Passons du coq à l'âne
Cette expression serait un dérivé de celle datant du XIVe siècle : "saillir du coq à l'asne". Au XIIIe siècle, le mot "asne" désignait une cane. "Saillir", quant à lui, n'a pas changé de sens, il signifie toujours "s'accoupler". Or, il semble que les coqs essaient parfois de se reproduire avec des canes. "Saillir du coq à l'asne" serait donc devenu "passer du coq à l'âne" par déformation du mot "ane" sans accent. Cette expression signifie que l'on parle d'un sujet puis d'un autre alors que ceux-ci n'ont pas de liens directs. |
Mon billet d'aujourd'hui va passer du coq à l'âne, pourquoi ? Ce blog essaie, bon an mal an, d'avoir un thème pour chaque jour. Ces thèmes divers et variés suscitent, certes, chez certains? un intérêt très relatif. Parler, le 21 janvier, à un passionné de rugby, de la mort de Louis XVI, peut ne point le captiver ; mais si l'on retrouve une photo "historique" de l'odyssée des Sangliers en 1962, on peut éveiller des souvenirs enthousiastes. Le 21 janvier, sans renier un pouce de mes convictions laïques, progressistes et républicaines, j'aurais voulu parler de la fin atroce de Louis XVI. J'ai préféré parler de mon meilleur ami qui, en ce moment, a besoin de toute notre affection. Le 22 janvier, j'aurais souhaité pointer la Saint Vincent* qui était, jadis, la première fête de village de notre bassin de vie, mais il m'a semblé préférable de souligner la pertinente démarche citoyenne de Claudine Le Barbier.
Pour revenir un peu sur tous ces "brouillons", je vais consacrer, dans un désordre indescriptible, le billet de ce lundi à tous ces regards rétrospectifs.
Le 21 janvier, jour de la Saint Vincent, précède de deux jours la Saint Barnard. Ce dernier s'inscrivait dans le calendrier grégorien avec la Saint Raymond, aujourd'hui largement oublié ou, tout au moins, peu fêté.
" Saint-Barnard ensoleillé rend le vigneron gai. "
" S'il gèle à la Saint-Raymond, l'hiver est encore long. "
Les saints de l'agenda, au gré des errements des compositeurs du calendrier, peuvent changer de date. Ce fut le cas pour la Sainte Luce. Elle a traîné son idée reçue, totalement inexacte, d'accroissement des jours d'un saut de puce. La Saint Raymond a été avancée du 23 janvier au 7 janvier. A priori, cela n'a absolument rien à voir avec les Raymond de Toulouse qui ont connu l'ère des Cathares contemporaine de l'épouvantable croisade contre les Albigeois.
Raymond VI est un prince plus politique que belliqueux. Il se montre calculateur, temporisateur et d’une grande souplesse politique, faisant mine de se soumettre à plusieurs reprises pour mieux se redresser au meilleur moment. Cela lui a permis de reprendre à Simon de Montfort le comté de Toulouse. Cultivé, il compte parmi ses amis, nombre de troubadours. [Source Wikipédia]
* Les deux premières fêtes de village choyaient le 21 janvier, sur la R.D. à Saint Vincent-de-Cosse et, sur la R.G, le 3 février à la Chapelle-Péchaud pour la Saint Blaise. Aujourd'hui, elles ont vacillé dans le domaine de l'oubli.
Quelques mots sur Saint Vincent et Saint Blaise. Wikipédia
Saint Vincent. Vincent de Saragosse est un diacre espagnol au temps de l’évêque Valère, mort martyr en 304 à Valence lors de la persécution de Dioclétien. Reconnu saint, il est commémoré le 22 janvier selon le Martyrologe romain par les catholiques et le 11 novembre par les orthodoxes.
Pourquoi Saint-Vincent est-il le patron des vignerons ?
Saint Vincent, patron des vignerons, imagerie populaire religieuse de Pellerin à Épinal, 1836. Les vignerons l'auraient choisi comme saint patron parce que son nom renferme le mot « vin ».
Saint Blaise. Patron d'Auvergne. Évêque et martyr (316). D'abord habile médecin, il devint évêque de Sébaste en Arménie, mais quitta rapidement son siège pour vivre en ermite, en compagnie de lions, de tigres, de loups et autres bêtes sauvages.
Revenons à nos moutons ou, plutôt, à nos vignerons. Leurs saints, Vincent et Barnard, placés dans le calendrier les 21 et 23 janvier, ouvrent donc le mois de Pluviôse.
Image ©. Chais & vignes.
À cette période, rarement chaude, la vigne est en repos. Il faut donc préparer ses sécateurs et aller tailler la vigne. Il ne faut pas perdre de temps car, après le repos hivernal, la sève va repartir et, pour emprunter une expression de vignerons, la taille tardive fait pleurer.
On notera que Philippe-François, Nazaire Fabre [dit d'Églantine] qui a, merveilleusement, mis en poésie le calendrier républicain, a consacré son ouverture de Pluviôse au végétal lauréole, évitons de louper le l. Ce sous-arbrisseau aux feuilles vert brillant charnues et aux fleurs jaune vert, jouit d'une longue durée de floraison et son goût pour l'ombre, ont fait de lui un sujet original pour orner un bosquet ou le pied de plantes hautes. Les jours suivants, il a rendu hommage à la mousse, au fragon et aux perce-neige, ces superbes fleurs hivernales que Dame Nature a armées d'aptitude à percer la neige comme leur nom l'indique.
De gauche à droite : une image de lauréole, de mousse, de fragon et de perce-neige.
N'oublions pas que le poète dantonien a, néanmoins, voulu consacrer un mois entier à la vigne et c'est au premier mois de l'automne qu'il situa Vendémiaire.
Les maximalistes révolutionnaires ont eu bien tort de répandre la Terreur. Elle a assombri une œuvre immense et fait tomber bien des têtes dont celle de Philippe, François Nazaire Fabre. Cette atrocité ébranla la conscience de bien des progressistes où l'on trouva l'idéaliste Nicolas de Condorcet.
Philipe, Nazaire Fabre monta donc sur le terrible appareil du Dr Guillotin, le même jour que son mentor Danton, en regrettant de ne point avoir terminé son dernier ouvrage.
Fabre d'Églantine, un Girondin et personnage important, ne résistera pas à la furie révolutionnaire et transitera par la rue qui portera son nom, avant d'arriver sur l’échafaud. Poète dans l'âme, on lui doit la chanson "Il pleut bergère" mais aussi le calendrier révolutionnaire. |
Les vers l'obsèdent au point que, sur la route de l'exécution, le voyant tout tremblant, Danton lui demande s'il a peur. "Non, mais il me manque un vers pour mon poème", lui aurait-il répondu, dans des propos rapportés par Sanson, le bourreau. Danton, dans un dernier cynisme, le rassura ainsi : "Ne t'inquiète pas Fabre, dans 8 jours, des vers tu n'en manqueras pas".
N'étant ni mathématicien, ni professeur de mathématiques, ni même simplement matheux et pas davantage littéraire, je puis m'égarer en parfaite inconscience dans le labyrinthe d'idées confuses mal assemblées qui, pour le moins, font désordre. Il vous est, néanmoins, tout à fait autorisé de critiquer, de saper, voire de saborder ce billet. Cela s'appelle la liberté d'expression.
La fenêtre commentaire est là pour cela. |
Pierre-Bernard Fabre
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