Soyez la bienvenue
Le chêne et l'olivier
Jean Moulin préfet Jean Moulin héros de la résistance
Il y a en Dordogne, dans la presse, une tradition : souhaiter la bienvenue aux nouveaux arrivants quels qu'ils soient : préfet, sous-préfet, gendarme, enseignant....
Terre de l'Homme a respecté cette tradition et tout porte à croire qu'au vu des commentaires, cette démarche a été appréciée. Ils sont à l'unisson, Pierre Fabre les a agrémentés d'une référence à un très beau texte d'Alphonse Daudet et s'est réjoui de voir de plus en plus de femmes occuper cette fonction (la première nomination remonte à 1974).
Madame la sous-préfète à la ville (photo Léna Badin pour Sud- Ouest)
Madame la sous-préfète a fière allure avec sa toque tricorne ornée d'une guirlande de feuilles de chêne (symbole de l'autorité) et de feuilles d'olivier (symbole de paix).
On reconnaîtra dans ces symboles une référence à l'antiquité. Dans cette période de troubles du Consulat, de nombreux hommes politiques sont fascinés par la grandeur romaine et la qualité de son administration gérée par des préfets.
L'abbé Sieyès évoque les avantages de ce système : " Si le pouvoir vient d'en haut, la confiance vient d'en bas". Bonaparte l'adopte.
Le 28 pluviose an VIII ( 17 février 1800) Napoléon Bonaparte crée la fonction de préfet et de sous-préfet : "Faites que la France date son bonheur de l'établissement des préfets".
Le Second Empire sera la période la plus faste pour le corps préfectoral : constructions monumentales et somptueuses, nombreuses salles de réception avec dîners et bals et présence de notables et de candidats officiels.
S'il y avait une date à retenir, ce serait celle du 8 mars 1982 où l'Etat est dégagé de l'exécutif du département et où, à sa tutelle se substitue un contrôle de légalité à postériori. Moment de rupture, la transition ne s'est pas faite sans mal, en particulier le transfert de compétences mal accepté par le corps préfectoral et, d'une façon plus accessoire, le partage des locaux et les nouvelles appellations de commissaires et commissaires adjoints de la république ( 1982-1986).
Les choses sont désormais rentrées dans l'ordre. Le sous-préfet joue un rôle important ; celui que j'ai le plus apprécié, c'est celui de conseil aux collectivités. J'ai parfois renoncé, sur le conseil d'un sous-préfet, à prendre, dans le feu de l'action, des décisions qui auraient été invalidées par le tribunal administratif.
Je voudrais conclure sur deux anecdotes que vous ne trouverez pas dans Wikipédia : candidat pour la première fois à une élection, j'apprends que le sous-préfet de l'arrondissement, oubliant que les pratiques du Second Empire n'avaient plus cours, faisait discrètement campagne contre moi. Le doyen des maires du canton lui demanda une entrevue ; à la suite de quoi, le sous-préfet respecta une neutralité dont il n'aurait jamais dû se départir. Je fus élu.
Le sous-préfet aux champs (illustration édition Flammarion)
Quant au texte d'Alphonse Daudet, "Le sous-préfet aux champs" (1866), remarquable par sa poésie et sa concision ; il s'inscrit dans la malice dont nous faisons preuve envers certaines professions ou fonctions, la plupart du temps bienveillante, "Le gendarme de saint-Tropez", plus rarement féroce dans "La tête des autres" de Marcel Aymé (critique des procureurs et de la justice). le texte d'Alphonse Daudet n'est en rien attentatoire à la fonction et à la dignité d'un sous-préfet. C'est un exercice de style où l'écriture règne en maître. On retrouve la même bienveillance pour autrui chez Marcel Pagnol.
Le départ d'un sous-préfet auquel je devais remettre un cadeau au nom du Conseil général, me donna l'occasion de citer ce beau texte, exercice risqué, car connu de tous, il pouvait être pris pour un cliché ou un poncif, superflu ou incongru. Les personnes présentes semblèrent apprécier cette référence à l'exception d'une personnalité qui, à voix basse, pour que je sois le seul à l'entendre, me fit savoir qu'un sous-préfet rejoignant son nouveau poste, avait autre chose à faire qu'à s'attarder en chemin et faire des vers en mâchonnant une violette.
Madame la sous-préfète, nous vous souhaitons, une fois encore, la bienvenue et si en dehors des tâches quotidiennes et prenantes qui vous attendent, il vous arrive de trouver quelque attrait à notre région, suivez l'exemple de votre confrère du Second Empire, sans vous méfier de la douceur des choses dont parle Paul-Jean Toulet dans son beau poème "En Arles" :
Dans Arles, où sont les Aliscams
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses
Pierre Merlhiot
A découvrir aussi
- Une monarchie parlementaire
- Le nouveau gentilé des habitants du Coux & Bigaroque-Mouzens.
- Jean-Matthieu Clôt, devant la poste de Belvès, a repris ses rencontres avec son lectorat.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 282 autres membres