Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 12. Saga de Françoise Maraval

 

 

DE BELLES GENS

chapitre  XII

 

 

L’Apocalypse, c’est maintenant,  1914

 

 

 

1

 

                                                                                                                                                        

                                                                                                                                                        

Quand le lundi 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France, depuis la veille, elle a violé le territoire national à Cirey près de Longwy.

 

Le 4 août :

Les Allemands pénètrent en Belgique par le village de Gemmenich près d’Aix-la-Chapelle.

 

En France, réunie en session extraordinaire, la Chambre vote de nouveaux crédits à l’unanimité après un discours du Président Poincaré qui proclame « l’Union sacrée ».

 

Le 8 août :

Les troupes françaises entrent à Mulhouse, alors allemande.

 

Le 10 août :

La ville est reprise par les Allemands, obligeant la 1ère Armée du général Dubail à se replier à Belfort. Une nouvelle offensive, le 19, ne permettra pas de reprendre la ville.

 

Le 11 août :

La France, suivie par la Grande-Bretagne, déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.

 

Le 15 août :

Le gouvernement japonais envoie un ultimatum à l’Allemagne lui demandant d’éloigner des eaux chinoises ses navires de guerre.

 

Le 19 août :

Sur le front balkanique, l’armée autrichienne est battue par les Serbes en Serbie.

 

Sur le front de l’Ouest, c’est la retraite de l’armée belge sur Anvers malgré l’offensive sur Dinant menée par la  5ème Armée du général Lanrezac, le 15. Les Allemands entrent dans Bruxelles, le 20, et prennent Namur, le 21.

 

Le 23 août :

Le gouvernement japonais déclare la guerre à l’Allemagne.

 

Sur le front de l’Ouest, menacée d’enveloppement, la 5ème Armée française se replie sur la ligne Beaumont-Givet après deux jours de combat à Charleroi, contre la 2ème Armée allemande commandée par le général von Bülow..

Le même jour, défaite française dans les Ardennes. Les 3ème et 4ème armées françaises des généraux Rulfen et Langle de Cary sont repoussées derrière la Meuse.

 

Le 25 août :

Sur le front de l’Ouest, après cinq jours de combat, la 3ème offensive échoue à Sarrebourg et à Morhange et conduit à un repli général sur le Grand-Couronné de Nancy. Le général Joffre, chef d’état-major, crée la 9ème Armée commandée par le général Foch, chargée de faire la jonction entre les armées de Lanrezac et Langle de Cary.

 

Le 26 août :

En France, René Viviani, Président du Conseil, donne la démission de son cabinet pour former un ministère de Défense nationale avec Théophile Delcassé ( Gauche radicale) aux Affaires Étrangères et Alexandre Millerand (Union républicaine) à la Guerre. Jules Guesde et Marcel Sembat (S.F.I.O.) sont respectivement ministre sans portefeuille et ministre des Travaux Publics. En raison des circonstances, le Parti Socialiste a en effet accepté de participer à ce gouvernement.

                                                                                                                                                       

Le 30 août :

Sur le front de l’Ouest, l’armée Lanrezac et le détachement britannique commandés par le Maréchal French, franchissent la Marne à Château-Thierry.

 

Au Pays en août 1914 :

 

Henri a envoyé une carte : son régiment cantonné à La Rochelle a pris la direction du Nord, le 5 août.

 

Marcel aussi a écrit. Il est au 18ème escadron du Train des Équipages Militaires cantonné à Bordeaux.  Il a été versé aux EM (équipages militaires) automobiles créés en 1908 ; jusque là, il existait seulement les EM hippomobiles.

Le Train est l’arme qui organise et coordonne la logistique, le transport , l’approvisionnement et l’appui aux mouvements de l’Armée française. Le Train a été créé sous Napoléon 1er sous le nom de Train des Équipages Militaires. Il existe plusieurs sections :

            - section de transport de matériels STM,

            - section de transport des munitions,

            - section de transport du Personnel STP,      

            - section sanitaires automobiles,

            - section trésorerie, courrier, divers.

