Terre de l'homme

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Revenir à Tipaza

 

Albert Camus   Emir AbdelKader

 

 

Albert Camus et Abdelkader

 

Le président de la République a demandé, en juillet 2020, à l'historien Benjamin Stora, un rapport sur les questions mémorielles portant sur la  colonisation et la guerre d'Algérie. Ce rapport est entre ses mains depuis le 20 janvier 2021. On peut le consulter en cliquant ici.

D'anciens présidents de la république étaient déjà intervenus pour améliorer les relations entre nos deux pays.

Le 10 juin 1999, à la demande de Jacques Chirac, l'Assemblée Nationale adopte une proposition de loi reconnaissant officiellement la guerre d'Algérie (les expressions "maintien de l'ordre" et "pacification" sont abandonnées).

En décembre 2007, Nicolas Sarkozy prononce un discours à Constantine où il fait l'éloge de ce grand pays qu'est l'Algérie, des grands résistants de la cause algérienne, fait le procès du système colonial et invite les deux pays à se tendre une main fraternelle.

le 17 octobre 2012, François Hollande reconnaît avec lucidité la répression sanglante à Paris en 1961 à l'encontre des Algériens et rend hommage aux victimes.

Candidat, Emmanuel Macron n'est pas en reste : "La guerre d'Algérie, c'est un crime, un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie" et présente ses  excuses.

Une fois élu, Emmanuel Macron à Abidjan,  le 22 décembre 2019, déclare : "La colonisation  est une erreur profonde, une faute de la République".

Mais pourquoi avoir attendu 60 ans pour tenter d'obtenir une  réconciliation, alors que c'est chose faite depuis longtemps avec nos anciens protectorats, le Maroc et la Tunisie  (1956).

Cette guerre fut une véritable tragédie. Benjamin Stora parle d'un "impossible oubli". C'est pourquoi ces déclarations présidentielles intermittentes non suivies d'effets étaient insuffisantes pour entrer dans la voie de la réconciliation. Celle-ci sera difficile car le peuple algérien exige la reconnaissance unilatérale de notre responsabilité et les 7 millions de Français, descendants des pieds noirs et des harkis, n'oublient pas les conditions dans lesquelles leurs parents partirent en exil et l'accueil qu'ils reçurent en métropole.

Cependant le contenu du rapport est de nature à rapprocher progressivement nos deux pays. Dans l'ensemble des propositions, l'Histoire qui recherche les faits et leur véracité, trouve son compte : Accélération du travail sur les Archives, renforcement de l'enseignement sur le colonialisme et la guerre d'Algérie, création d'un office franco-algérien de la jeunesse.

La mémoire, qui relève  des émotions et des sentiments, aura la part belle : multiplication des hommages et des consécrations, élévation d'une stèle à l'émir Abdelkader, père du nationalisme  algérien, une journée d'hommage aux harkis et une autre en mémoire des Algériens tués à Paris le 17 octobre  1961, entrée de Gisèle Halimi au Panthéon.

Ce projet est vaste. Les propositions retenues s'étaleront dans le temps. Le 60ème anniversaire des accords d'Evian et du cessez-le-feu pourrait être le prélude à une réconciliation à laquelle nos deux pays ont tout à gagner.

Albert Camus, né en Algérie, écrit en 1938 "Noces à Tipaza" : "Au printemps, Tipaza est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes". C'est en ces termes qu'il parle avec ivresse et exaltation de sa terre natale qu'il verra  se déchirer.

 

Plus de 60 ans après avoir connu ce pays, quand il m'arrive d'oublier la guerre et ses séquelles, c'est à cet hymne d'amour d'Albert Camus que je pense et je retiens de ce qui fut un lieu d'affrontements sanglants : la beauté sauvage du Djebel, l'odeur  âcre de la terre brune et celle fade des eucalyptus qui poussent au bord des oueds dans la lumière du soleil.

 

TIPAZA 2
Timgad

 

                                                                       Tipaza et Timgad

 

Le jour où, le désir venant, nous pourrons sans crainte, en toute liberté, aller au soleil sur les plages d' Annaba (Bône), ville d'Hyppone dont  Saint-Augustin, penseur (berbère) le plus influent du  monde  occidental, fut l'évêque, visiter Constantine perchée en haut des gorges du Rhumel, admirer les ruines romaines de Timgad et de Tipaza, nous aurons fait un bon bout de chemin sur la voie de la réconciliation.

 

Saint Augustin

                                                      Saint Augustin

 

 

PS : "Si j'avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais ma mère ". Ces propos qu'on prête faussement à Albert Camus et  qui lui ont fait un tort considérable, sont apocryphes. L'ancien directeur de l'institut suédois à Paris rétablit la vérité. Albert Camus a dit "En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans l'un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère."

 

Pierre Merlhiot

 



30/01/2021
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