Terre de l'homme

Terre de l'homme

Sûrement, Charles Darwin se fâcherait

 

Darwin

 

 

                                                             Charles Darwin - 1809-1882

 

Dans cette aventure effrénée de la vie qui n’est présente, jusqu’à maintenant, que sur Terre, la course à la compétition du plus fort, du plus malin, du plus résistant est la loi naturelle, fondamentale, primitive de la lutte impitoyable que tout être vivant livre pour la vie voire sa survie. Les espèces les plus résistantes y parviendront, non sans mal, en dépit des dangers de toutes sortes mais en y payant le prix par la disparition de beaucoup d’entre elles, en suivant cette vague piste pavée d’embûches que les premiers humanoïdes/ humains emprunteront dans leurs pérégrinations qui les mèneront toujours plus loin dans l’exploration de nouveaux territoires : les premiers chasseurs-cueilleurs nomades.

Dans son excellent article sur " L’odyssée de l’espèce " (11/2020), Pierre Merlhiot, fondateur de ce blog, nous invite à suivre l’arbre phylogénique à la recherche de nos origines : « L’évolution de l’homme nous mène de Toumaï (-7millions d’années) à Sapiens Sapiens (Cro-Magnon, l’homme moderne) en passant par des hommes aujourd’hui disparus. » et d’ajouter : « Odyssée dans le temps mais aussi odyssée dans l’espace : l’homme africain quittera par deux fois l’Afrique en empruntant le même itinéraire : le couloir du Levant. Il y a 1,8 million d’années, avec l’homme artisan HOMO ERGASTER, il y a 125 000 ans avec les ascendants de l’homme moderne venus de la corne de l’Afrique (Ethiopie, Erythrée). »

La grande taille d’Homo Ergaster, son endurance, ses qualités de chasseur lui ont permis d’accomplir cette longue migration...IL rencontrera l’homme de Neandertal, colonisera l’Asie et l’Europe, la cohabitation durera au moins 10 000 ans puis Neandertal s’éteindra progressivement en Espagne. Nous avons gardé, cependant, 2% de ses gènes. (Article  "D’où venons-nous ?" 10/2020)

L’homme-clé, c’est Charles Darwin avec sa théorie de l’Evolution. Les origines des espèces par sélection naturelle (1858) établissent des liens de parenté entre l’homme et l’animal. La réaction à l’époque de la femme d’un pasteur anglican est édifiante : « Mr Darwin dit que nous descendons du singe, soit ! mais, veillons à ce que la chose ne s’ébruite pas. »

Dans l’article "La Génétique au service de la quête de nos origines (mars 2021)", il nous dit : "Toutes les espèces ont disparu à l’exception d’Homo Sapiens Sapiens (Cro-Magnon)" .

 

tableau-phylogenique

 

 

Sahelanthropus Tchadensis ou Toumaï = -7 millions d’années

Australopithecus afarensis ou Lucy = - 3,8 millions d’années

Homo Neandertalensis = - 430 000 ans

Science interdisciplinaire, la préhistoire fait appel depuis les années 80 à la génétique.

Pierre Merlhiot, dans un commentaire à un de mes articles, me disait aussi : 

 

"Jacques, en te rendant en Ethiopie, d'une certaine façon tu revenais à la maison. Je m'adresse au Cro Magnon que tu es, tes ancêtres (les proto Cro Magnons) habitaient, il y a 200 000 ans, la corne de l'Afrique à savoir l'Ethiopie et l'Erythrée : deux sites au moins en témoignent Herto (- 160 000 ans) et Omo-kibish (-195 000 ans). Il prit à tes ancêtres l'idée d'aller vers le Nord, deux sites dans le nord d'Israël en témoignent : Skul (-81 000 ans) et Qafzeh (-120 000 ans), c'est là qu'ils rencontrèrent les néandertaliens (hommes de l'Europe par excellence) descendus vers le sud pour cause climatique.Ils occupèrent en particulier le site de Tabun sur le Mont Carmel (-400 000 -45 000 ans). On trouve aussi dans ce Levant, des sites mixtes.
Et c'est ainsi qu'ils eurent (beaucoup) des enfants dont les descendants que nous sommes, possèdent 2 à 3% des gènes néandertaliens. Cet épisode , les préhistoriens l'appellent la 2ème sortie d'Afrique (out of Africa).
Savais-tu, Jacques, que quand tu te rendis en Ethiopie, tu te rendais sur les terres de tes ancêtres ?"

 

Charles Darwin (1808-1882), le grand paléontologue et naturaliste anglais, dans son livre sur L’origine des espèces, nous livre sa conception de l’évolution et ce qu’il a appelé la Sélection Naturelle.