 

2

 

 

                                                           Le Train automobile                                                                                     

 

Pour le moment, il  reste à « l’intérieur » au 18ème escadron, à Bordeaux : il est en formation.  Il apprend à conduire les camions de l’Armée. On crée pour les aguerrir des conditions de déplacements difficiles, avec de la boue, des branches et des pierres en travers de la chaussée et cela, la nuit, car les convois éviteront ainsi l’aviation allemande. Ils sont également formés à la mécanique et doivent être capables de réparer leur camion rapidement. Le Train se compose d’au moins 25 camions.

 

Marcel pense que les affaires sérieuses, pour son escadron, seront pour le début septembre.

 

Cette année, la fête du 15 août , fête de l’Assomption, fête de la Vierge Marie, a une résonance particulière. Les fidèles un peu endormis se réveillent, ils ont besoin d’aide. C’est le cas d’Emma.

 

 

                                                                                                                                                         

Elle se sent honteuse d’avoir mis sa religion en parenthèse, pendant toutes ces années et se demande si elle a encore le droit d’implorer la Vierge. En ce jour de 15 août 1914, Emma va se rendre à la messe de 11 heures et elle emmènera Jeantou. Arthur est étonné mais ne dit rien. Elle se retrouve donc sur le parvis de l’église, émue et hésitante. Entrée, elle cherche dans l’assemblée un visage secourable qui va la rassurer. Quelle chance ! elle aperçoit Mlle Angélique Tréfeil déjà installée et il y a des places disponibles autour d’elle.

 

Mademoiselle Tréfeil est une personne célibataire d’environ soixante ans. Elle habite à l’entrée de la côte de Sinzelle, dans une magnifique maison bourgeoise que son père, magistrat à Cahors, avait fait construire dans les années quarante du siècle précédent. Elle a été la fiancée d’un illustre personnage, natif de Cahors : Léon Gambetta, avocat et homme politique. On ne sait pas pourquoi, les fiançailles ont été rompues et Angélique s’est considérée comme déshonorée car la nouvelle d’un prochain mariage avait fait le tour de la ville.

 

 

3

 

                                                                 

 

                                                           Léon Gambetta

 

 

Pour échapper aux regards indiscrets et pour oublier cette humiliation, elle est venue s’installer, accompagnée de sa mère, dans leur résidence de Saint-Cyprien. Elle ne s’est donc pas mariée.

Jean Maraval senior est devenu le jardinier de leur propriété et entretient le joli et petit parc qui entoure la maison. Elle est très généreuse, le jardiner est bien payé et repart toujours avec un petit

cadeau . A la naissance du petit-fils, elle a offert une belle timbale en argent.

                                                                                                                                                       

Un jour, elle a osé dire à son jardinier qu’elle aurait aimé être la marraine de son petit-fils et qu’elle se proposait pour être la marraine du prochain enfant. Un arrangement a été trouvé et en attendant la

prochaine naissance, Jean junior se retrouve avec  deux marraines : mémé Maria et marraine Angélique.

 

La traverse de Saint-Cyprien, peu de temps après la proclamation de la 3ème République, a pris le nom de « rue Léon Gambetta » alors que dans les villages voisins, on a vu fleurir les « rue de la République » : pur hasard…

 

Quand Léon est mort en 1882, à l’âge de 44 ans, elle a porté le deuil  avant le décès de son père. De son côté, Léon ne s’est pas marié. Pendant les dix dernières années de sa vie, il avait une compagne : Léonie Léon – nom et prénom prédestinés- à partir de quoi, un écrivain a tiré un roman.

Mais les seules et véritables amours de Léon Gambetta ont été  la Patrie et la République. Quand l’avocat qu’il était, a rompu ses fiançailles avec Angélique, il lui avait dit qu’il ne se marierait jamais, pensant adoucir la peine de la promise.

