Terre de l'homme

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Le printemps salué lors d'une promenade collinaire

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

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Françoise et Rémy

 

Françoise Martinet et Rémy Bruneteau 

 

Représentant les forces vives sioracoises, Françoise, édile sioracois, et Rémy, président de l'Association du Petit Patrimoine, fortement impliqués dans la vie locale cette commune, donnaient le la à cette promenade printanière.

 

Le ciel n'était pas particulièrement engageant mais il n'y eut pas la moindre goutte d'eau pendant cet après-midi d'équinoxe. Plusieurs personnes, appréhendant de possibles giboulées de mars, ont préféré ne point venir se joindre au petit groupe qui, avec une température très favorable à la promenade, partit à l'assaut de ces sentes collinaires.

 

Le groupe fut donc modeste, 14 personnes, mais la qualité était là, notamment avec la présence de Françoise, de Sandrine et aussi celle de Maryse Valette, venue de La Roque-Gageac, qui, sur ces chemins chargés de petites histoires, prit bien des notes. Maryse, profondément attachée à tout ce qui concerne les repères de nos ancêtres et aïeux, s'inscrit tout naturellement dans ce genre de découvertes. On pouvait également noter un couple de néo-Sioracois qui tient à découvrir l'espace rural qu'il a retenu par coup de coeur. 

 

 

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À gauche, la source et, à droite, la vasque qui a dû servir de lavoir et, aussi, d'abreuvoir pour les animaux. La source est naturelle, la vasque est une greffe humaine. On remarque, sur la droite, la trace de l'exutoire. L'eau, ce bien si précieux, avait, sur les reliefs, encore plus de valeur que dans les plaines. Je remercie 65 ans après, Berthoue, une amie de ma tante centenaire, d'avoir fait découvrir, à mon cousin et à moi-même, ce bijou, lors des vacances  scolaires du printemps de 1957. C'était en marge d'une cueillette de lilas pour notre grand-mère.    

 

La promenade, comme convenu, fut une micro-approche de l'onomastique des lieux. Le groupe partit de Raunel. Raunel, historiquement, est un lieudit, pluri-séculaire. "Rauna" en occitan veut dire se plaindre et, un peu par erreur, d'aucuns ont vu au siècle dernier, une plainte du Raunel, cet adjacent à la Nauze qui, de Vielvic à Raunel, s'épanche en émettant une plainte, un regret de quitter ces, et ses, prés où l'on prend plaisir à s'attarder. 

 

Que nenni, ce n'est pas le fondement onomastique du Raunel, cours d'eau. Ce dernier fut une réappropriation  du toponyme qui partit de la muse d'André Delpeyrat, l'instituteur de Monplaisant, d'il y a un siècle". Ce pédagogue voyait là un tout petit Rhône. Avant, ce cours d'eau était désigné le Ruisseau de Monplaisant.

 

 

La première escale fut au belvédère de Pech-Bracou. Ce passage fut accordé par Véronique et Frédéric Chevalier,  les propriétaires  de la source-fontaine de ce relief.

Ce bijou est un caprice collinaire. En général, par un phénomène naturel, les sources sourdent plutôt, dans les bas fonds. Là, à 168 mètres d'altitude, on tutoie le faîte de Lastournière.

 

L'épanchement de cette fontaine va vers la Nauze.

 

   

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La seconde escale nous a conduits à la fontaine de Barthalem. Barthalem nous vient de loin dans l'histoire sioracoise. Ce toponyme est à rapprocher de Barthélémy qui devait être un pâtre de ces collines. Les eaux de Barthalem filent vers la Dordogne.

 

La fontaine de Barthalem fut réhabilitée par les bénévoles de l'Association du Petit patrimoine sioracois sous la conduite de son président fondateur Vincent Bellard.

 

 

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À quelques hectomètres de là, un autre lavoir fontaine a été dégagé du roncier. Nous sommes là à Fontpeyrine. D'aucuns voient dans la sémantique de Fontpeyrine, une fontaine, naturellement, et celle-ci, jadis, aurait pu appartenir à un personnage dont le patronyme se serait adjoint à la font.

Notre ami Daniel Chavaroche, érudit es onomastique, voit plus logiquement dans les Fontpeyrine que l'on trouve dans de multiples endroits de la terre occitane, " Una font peirina es una font plan cargada en calcaire". La fontaine de Fontpeyrine a donc probablement été réputée, chargée en calcaire. [Remercions Maryse Valette pour cette précision].  

 

L'écoulement de Fontpeyrine va au Raunel.

 

 

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Joëlle, Pierre, Kareen et Christian, Tina et Réglisse reprennent leur souffle avant de repartir vers le Souleillal.

 

Les archéologues ont-ils percé tous les mystères des dolmens… c'est peu probable. On est perplexe quand on jauge ces masses venues et assemblées par de mystérieux moyens qui, aujourd'hui, seraient des prouesses de manipulation. Nous pensons que ces mégalithes ont été érigés pour servir de sépulture à d'illustres ancêtres.