Si des humanoïdes voire des Hominidés, espèces proches de cette phylogénie humaine par leur génome, ont pu franchir des étapes successives comme autant d’évènements, d’épreuves ou de changements lents voire rapides, ils le doivent à leurs capacités d’adaptation, à une intelligence qui, progressivement, s’est éveillée, s’est interrogée, a analysé l’environnement, en a déduit des savoir-faire, à la conception et au perfectionnement d’outils à base de silex, à l’amélioration de l’hébergement, de l’alimentation, des relations inter-groupes jusqu’à aller s'interroger, plus tard, sur lui-même et sa propre condition dans l’univers, en laissant de magnifiques traces ornementales rupestres de son passage.

Autre révolution qui a permis leur survie : le feu. Non que cet autre élément leur soit moins familier que l’eau et les rivières poissonneuses mais quand la foudre tombait du ciel, ils avaient pu en mesurer tous les effets. L’observation de la percussion ou du frottement de silex entre eux générant des étincelles, leur ont permis de reproduire et de domestiquer cet élément qui, certainement, contribua, en partie, à leur sédentarisation et à la découverte de la cuisson des aliments, en particulier la viande.

Les premiers outils permettent d’établir une chronologie :

article « La génétique au service de la quête de nos origines » mars 2021

 

culture-lithique

 

 

 

galets-amenages

 

 

 

feuille-laurier

 

 

. Les premiers outils-

< Homo habilis aurait façonné les premiers outils. L’outil le plus ancien et le plus simple est « le galet aménagé » qu’on frappe avec un autre galet pour en détacher des éclats et obtenir un bord tranchant. Il sert par exemple à découper la viande.

< Le Biface fabriqué par Homo erectus est un galet en silex, taillé sur les deux faces. Ses bords sont tranchants et son extrémité pointue. Ils permettaient de découper le gibier, travailler le bois.

< 3 millions d’années séparent galets aménagés et feuilles de laurier solutréennes en passant par le Biface acheuléen.

L’adaptation à cette vie rude et dangereuse, leur compréhension, leur analyse de l’existant, leur anticipation des dangers multiples, des conditions naturelles climatiques rigoureuses de la géographie du pays ont été essentielles : plaines, montagnes, forêts denses, jungles, steppes, toundras, déserts peuplés d’une faune animale diverse, abondante et/ou de bêtes féroces, températures extrêmes et périodes glaciaires les obligeant à se réfugier dans des abris ou des grottes, confrontés à des ours redoutables, éruptions volcaniques obscurcissant le ciel, catastrophes naturelles, le tout mettant à mal leur condition physique, tels étaient leur environnement et les conditions de leur survie.

Malgré de vastes territoires non défrichés, il y avait nécessité de se protéger de l’inconnu, voire de combattre à l’occasion de rencontres imprévues, d’embuscades avec des congénères mus par les mêmes intentions de domination, de possession, d’élimination, luttes pour des territoires plus fertiles et productifs car la hantise c’est la famine. L’on sait, en effet, que les processus de disparition des espèces sont passés par des phases de sous-alimentation, de famines et ont débouché sur le cannibalisme, sans compter le cortège redoutable des maladies, épidémies, handicaps, une mortalité infantile au plus haut, des grossesses et accouchements frappés de complications et génocides entre tribus.

Ces processus de Sélection naturelle ont causé des ravages et ne sont restés que des souches d’Hominidés au capital génétique intact, des individus en possession de leurs facultés mentales et physiques, ayant bénéficié des acquis de leurs prédécesseurs, de l’expérience et de la culture du clan.

De ce processus naturel, on ne peut exclure les changements de phénotypes (ensemble de caractères anatomiques, physiologiques et antigéniques permettant d’identifier et de classer chaque type d’individu) portés par les gènes caractérisant le génotype (patrimoine héréditaire dépendant de l’ensemble des gènes, le génome).

De nombreuses modifications de caractères comportementaux sont intervenues, sans effet sur la génétique, sans doute grâce à la faculté de plasticité cérébrale (faculté du cerveau de s’adapter et de se modifier, en particulier lors d’apprentissages) d’ordre phénotypique, hérédité non génétique des caractères ne reposant pas forcément sur une modification de la séquence d’ADN mais transmises entre générations : l’hérédité culturelle dans l’invention et la pratique d’outils, d’armes destinées à la chasse, au combat, nécessitent créativité et performance. La fabrication et l’usage de l’outil permet sa transmission de génération en génération et l’intégration de son usage par la pratique, l’observation, son perfectionnement, la reproduction fidèle de stratégies face au danger de l’adversaire, une constitution robuste pour résister à l’agression, aux blessures, infections etc.… grâce à un capital immunologique neuf ayant préservé l’espèce.

La Microévolution consiste en l’étude des changements mineurs apparus au fil des 3,7 milliards d’années depuis l’apparition des premières cellules vivantes. La Macroévolution concerne les grandes transformations : l’apparition des Mammifères ou plantes à fleurs, extinction des Dinosaures.