 

L’église, en ce jour de 15 août, est envahie de fleurs blanches, certaines capiteuses, et Jeantou n’en croit pas ses yeux. C’est la première fois qu’il entre dans une église en dehors de son baptême. Il remarque qu’il y a presque que des femmes et que tout le monde est habillé en noir excepté sa maman. Il entend parler une langue qu’il ne comprend pas et n’ose pas poser de questions car il comprend que le moment est solennel. L’assemblée  chante : sa maman et marraine aussi. Il faut se lever,  s’asseoir, puis se mettre à genoux sur la chaise devant soi et recommencer ! M. le curé est  habillé drôlement et les enfants de chœur  sont en rouge et blanc. Jeantou décide qu’il sera enfant de chœur  quand il en aura l’âge. Le prêtre est monté en chaire, il parle maintenant en français, on dirait qu’il est en colère : «  c’est la faute des Hommes, ils vivent dans le péché, il faut prier pour obtenir le pardon des péchés… Il faut implorer la Vierge Marie, si bonne, si mère, si compréhensive, elle qui a vu son fils mourir sur la croix. » Le petit voudrait poser des questions : à la sortie de l’église, sa mère lui expliquera ce qui se passe.

 

 

 

 

Sans titre 4

Messe  à Saint-Jean-de -Latran

Fra Angelico

 

 

 

    

 

 

                                                                                                                                                      

Puis M. le curé est descendu de  chaire ; deux enfants en rouge et blanc passent dans les rangs avec des corbeilles d’osier et les gens mettent une pièce dans la corbeille. Quoi, il faut payer ? Sa mère lui donne une pièce pour l’offrande ; il vaudrait la garder pour lui !

  1. le curé distribue quelque chose autour d’une barrière ! Sa maman n’y va pas mais marraine se joint à la file d’attente. Qu’est-ce qu’on lui met dans la bouche ?

C’est bientôt fini, quelle histoire ! Jeantou n’a rien compris.

 

Emma passe chez le pâtissier de la rue des Arcades et choisit un bon et gros gâteau, marraine fait de même. Angélique va déjeuner chez Mme Cabanes, la tailleuse d’habits dont le fils est parti à la guerre et que Jeantou connaît bien puisqu’il travaillait avec son papa.

 

En ce jour de 15 août 1914, toute la famille Maraval, au grand complet, est autour de la table du patriarche puisqu’ hier au soir, André est arrivé de Saint-Savin. Il prend Jeantou dans ses bras et sort de sa veste, de magnifiques sucres d’orge. On demande des nouvelles d’Henri et de Marcel, les frères d’Emma. Jean senior voudrait que les années suivantes, la journée du 15 août soit aussi réussie que celle-là.

 

Dans le haut de la ville, Henri Lamaurelle a été affecté au 108ème régiment d’infanterie de Bergerac. Il a écrit à son épouse Angèle : tout va bien pour le moment. Achille Marchive attend sa

convocation pour la commission de réforme. En attendant, il travaille pour mener à bien les commandes en attente passées à son beau-frère. Yvonne s’occupe de ses nièces et neveu qui l’adorent. Les grands-mères Anastasie et Maria s’entendent bien.

 

Emma reçoit une lettre d’Henri datée du 19 août. Son régiment était à Manonville le 15 août, village qui se situe à 23 km de Pont-à-Mousson (Marne), le 16 août, le régiment se portait par étapes à Garouville. Le 18 août, il a été embarqué en gare de Surey à destination de Fourmies (Nord) où il débarque le 19 août. Maintenant, le 123ème RI fait partie de la 5ème Armée commandée par le général Lanrezac ; le régiment doit franchir la frontière belge, le 20 août, et se porter en marches forcées sur Walcourt et Charleroi.

 

Pendant tout le mois d’août, Arthur a travaillé comme un forcené pour satisfaire toutes les demandes de transport. Son cheval « D’Artagnan » vient d’être réquisitionné par l’Armée et, heureusement, « Monseigneur » , trop vieux pour les EM hippomobiles, reste au pays. Les journées du mois d’août sont longues et Arthur ne compte pas ses heures. Emma s’inquiète pour sa santé.

