Terre de l'homme

Terre de l'homme

Les regards mémoriels sur des personnages pratiquement tombés dans l'oubli. Volet n° 1 (1/4).

 

 

 

 

Quand j'étais adolescent, le parcours quasi obligé pour les jeunes gens de la ruralité, était la préparation militaire. Les événements d'Algérie venaient, enfin, de trouver leur dénouement et le franchissement méditerranéen qui fut imposé à nos aînés nous fut épargné. Cette préparation fut, aux jeunes gens de l'ancien canton de Belvès, diligentée par un jeune gendarme, Moïse Vialard, qui avait des contacts chaleureux avec ses futurs conscrits. L'avantage de cette préparation était que les jeunes avaient la latitude d'établir un pré-choix avant le centre de sélection de Limoges. Pour ma part, déjà totalement acquis à la cause pacifiste, j'ai choisi le Service de santé. Ce choix m'a conduit à Robert Picqué à Villenave-d'Ornon, puis à Bar-le-Duc pour les classes ; elles n'avaient rien à voir avec la mission sanitaire, à l'Hôpital Gama de Toul, à l'Hôpital Hyacinthe Vincent de Dijon et, enfin, à l'Hôpital Legouest de Metz. On était là, moins d'un demi-siècle après sa fondation impulsée par Guillaume II. Ces vieux murs messins ont connu le changement de souveraineté depuis l'époque où Antoine Legouest, né en 1820, fut l'élève de Louis-Jacques Bégin.

Revenons à Robert Picqué quand j'effectuai, en 1964, ma période prémilitaire dans ce décor girondin, je retrouvai là un camarade mazeyrollais, mon aîné d'un an, le regretté Gérard Boutin. Il effectuait là son service militaire et je lui demandai qui pouvait être Robert Picqué. Gérard, hélas, nous quitta peu de temps après. Je crois avoir obtenu, en réponse à mon questionnement, un pff ! C'est longtemps, bien longtemps, très longtemps après, que j'ai pris le temps de rechercher qui pouvait bien être Robert Picqué.

 

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Aujourd'hui, le monde dans son ensemble est suspendu aux travaux des scientifiques. Pendant un an, nous avons croisé les doigts en espérant que les esprits scientifiques pourraient, dans un temps record, trouver un vaccin pour éradiquer la Covid 19.

 

Dans les hôpitaux, les personnels de santé et, aussi, toutes les petites mains qui travaillent à la maintenance de ces lieux sanitaires, s'appliquent à combattre ce fléau avec des moyens souvent insuffisants. De mémoire, jamais, depuis la grippe espagnole du début du siècle précédent, l'humanité n'a été interpellée avec autant d'intensité ravageuse.

Les moyens du corps médical civil, saturés, voire largement saturés, ont été épaulés par le Service de Santé des Armées. L'Hôpital d’instruction des armées Robert Picqué à Villenave d’Ornon,  a ainsi assumé un rôle déterminant dans ce combat contre un adversaire invisible mais ô combien inquiétant.

 

Pierre Fabre

 

Ce mardi 11 novembre, des patients Covid-19 ont atterri à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac (Gironde) en provenance d'Auvergne-Rhône-Alpes.

 

Des patients Covid-19 en provenance d'Auvergne-Rhône-Alpes, lors de leur réception à l'aéroport de Mérignac pour être pris en charge à l'Hôpital d’instruction des armées Robert Picqué. ©Twitter / Yann Bubien.

 

 

Le Docteur Robert PICQUé

Qui était Robert Picqué.

 

En Aquitaine, pratiquement tout le monde a entendu parler de Robert Picqué mais, probablement, bien peu de personnes savent qui était ce personnage qui a laissé son patronyme à l'Hôpital militaire  de la couronne bordelaise. Robert Picqué est au n° 351 de la Route de Toulouse à Villenave-d'Ornon.

 

Un cursus d'exception [Source Wikipédia].

 

Robert Picqué naît en 1877 à Paris et y fait ses études secondaires. En 1895, il entre à l’École du service de santé militaire de Lyon où il reste 4 ans. Devenu médecin, il entre à l’École d'application du service de santé militaire au Val-de-Grâce. Il est ensuite affecté dans une unité à Versailles. Il est agrégé de chirurgie du Val-de-Grâce en 1906.

En 1913, il publie un Traité pratique d’anatomie chirurgicale et de médecine opératoire. Cette même année, après avoir obtenu un doctorat ès sciences et l’agrégation d'anatomie et d'embryologie des facultés de médecine, il est nommé à Bordeaux où il enseigne l’anatomie et, en même temps, prend la charge d’un service hospitalier de chirurgie à l’hôpital militaire Saint Nicolas.

Pendant la Première Guerre mondiale, bien qu’inapte à faire campagne pour raison de santé, il obtient d’être affecté dans des postes chirurgicaux avancés. Le plus célèbre est celui de Beaurieux petit village à l’extrême Est du Chemin des Dames.

Après la guerre, il reprend ses fonctions professorales et la direction d’un service de chirurgie à l’hôpital de Talence.

Recevant des blessés ayant souffert de longs délais de transport, il propose de les évacuer en avion comme cela se pratiquait au Maroc et au Levant. Le général de l'air Félix Marie commandant le centre de Cazaux lui fait affecter 2 avions, et lui adjoint un sous-officier pilote, Goegel, qui ne le quittera plus. Lui-même devient officier observateur et reçoit un carnet de vol.

Afin de mettre en place un réseau d’évacuation sanitaire aérienne, il recense les terrains d’atterrissage possibles dans les 5 départements de la 18e région militaire (Basses-PyrénéesHautes-PyrénéesGirondeLandesCharente-Maritime). Remarquable propagandiste, il participe à la plupart des congrès nationaux et internationaux, tant en Europe occidentale qu'au Canada et aux États-Unis. Donnant l'exemple, il pratique lui-même de nombreuses évacuations sanitaires.

Le , il quitte Talence pour se rendre à Cazaux. Sur le retour, son avion est pris dans le mauvais temps et son moteur prend feu. Il est obligé de sortir de l'habitacle mais à cause d'une maladie neurologique chronique, il n'arrive pas à se retenir et tombe de l'avion au-dessus d'un bois près de la commune de Marcheprime.



28/12/2020
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