Grâce aux connaissances interdisciplinaires acquises en géologie, paléontologie, génomique, on a pu reconstruire la phylogénie d’espèces comme les cétacés, les oiseaux, la chronologie de leur apparition et de leur extinction.

De grands évènements ont chamboulé la terre avant même l’apparition des premiers humanoïdes, entraînant cinq extinctions de masse : ainsi, au Crétacé, il y a 66 millions d’années, environ 75% des espèces ont disparu dont les Dinosaures du fait de l’impact d’un énorme astéroïde sur le sol mexicain.

On peut considérer le résultat de la Sélection Naturelle prônée par Darwin, comme étant la somme et l’effet de toutes ces transformations par le milieu, la nécessité de s’adapter, l’évolution phylogénique et la plasticité naturelle de chaque individu qui, lui-même, a bénéficié de l’héritage génique d’un ou plusieurs ancêtres.

En matière d’horticulture, par exemple, on crée de nouvelles roses en croisant de vieilles variétés entre elles et des éleveurs d’animaux ont fait du loup, un teckel, en 11 000 ans.

Guillaume Lecointre, zoologiste français nous dit :

« Le simple fait que les hommes puissent changer à leur guise la morphologie d’une espèce, montre bien que celle-ci est en quelque sorte plastique, possède une capacité à être modifiée. Chaque espèce constitue une limite pour les autres, soit en occupant leur espace soit en les exploitant (prédation, parasitisme), soit en partageant les mêmes ressources. Bref, les autres espèces constituent autant de contraintes qui jouent un rôle d’agent sélectif. »

Mais, au fil du temps, la démographie s’est emballée, l’homme domine toutes les autres espèces, occupe de plus en plus un espace qui se rétrécit ; se pose, maintenant, le problème de plus en plus aigu de l’existence même d’animaux, de végétaux dont on nous annonce régulièrement l’extinction. L’activité humaine s’est développée, multipliée, trop souvent sans contrôle, apportant pollution du sol, de l’air, émissions de gaz à effets de serre, modifications des grands équilibres et du climat et conséquences des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. Périodes de sècheresses anormales réduisant, dramatiquement, le débit des fleuves et disparition de cours d’eau, abaissement du niveau des nappes phréatiques... beaucoup de choses évoluent autour de nous, montrant que l’activité humaine non maîtrisée entraînerait des conséquences de l’ordre de celles qu’ont connues les premiers hommes sur terre.

Nombreux sont les naturalistes, anthropologues, scientifiques, ornithologues qui s’inquiètent de la disparition ou de la diminution de certains oiseaux ou animaux fragiles. On n’entend presque plus le chant de l’alouette dans les champs.

Que dirait Ronsard, lui qui écrivait au XVIe siècle :

 

Ode à l’alouette

1- T’oseroit bien quelque poète                    2- Qu’il te fait bon ouyr ! à l’heure

Nyer des vers, douce alouette ?                   Que le bouvier les champs labeure

Quant à moy je ne l’oserois,                          Quand la terre le printems sent,

Je veux célébrer ton ramage                        Qui plus de ta chanson est gaye,

Sur tous oyseaux qui sont en cage,                Que couroussée de la playe

Et sur tous ceus qui sont es bois.                   Du soc, qui l’estomac fend.

 

3- Si tost que tu es arrosée                          4- Puis du ciel tu te laisses fondre

Au point du jour, de la rosée                          Dans un sillon vert, soit pour pondre,

Tu fais en l’air mile discours                           Soit pour esclore, ou pour couver,

En l’air des ailes tu fretilles,                          Soit pour apporter la bechée

Et pendue au ciel, tu babilles,                         A tes petits, ou d’une Achée

Et contes aus vens tes amours.                       Ou d’une chenille, ou d’un ver.

 

5- Lors moi couché dessus l’herbette                6-Puis je di, tu es bienheureuse,

D’une part j’oy la chansonnette ;                         gentille Alouette amoureuse,

De l’autre sus du poliot,                                      Qui n’a peur ny soucy de riens,

A l’abry de quelque fougère                                Qui jamais au cœur n’as sentie

J’écoute la jeune bergère                                   Les dedains d’une fière amie,

Qui dégoise son lerelot.                                      Ni le soin d’amasser des biens.

 

7- Ou si quelque souci te touche,                      8- Mais je vis toujours en tristesse,

C’est, lors que le Soleil se couche,                      Pour les fiertez d’une maîtresse

De dormir, et de réveiller                                  Qui paye ma foi de travaus,

De tes chansons avec l’Aurore                            Et d’une plesante mensonge,

Et les bergers et passans encore,                       Qui jour et nuit tous-jours alonge

Pour les envoyer travailler                                   La longue trame de mes maus.

 

 

 

 

Jacques Lannaud

 

 

 

 

 



30/04/2023
9 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 203 autres membres