors qui, à la même époque, comptait 12 000 ères, à Périgueux, l'ancienne Vesunna, 9 898 et Sarlat 7 877.  

 

C'est à la Croix Empéoute que se partagent les eaux s'écoulant, par la Nauze, vers la Dordogne et vers le Lot, par le truchement de la Ménaurie et de la Lémance. Toujours des collines mazeyrollaises, d'autres eaux empruntent le vallon d'où naît le Dropt, rivière de 128 km, qui arrose les bastides dont Monpazier et Eymet. Promouvoir, par exemple, en marge de l'adressage, l'intersection de la R.D 710 en Col de la Croix-Empéoute serait une manière pédagogique de faire connaître aux touristes, ce détail géographique. Patrick Maury, le maire de Mazeyrolles, pour sa part, trouve l'idée plutôt recevable. 

 

Que peut bien désigner "La Croix-Empéoute".

Passons pour la croix. On trouve des lieudits qui empruntent cette terminologie un peu partout avec des épithètes divers ; Croix de Bordeaux, Belvès-Monplaisant, Croix des Alignés, Siorac, de Buffevent, Besse, etc. Empéoute intrigue et beaucoup butent sur le sens. Il faut, une fois encore, se tourner vers nos racines occitanes pour lever l'intrigue. Empéoute veut dire greffée.

 

Situons La Croix-Empéoute.

Cette barre calcaire séparant les bassins de la Dordogne et de la Garonne, front collinaire ultime relief significatif de l'érosion  géologique dont le niveau s'inscrit en général un peu au dessus des 200 mètres d'altitude, présente là, à 240 mètres du niveau de la mer, un goulet entre l'émergence de Latrape, alt 308 m, Cabirat, alt  254 m et Pradelle, alt 264 m. Sur ces flancs collinaires jaillit la source de la Ménaurie au Got, alt 214 m, tandis qu'à Cabirat, alt 201 m, la plus haute source permanente de la Nauze  donne le la à son creuset. Notons que le chemin de fer, sous la Croix-Empéoute, justifia le percement du souterrain de Latrape, ouvrage de 1 860 m de long, pour limiter l'effort de traction d'une rampe déjà sensible.  

 

 

 

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La Croix d\\\'Empéoute

 

 

La petite histoire de la Route nationale 710.

 

Cette route, multi-segmentaire, fut désignée route nationale en 1930 et le demeura jusqu'en 1973. En 1930, les décideurs ont promu bon nombre de routes nationales dans la catégorie nationale. C'était, en quelque sorte, une reconnaissance de ces routes qui, dans leur emprunt, dépassaient les dessertes typiquement locales ou départementales. On notera cependant que certaines d'entre elles étaient limitées à un segment mono-départemental. C'était le cas pour la R.N. 706 qui allait du Poteau de Campagne-du-Bugue à Montignac. 

 

Les routes nationales sont, en France, des voies d'importance nationale ou européenne. Elles traversent ou maillent de larges portions du territoire, par opposition aux routes départementales ou communales plus localisées.

Les déclassements de 1972 sont une série de réformes du réseau routier national français, intervenues entre 1972 et 1974. Ils sont prévus par la loi de finances pour l'année 1972, dont l'article 66 fixe le scénario de 55 000 km de voirie nationale secondaire, représentant plus des trois quarts du réseau.

 

Notre 710 partait donc de Ribérac, alt 66 m, pour atteindre Monsempron-Libos, alt 70,5 m. Après avoir épousé le creuset de la Dronne, elle atteint, dans les collines astériennes, son faîte à Mensignac en tutoyant les 200 mètres d'altitude, 197 m pour être précis ; là, elle bascule du sillon de la Dronne à celui de l'Isle qu'elle découvre au Collège d'Annesse & Beaulieu. Elle remonta donc le sillon de l'Isle pour se confondre avec la R.N 139, devenue depuis R.D 939, près de l'abbaye de Chancelade où là elle était absorbée par la route d'Angoulême. Elle sera neutralisée successivement par les ex R.N 21 et 89 jusqu'à Niversac, écart de la commune nouvelle de Boulazac Isle Manoire. Elle renaît là pour 30 km jusqu'au Bugue. Au piédroit de la Caverne de Bara-Bahau, elle doit à nouveau s'effacer pour la R.N 703.

 

Image illustrative de l’article Route nationale 703

Cette dernière, par l'artifice du plus petit numéro, lui dame le pion. Elle repart de la Faval, lieudit du Coux, pour une vingtaine de kilomètres jusqu'à Mazeyrolles. Un dernier effacement lui est imposé par la route des bastides, la R.N 660, qui la recouvre pour 5 km jusqu'au carrefour de la gare de Villefranche-du-Périgord.

 

L'image ci-contre illustre la départementalisation de la R.N 703. Depuis une trentaine d'années la R.D 703, en changeant son assiette, a repris 1 km de la 710 entre la Faval et Siorac. 

 

 

Enfin, pour sa dernière section de 19 km, elle va suivre la Lémance jusqu'à sa confluence à Monsempron-Libos.

 

La R.N 710 ouvrait un itinéraire qui épousait les creusets de la Dronne, de l'Isle, du Manoire, du ruisseau de Saint Geyrac, du ruisseau de Journiac, de la Douch, de la Vézère, de la Nauze, de la Ménaurie et de la Lémance. Elle accompagnait, au début du siècle précédent, le chemin de fer de Ribérac à Périgueux et, à peu de chose près, aujourd'hui reprend l'itinéraire de la ligne ferroviaire de Niversac à Monsempon-Libos. Les actuelles R.D 710, tant dordognaise que lot & garonnaise, s'imposent en axes vitaux de leurs départements respectifs 

 

Nos décideurs qui ne savent pas quoi inventer pour générer des dépenses totalement inutiles, ont donc estimé pertinent de déclasser bon nombre de nos routes nationales... ce qui a engendré d'impressionnantes dépenses; entre autres de recomposition des panneaux. Comme il ne s'agissait "que" de décharger l'état de dépenses pour les reporter sur les départements, le commun des mortels peine à comprendre qu'à l'ère de l'informatique et de la comptabilité analytique, où l'on sait gérer jusqu'au dernier centime de l'investissement d'un pot de peinture, il y ait eu besoin de ces déclassements pour suivre la gestion de nos routes !

Là, mais c'est bien secondaire, n'y a -t-il pas eu, aussi, une dévaluation patrimoniale, presqu'une frustration. Les villes et villages traversés par la R.N 7 ou la R.N 10, par exemple, n'ont-elles pas perdu une part de leurs repères et de leur âme lors de ces déclassements.  

 

 

Fichier:Mensignac fours à chaux.JPG

 

Anciens fours à chaux, lieu-dit les Fours à chaux, Mensignac, Dordogne.

Image Père Igor. Wikipédia Commons. 

 

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Ce samedi 13 février nous suivrons, au fil de la Vézère, l'ancienne R.N 706, devenue par caprice de décideurs la R.D 706.

Cet article, initialement prévu pour ce vendredi 12, interpellé par la spirale de l'actualité, est reporté de 24 h.



12/02/2021
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