Qu'est-ce qu'une théocratie ?
Bien que ce substantif soit compris par tout un chacun, Le Petit Robert estime que ce nom féminin est didactique.
Il lui donne deux sens très proches. En premier, "Gouvernement par un souverain considéré comme le représentant de Dieu" et, secondement, "Régime où l'Église et les prêtres jouent un rôle politique important".
La théocratie est, au sens premier, "gouvernement par Dieu". En ouvrant le champ, on considèrera les régimes politiques dont l'autorité est exercée par les leaders d'une religion ou par un souverain considéré comme le représentant de Dieu. Le Dalaï-Lama, au Tibet, aussi sympathique qu'il puisse paraître, est, néanmoins, un théocrate.
Quelles sont les théocraties dans le monde ?
On remarque naturellement deux théocraties majeures dans le monde. La première, l'Iran est une dictature phallocratique assassine, la seconde, le Vatican, dont l'autorité suprême impose la masculinité, aujourd'hui paisible, s'est heureusement dégagé de ce contexte terrifiant qui était la règle sous le pontificat d'Innocent III.
Il y a d'autres pays dans le monde où la liberté de conscience reste à conquérir. Le régime franquiste, bien qu'allié naturel de la religion catholique romaine, n'était pas vraiment une théocratie pure et dure. Les héritiers de Franco, l'assassin de la Deuxième République d'Espagne, qui ne cachent pas leur affinité avec le monde catholique, qu'il s'agisse du chasseur d'éléphant ou de son fils, n'ont pas osé, pu ou su imposer à leurs sujets, une obligation impérative d'épouser leur religion.
Le Royaume-Uni est-il une théocratie ?
À mon sens, oui. J'entends cependant les hurlements des adeptes de la monarchie d'Outre-Manche s'indignant d'être taxés de la sorte. Charles III, premier personnage de la religion anglicane, Outre-Manche, comme Mohammed VI, commandeur des croyants, au Maroc, se réclament chefs de leur théisme. Que les Britanniques n'aient pas pu ou n'aient pas su se dégager de cet archaïsme de la transmission par la naissance du premier pilier de l'État, manifestement, est une évidence. Quand la monarchie vacilla terriblement quand l'Angleterre perdit dans un horrible accident sa séduisante princesse, la presse ne manqua pas de faire remarquer que Tony Blair, le premier-ministre, qui sans trembler se déclarait travailliste, vola au secours d'une monarchie théocratique qui se transmet par la naissance.
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Il existe, Outre-Manche, de nombreuses personnes qui pensent que la monarchie, viol permanent du premier article de la Déclaration universelle des Droits de l'homme et du citoyen, est archaïque et contraire à la démocratie.
Un jour viendra, peut-être au cours de ce siècle, où les Britanniques en auront marre d'être des sujets. Ils aspireront alors à devenir des citoyens à part entière en obtenant que le premier personnage de l'État soit issu non d'un magnifique arbre généalogique mais du secret des isoloirs.
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Cela s'est passé le 29 décembre 1170.
Meurtre dans la cathédrale de Cantorbéry.
Le 29 décembre 1170, l'archevêque Thomas Becket (52 ans) est assassiné dans sa cathédrale de Cantorbéry pendant qu'il célèbre les vêpres. C'est l'épilogue d'une amitié entre le prêtre et le roi Henri II qui s'est transformée en haine. Une tragédie de théâtre appliquée à l'Histoire !
Un homme de principes
Fils d'un marchand de Rouen, Thomas Becket conjugue toutes les qualités : beauté, intelligence, adresse. Après des études à Paris, il entre au service de Théobald, archevêque de Cantorbéry et primat d'Angleterre. Celui-ci lui confie la charge d'archidiacre.
Thomas Becket devient le chancelier et l'ami du roi Henri II Plantagenêt. Il se montre administrateur efficace et bon courtisan.
Lorsque meurt Théobald en 1162, Henri II croit habile de confier l'archevêché de Cantorbéry à son ami. Le roi espère avoir de la sorte, un interlocuteur complaisant à la tête du clergé anglais. Mais il ne tarde pas à se rendre compte de son erreur.
Thomas Becket change très vite de manière et prend sa nouvelle tâche à cœur. Il abandonne sa charge de chancelier et renvoie les sceaux au roi, à la grande colère de celui-ci.
Sommé de comparaître devant une assemblée de barons, l'archevêque fuit à Sens (France) dans l'abbaye de Saint-Colombe. Son séjour sur le Continent se prolonge pendant six ans. Enfin, sur la foi d'une promesse de réconciliation d'Henri II, qui le rencontre en France, Thomas Becket consent à revenir en Angleterre.
Mais les querelles reprennent de plus belle. Un jour, comme l'archevêque a excommunié tous les évêques qui ont pris le parti du roi, celui-ci s'écrie : « Eh ! quoi, parmi tous ces lâches que je nourris, aucun n'est donc capable de me venger de ce misérable clerc ! » Quatre chevaliers ne se le font pas dire deux fois et courent à la cathédrale faire ce qu'ils croient être leur devoir.
https://www.herodote.net/29_decembre_1170-evenement-11701229.php
Ce jour du 29 décembre 1170 illustre le double rôle d'une monarchie absolue et théocratique qui n'avait cure des principes d'humanité de la religion qu'elle était censée incarner.
Thomas Becket, en donnant sa vie, certainement sans le savoir, fut l'un des contributeurs de la nécessité de séparer les Églises de l'État.
Pierre Fabre
