Résilience
Résilience, c'est le terme employé par Boris Cyrulnik pour désigner notre capacité à surmonter psychiquement les épreuves de la vie. Il y a là une raison d'espérer.
Ce n'est pas la première fois que notre monde est confronté à des épidémies et pandémies ; mais, avec le temps, ces événements tragiques finissent par relever de la statistique, même la grippe espagnole plus meurtrière que la guerre de 14/18 est devenue une information dans les livres d'histoire.
Dans un bel article paru dans "Terre de Nauze" en mai 2020, Jacqueline et Michel Carcenac s'appuyant sur des sources de première main, décrivent par le menu les ravages de la peste noire à Belvès en 1628, l'attitude ferme et responsable des autorités municipales et la discipline de la population ; donc, rien de nouveau sous le soleil si ce n'est que c'est nous qui sommes en première ligne et que se profile à l'horizon, une crise sociale et économique dont on ne connaît pas encore l'ampleur.
Nous sommes inquiets, anxieux, angoissés. Pour peu que cette situation se prolonge, on verra apparaître la suspicion, la culpabilité, la tentation de trouver des boucs émissaires et, peut-être, la renaissance de courants millénaristes avec leurs prédictions de calamités et de catastrophes.
Nous n'en sommes pas là. Nous sommes naturellement inquiets mais nous avons des périodes de répit qui nous rendent la vie agréable sinon supportable. Tel n'était pas le cas de Saint-Augustin, de Kierkegaard et de Pascal, éternels angoissés, tourmentés par la contingence de l'homme dont on ne sait qui il est, d'où il vient et où il va.
"Le silence de ces espaces infinis m'effraie " écrivait Pascal.
Notre désarroi à nous n'est pas d'ordre métaphysique, il est physique : peur de tomber malade, inquiétude pour la santé de nos proches, menace sur les emplois, séquelles au sortir de la crise, ce n'est pas l'infiniment grand qui nous effraie, c'est l'infiniment petit. Pascal estimait que le ciron acarien représentait l'extrême petitesse du monde (0,5 mm à 1,5 mm). Notre virus a un diamètre de 60 à 140 milliardièmes de mètre. Il est d'autant plus inquiétant qu'il est invisible à nos yeux. Cela autorisait-il un président matamore à vouloir l'écraser avec ses gros sabots ? Son pays a payé au prix fort sa désinvolture.
Avec l'oubli des pandémies anciennes, les progrès de la science, nous nous étions installés dans une vie relativement confortable. Le réveil est brutal, nous ne sommes pas invulnérables.
Par les temps qui viennent, pensons à nous protéger, à protéger nos proches, à prendre en considération les efforts des soignants et des chercheurs.
Le vaccin frappe à notre porte, nous verrons le bout du tunnel.
Pierre Merlhiot
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