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PAYS de BELVÈS

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Vanessa nous éclaire sur sa passion de la calligraphie.  

1. Vanessa, vous venez d'ouvrir un atelier d'écriture calligraphique. La calligraphie est, étymologiquement, la belle écriture, l'art de bien former les caractères d'écriture manuscrite. Ce mot provient des radicaux du grec ancien κάλλος (kállos, " beau ") et γραφεĩν (grapheîn, " écrire ").

En effet, la calligraphie est véritablement un art, un dessin de l’écriture qui est à la portée de tous. On n’a pas besoin de savoir dessiner pour tracer de belles lettres. Pour moi, la calligraphie, c’est avant tout une activité qui repose l’esprit, qui permet de canaliser nos émotions sur une création, entre art plastique et art appliqué. L’écriture est intemporelle et on assimile peu à peu les différentes calligraphies pour créer la sienne qui nous ressemble.

2. Notre temps a plus ou moins oublié la noblesse de l'écriture. Dans l'usage courant, on a, notamment pour les majuscules, balayé l'écriture cursive et la belle écriture du siècle dernier qui, aux yeux du plus grand nombre, semble bien ringarde. Que pensez-vous de cette évolution ?

L’écriture a toujours évolué. Ce qu’on appelle calligraphie, en Occident, a commencé avec la Caroline, à l’époque de Charlemagne. On invente alors les minuscules qui n’existaient pas dans le monde romain. Puis viennent la Gothique et l’Anglaise qui sont, peut-être, les écritures les plus connues pour nous, mais la calligraphie continue d’évoluer. Aujourd’hui, la pratique du lettering (lettrage en bon français) est une forme contemporaine de calligraphie où chaque lettre suit ses propres proportions, sort des cadres et s’assouplit. Cette façon d’écrire, très artistique, se retrouve sur un grand nombre d’objets de la vie quotidienne. Je pense aussi que, parce qu’on écrit beaucoup moins à la main, notamment à cause des téléphones et ordinateurs, les gens se posent devant la beauté du geste, de la lettre tracée et redécouvrent la force de l’écriture.

Vanessa dans son atelier de calligraphie

3. Comptez-vous, avec cet audacieux retour en arrière, promouvoir un savoir-écrire dans les jeunes générations qui sont de plus en plus tournées vers les outils informatiques ?

J’ai surtout envie de faire passer une passion, une fascination que j’ai pour l’écriture ancienne, l’enluminure, le livre et le papier en général. Ma passion pour l’histoire me permet aussi de remonter jusqu’aux prémices de l’alphabet, de l’écriture ; et, il me semble, parfois, que les peintures rupestres qui ornent nos grottes périgourdines, sont, peut-être, déjà, une forme primordiale d’écriture. Et puis, je pense que la calligraphie permet de montrer aux jeunes que l’on peut se poser dans un autre temps, dans une autre époque, s’abstraire de son quotidien pour s’ancrer dans une nouvelle création dont on peut être fier. D’ailleurs, les enfants montrent une grande fierté devant leurs réalisations et gagnent ainsi en confiance.

4. À Belvès, on trouve peu de personnes qui soient plus belvésoises que vous. Votre éducation et votre passé signent un attachement au passé médiéval d'une cité qui, plus que beaucoup d'autres, peut s'enorgueillir d'un confortable millénaire culturel. Cette richesse historique locale est-elle pour quelque chose dans votre ardent souhait de promouvoir ce ressourcement ?

Le passé médiéval de la région a certainement joué une grande part dans ma passion pour la calligraphie et l’histoire. C’est une source intarissable d’émerveillement. J’y puise, en tous cas, toute mon inspiration.

Vanessa devant son espace de travail

5. Vous avez l'intention d'initier de très jeunes générations à l'art calligraphique. Est-ce un défi ou plutôt un respect dû aux travaux d'écritures des générations disparues, voire de décryptage de documents légués par nos ancêtres ?

Pour moi, il est plus qu’important de transmettre aux jeunes enfants, cet art, avant tout par souci de devoir de mémoire, par besoin de leur montrer qu’ils font partie de cette histoire. L’utilisation des différents papiers, des encres, de la taille des lettres, tout cela est une formidable leçon d’économie et d’écologie que nous enseignent les copistes du Moyen-Âge. Montrer aux enfants qu’ils sont la continuité de cette tradition, permet de faire renaître quelque peu les gestes de ces hommes du passé.

6. Parmi vos passions, on trouve l'histoire, tout particulièrement celle des bassins de vie médiévaux, avec ses corollaires scrutant les vieilles pierres et l'architecture moyenâgeuse et médiévale. On trouve dans vos passions, tout ce qui nous lie au passé mais on croit deviner, chez vous, l'assise d'une forte passerelle vers les générations montantes. Pouvez-vous nous expliquer ce qui, chez vous, donne cette folle envie de chevaucher les siècles ?

J’ai envie de montrer l’importance des détails de l’histoire qui sont, en réalité, les pierres sur lesquelles nous construisons notre avenir. Il est difficile de voir loin dans le futur sans s’intéresser au passé, à notre passé. Les nouvelles générations ont besoin de cette conscience historique pour avancer. J’ose penser que je participe à cette vision qui permet de faire naître une passion chez les enfants, qui leur donne confiance en eux et en l’avenir.

Vanessa utilisant la plume d'oie

7. Vous aimez la photographie, témoin des instants les plus judicieux des moments qui nous sont restitués par ces peintures modernes. Cette ère moderne se prête, hélas, à la transformation. Ne sommes-nous pas arrivés sur le seuil d'une altération voire d'une manipulation immaîtrisable ?

Si vous voulez parler des intelligences artificielles qui sont capables de créer des photos plus vraies que nature, alors oui, nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle, un peu effrayante, je dois l’admettre. Cependant, en photographie, l’œil et l’appareil sont unis pour rendre compte d’une réalité seule visible par le photographe et que celui-ci restitue ensuite aux spectateurs. Le travail de photographe reste un geste d’artisan et, donc, d’artiste. Je pense que c’est cela qui sera encore valorisé dans les œuvres photographiques.

8. Avez-vous foi en l'avenir ?

L’avenir, pour moi, s’écrit au jour le jour, à l’encre de nos passions et de nos désirs. Il ne faut pas se laisser abattre devant la page blanche. Souvent, le soir, je prends ma plume, et, devant le vélin vierge qui s’ouvre devant moi, je trace, presque inconsciemment, des signes qui deviendront, peu à peu, l’enluminure de demain.

Merci Vanessa.

P.F

Ci-dessus, les brochures de présentation des prestations proposées par Vanessa

Vanessa devant un montage photographique de ses réalisations

Reportage Pierre Fabre et Bruno Marty

Photographies © Bruno Marty

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