Terre de l'homme

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Les 6 et 7 février 1934, la République chancela. Le pouvoir de la rue triompha.

 

 

Nous avons tous appris que la démocratie a besoin de trois pouvoirs, a priori indépendants les uns des autres (sic), exécutif, législatif et judiciaire.

 

https://www.vie-publique.fr/fiches/19546-quels-sont-les-differents-pouvoirs-definis-par-une-constitution

 

À aucun moment, n'est cité un quatrième pouvoir, celui qui dérange et chagrine parce qu'à tout moment, il menace l'édifice. C'est le pouvoir de la rue. Ce pouvoir qui sait filer sur le Palais Bourbon, qui, directement ou indirectement, s'en prend aux symboles du pays, édifices publics  et autres, etc.

 

Les partisans de Donald Trump ou de Jair Messias Bolsonaro n'ont pas inventé la fronde pour résister à la vox populi et tenter, par la violence haineuse, de défaire les institutions. 

En France, où notre Cinquième République s'est construite sur les fonts baptismaux d'une agitation qui ne recherchait pas, au premier chef, les fondements de la démocratie, 14 ans avant cette lame de fond,  aurait pu voir vaciller la République.

L'affaire Alexandre Stavisky ébranla la vie parlementaire. Si le limogeage de Jean Chiappes, préfet de police, suspect de mansuétudes à l'égard des "ligues", était dans le "contentieux", tout était prétexte pour tenter de liquider les institutions.

 

En partant de ces scandales insupportables et inadmissibles qui, hélas, ébranlèrent le socle républicain, le président Lebrun désigna Édouard Daladier pour présider le Conseil des ministres. Probablement, il pensa obtenir un apaisement  après les affaires qui concoctaient le terreau de l'extrême droite. Tout se prêtait aux fers de lance qui aspiraient à défaire la République.

La France ne manquait pas d'idéologues porteurs d'idées dévastatrices. Les médias nationalistes avec "Gringoire", "Candide" de Pierre Gaxotte et "Je suis partout" de Robert Brasillach fustigeaient la République.

Des noms s'imposaient. Philippe Henriot, député de Bordeaux depuis quelques mois, militant catholique très marqué à droite", fin bretteur antirépublicain, antimaçonnique et antisémite, à la Chambre des députés, appela par trois fois, en janvier 1934, à "balayer la République". Sous l'Occupation, il mettra sa voix au service de Radio-Vichy

 

 

Un certain colonel, comte  François de La Roque (49 ans) n'était pas en reste pour  figurer dans la manifestation d'hostilité aux institutions. Les Croix-de-Feu présidées par cet officier supérieur misaient, jusqu'à l'indécence, sur l'appellation donnée aux combattants décorés pour une action d'éclat en première ligne, pendant la Grande Guerre.

 

 

Tous les ingrédients étaient donc réunis pour aller à l'assaut de la République.

 

Diffusion TV du film documentaire " Le jour où la République a vacillé : 6  février 1934 " - Mémoire des hommes

 

 

Bilan de la manifestation.

Des coups de feu sont échangés et la manifestation se transforme en une véritable émeute, qui dure jusqu'à 2h30 du matin. Le bilan s'établit à 15 morts (14 civils et 1 policier) et 1435 blessés.

Les conséquences politiques du 6 février 1934 sont très importantes. Le scénario souhaité par les émeutiers (sous la pression, la Chambre des députés refuse la confiance à Daladier) échoue : dans la soirée, Daladier reçoit un appui massif de la Chambre qui lui vote la confiance par 360 voix contre 220. Pourtant, dès le lendemain, parce qu'il ne se sent pas soutenu dans sa volonté d'adopter des mesures d'urgences, Daladier préfère démissionner. Pour la première fois, dans l'histoire de la IIIe République, la rue l'emporte donc : cela marque le glas de la "république radicale" qui ne se relèvera jamais de cet événement.

À plus long terme, le 6 février 1934 constitue une sorte d'événement fondateur pour la formation du Front populaire. C'est en effet au lendemain de cette émeute que les forces de gauche, interprétant le 6 février 1934 comme une tentative de coup d'Etat fasciste, décident de s'unir en vue des élections législatives de 1936.

 

Le bilan de la répression policière s'élève à 30 morts sur l'ensemble de ces manifestations. La crise provoque, dès le lendemain, la chute du second gouvernement Daladier et exerce une influence profonde et durable sur la vie politique française.

 

https://www.herodote.net/6_fevrier_1934-evenement-19340206.php

https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000900/la-manifestation-antiparlementaire-du-6-fevrier-1934-a-paris-muet.html

 

Pierre Fabre



07/02/2023
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