Les mystères de ces témoignages sont probablement loin d'être décryptés en totalité.

 

Une petite pause nous a amenés au pied du Dolmen de Peyre-Levade, soit la pierre levée. On est toujours plus qu'intrigué par ces masses transportées là par nos lointains ancêtres. Ceux-ci vivaient à l'Holocène, retour des périodes froides et interglaciaires qui ont débuté, il y a environ 12 000 ans, quand la France et l'Angleterre étaient encore réunies, bien loin du Brexit,  et que les migrations humaines parcouraient nos collines. Ce mégalithe compterait entre 5 000 et 5 300 ans et serait, plus ou moins, concomitant à la genèse des premiers pharaons.

 

Quelques minutes avant d'arriver à la fontaine de Souleillal, l'équinoxe de printemps 2022 a eu lieu à 16h33 et 23 secondes, heure française (15h33 et 23 secondes, temps universel).

 

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Rémy et ses compagnons "fontainiers" ont tracé là un lieu idéal de pique-nique ombragé.

 

Le Souleillal, une source fontaine qui, hélas, a perdu beaucoup de son alimentation. Ce petit bijou, dont la racine est le soleil,  nous le devons au travail des bénévoles mus par le président Rémy Bruneteau qui a tant donné pour la renaissance du petit patrimoine. Rémy a travaillé avec acharnement pour faire renaître  ce délice sourcier. Il s'est entouré de ses précieux compagnons d'équipée fontainière, Jean- Louis Darnige, Paul Baret, dit Paulo- et Alain Uro.

Là, Rémy, qui fut discret pendant toute la promenade, a raconté la vie récente de cette source fontaine. Il n'y a pas si longtemps, quand les lave-linge étaient inexistants, les ménagères régnaient en souveraines dans ces lieux mais, pour amener les lourdes charges des brouettes, elles acceptaient que les bras virils conduisent la charge jusqu'au lavoir. Les hommes, ensuite, se regroupaient avec le casse-croûte et le fruit de leur vigne, pour un large débat sociétal en attendant que les dames sifflent la fin de leur récréation, pour ramener les brouettes chargées des corbeilles de linge propre au logis. 

 

Le chagrin de Rémy et de ses équipiers fut de découvrir que la veine aquifère, sans s'être tarie, n'est plus que peau de chagrin.

Le flanc collinaire du Souleillal se déverse dans le Ruisseau de Fon Caude.

 

Rémy a pensé que la promenade, après avoir profité du point de vue de Pech-Bracou, serait lacunaire s'il n'y avait, en complément, celui, plus grandiose encore, du belvédère du Souleillal. Cet ajout fit que le circuit, dans sa totalité, tutoya les 10 km mais quelle satisfaction pour les promeneurs d'avoir découvert  ces collines. 

 

 

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Rémy "le conservateur patrimonial sioracois",  le metteur en scène de cette vie réanimée, au premier plan, avec un bourgeron jaune

 

Le passage au bourg de Siorac mérita bien quelques petites escales. On salua à la gare, le passage du TER avant de remarquer le lavoir de la Croix. Là, c'est Françoise Martinet qui fut chargée par Rémy de conduire les promeneurs au pied de la plaque rappelant que son grand-père fut un éphémère mais sympathique maire de la Résistance.

 

Une note mémorielle

 

 

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Françoise Martinet, émue au pied de la plaque de son grand-père paternel. Antoine Martinet venait juste d'être choisi pour être maire du village de Siorac quand des miliciens en armes, venus de Sarlat, sont venus l'abattre devant sa maison, le jeudi 8 juin 1944.

 

Le débarquement venait d'avoir lieu le mardi 6 juin. Tous les espoirs devenaient permis. L'histoire, cette vis sans fin, ne s'arrêtait pas là. Ceux qui avaient choisi le camp de l'horreur, n'entendaient pas que leur sinistre schéma soit emporté par la libération prochaine. D'autres horreurs allaient venir, le 24 juin à Fongauffier, quatre partisans s'effondrèrent sous le tir de la soldatesque du Führer, deux autres connurent un sort identique à Landrou, le 9 juin sera l'épisode tragique des pendus de Tulle. Le 10 juin sera l'impardonnable acte de barbarie d'Oradour-sur-Glane.

Nos villes, bourgs, villages et hameaux comptent hélas bien des lieux tragiques. La Vallée de la Dordogne ne fut pas épargnée. De Rouffillac à Tuilières les mémoriaux sont là pour témoigner. 

 

Après cet arrêt dans le quartier du Couvent, ce fut le retour au point de départ en empruntant le Chemin Roland Andrieux, chemin réhabilité qui pérennise le nom d'un prisonnier de guerre mort en captivité.

 

Les photos © sont de Sandrine Bruneteau.

 

Cette escapade verte, a priori, a plu aux participants. Si vous pensez avoir manqué quelque chose, manifestez-vous pour une très éventuelle réédition.

 

Pierre-Bernard Fabre



22/03/2022
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