Terre de l'homme

Sylvain, père comblé de Lily-Rose et de Mayloé, ses superbes adolescente et préadolescente, dispose de bien des thèmes au pied du modeste mais altier Pic du Mondarrain pour faire partager son émerveillement comme Edmond Rostand, l'auteur de "L'Aiglon", le fit depuis sa villa Arnaga, il y a un siècle.

Sylvain tient à venir se ressourcer au bord de la Nauze. S'il est un ami de la Nauze qui, du haut de la fenêtre de sa chambre, s'enthousiasme toujours de voir cette petite rivière s'engouffrer sous le Pont des abbesses, c'est bien Sylvain. Toujours à l'affût d'un repère ou d'un détail, chaque passage de Sylvain à Fongauffier lui permet de souligner à sa Nauze, son attachement indéfectible. N'oublions pas qu'en 2005, avec son frère Cédric et quelques solides juvéniles compagnons, ces joyeux drilles ont extrait du lit de la Nauze, deux blocs de grès hématiques pesant, chacun, près d'une tonne. L'un d'eux a servi à doter l'abord du pont, d'un banc rustique. Ces deux blocs furent, alors, l'objet d'une prouesse sportive et aussi le scellement pédagogique d'une page de la petite histoire locale du Pont des Abbesses, en témoignage visuel de la fureur de la Nauze lors de sa crue mémorable du 5 septembre 1812.

Plus tard, pour Noël 2014, ce fut presque un conte, Sylvain, pour sa plus grande joie, découvrit quelques fragments métalliques dans les alluvions "nauzéens" qui l'interpellèrent.

Le plus important semble bien être un morceau de clochette qui devait, vraisemblablement, être porté par un animal d'un troupeau sous l'Ancien Régime. Sans l'attester, ce qui permet de le supposer, c'est la fleur de lys qui est dessinée sur le métal. S'agissait-il d'une clochette de pastourelle ou de pastoureau dépendant des puissantes abbesses de Fongauffier qui, de 1095 à 1792, diligentèrent la vie locale ; bien entendu, personne ne pourra l'affirmer ni l'infirmer ! Ce que l'on sait, c'est qu'il y avait, jadis, à Fongauffier, des indigents, ô combien sympathiques et discrets. Ils n'avaient aucun patrimoine foncier. Ils allaient  faire brouter leurs animaux dans les chemins et sur des landes ou des friches où ils étaient tolérés. Ces Fongauffiérains-là, rustiques et rudes, n'avaient certainement pas les moyens de doter leur modeste cheptel de clochettes ; à fortiori, piquées de fleurs de lys.

Cliquez sur l'image pour voir plus précisément la fleur de lys.

Sylvain, à juste titre, considère que la Nauze est un don de la nature. Il tient à ce qu'elle soit respectée comme il se doit pour tous ces legs que notre environnement nous demande de préserver. Il aime l'observer dans ses moindres détails, détails qui échappent au regard des riverains comme les bas reliefs du portail d'un sanctuaire échappent aux yeux des gens qui les voient tous les jours. 

Mardi, Sylvain, en observateur de la Nauze, scrutera avec une attention métaphysicienne, sa cascade abbatiale, ses cailloux et tout ce lieu de confluence de la sortie fontainière et de la rivière. Chaque détail compte.

Sylvain, dans ses fouilles juvéniles, en chantre de ces lieux, constata, avec un pincement au cœur, que le mécanisme du bélier hydraulique, qui fonctionna là au cours des siècles précédents, était tellement altéré qu'il n'était plus en état d'être réhabilité. Il resta interdit devant un bassin cimenté du siècle précédent dont on ignore la finalité.

L'an dernier, avec Lydie Garrigue, la conseillère municipale sagelacoise la plus passionnée par tout ce patrimoine pratiquement délaissé jusqu'en 1976, il a mesuré les paramètres abbatiaux qui, depuis la Grande Révolution, ont été chamboulés.

Sylvain  adore s'asseoir sur les vieux remparts "décapités".

Ce mardi 13 août, Sylvain et Lydie vont piloter un groupe d'observation et de recherche dans ces lieux qui témoignent du passé d'un village où les abbesses, il y a à peine 232 ans, étaient encore les maîtresses du village... et bien au-delà de leurs remparts.

Sylvain en extase devant les vestiges de la meule abbatiale. 

Si Lydie et Sylvain vont, ce mardi, être les conducteurs de l'équipée qui devrait réunir une vingtaine de personnes, une érudite, qui a grandement compté, pendant un demi-siècle, dans ce sillon nauzerois, est attendue. Andrée Teilhaud, pédagogue d'exception, fut à Sagelat, l'éveilleuse d'une "efflorescence" culturelle. Sylvain sera certainement fort ému de voir l'institutrice honoraire, qui lui remit les clés du portail de son riche et brillant cursus scolaire, renouer avec ce passé fongauffiérain. 

Pour cette auscultation, quelques personnages vont cruellement manquer : Pierre Laborie, décédé en sept 1950, Lucien Lafon, André Lafon, Paulette Chansard, Amédée Delmond, André Poumeyrol, Paul Paradol, Noël Pellegry, Adrienne Estrade, Hélène Garrouty, Marcel Jeannot, Yvonne Malassagne, Edmond -dit Camille- Boussat, Richard Gorce, François Merchadou... et bien d'autres. Il ont été de captivants passeurs de mémoire.    

Bravo Sylvain pour ta passion pour le terroir ! 

Texte et photos Pierre Fabre.