            - Arthur, tu ne peux pas continuer à travailler de la sorte. S' ils décident de te faire partir au front, tu seras un soldat complètement épuisé et la fatigue te rendra vulnérable. Il faut trouver un homme à former comme commis-roulier, pour te soulager et qui, éventuellement, assurera le travail par la suite si tu es reconnu apte à partir.

            - Emma, je n’aime pas trop que tu t’occupes de mes affaires. J’y pense ! Mais nous avons le temps ; je me suis renseigné, le conseil de réforme n’est pas avant octobre.

            - Arthur Maraval, je voudrais te rappeler que ton entreprise est aussi la mienne, c’est mon héritage, tu as oublié ?

 

Et là, une dispute vient troubler la tranquillité du couple, la première dispute en 7 ans de mariage. Le ton est monté un peu haut ; tous deux se demandent ce qui leur arrive. Arthur est plein de bonne volonté mais ne pense qu’à travailler. Emma, elle, se projette dans l’avenir et échafaude plusieurs scénarios. Elle a son idée…

 

            - Emma, où vas-tu trouver un homme à former ? Les jeunes sont tous partis à la guerre et sais-tu si « Monseigneur » va pouvoir tenir  ? la pauvre bête est bien âgée.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     

            - Arthur, l’homme, je vais le trouver, fais-moi confiance, mais promets-moi que tu vas bien l’accueillir et le former. En plus, tu pourrais prendre contact avec le pépé Magimel pour qu’il te réserve un cheval de la prochaine portée.

 

 

En allant à la forge, récupérer les factures pour sa comptabilité, Emma a entendu parler des mésaventures d’Auguste, un ancien employé de son frère. Auguste avait été formé au métier de maréchal-ferrant par Rémond, le père d’Emma. Il était présent quand son patron a reçu un coup de pied de cheval dans le ventre. Il a apporté toute l’aide possible par son travail et par sa bienveillance, face à cette famille en plein désarroi. Plus tard, c’est lui qui a assuré la formation de Marcel, fort de l’expérience qu’il avait vécue. Il avait surpris tout le monde en se retirant de la forge en 1912.

 

5

 

 

 

 

Auguste, la cinquantaine passée, s’est amouraché d’une veuve de « Canteranne », la grande Clodia et ils se sont tellement plu qu’ils ont décidé, d’un commun accord, de se mettre en couple.

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

                                                                       « on a vu souvent,                                                                

                                                                       rejaillir le feu,

                                                                       de l’ancien volcan,

                                                                       qu’on croyait trop vieux.

                                                                       Il est, paraît-il,

                                                                       des terres brûlées

                                                                       donnant plus de blé

                                                                       qu’un meilleur avril… »

 

                                                                       Jacques Brel

 

Mais, c’était sans compter sur le regard des enfants de Clodia qui trouvaient que la situation était déshonorante pour la mère. Auguste avait beau trimer toute la journée dans les champs, rien n’a  fait changer d’opinion les enfants, largement adultes, qui, en plus, devaient avoir peur pour leur héritage.

 

Auguste a dû revenir dans sa maison , mais il n’avait plus de travail et Clodia a dû faire appel à des ouvriers agricoles âgés . Ils se voyaient en cachette, le soir, et c’est elle qui allait chez lui.

 

C’est à Mancrabou, faubourg de Castels, dans le jardin d’Augustus, qu’Emma est arrivée en cette fin d’août 1914. Auguste dormait, affalé sur la vieille table de la terrasse, en compagnie d’une chopine de vin rouge. Il a, cependant, senti une présence et, en levant la tête, ses yeux ont eu la surprise de voir Emma. Elle lui a fait part de son intention de l’embaucher et, aussitôt, le regard d’Auguste s’est illuminé. Il voulait lui embrasser les mains de reconnaissance, alors Emma lui a expliqué que c’était « donnant, donnant » ; il avait besoin d’elle mais elle aussi avait besoin de lui. Elle a désigné la bouteille de vin d’un mouvement de tête et Auguste a compris qu’il n’était plus question de boire.

 

C’est endimanché, qu’Auguste est arrivé route du Bugue pour prendre son travail. Vraisemblablement, il n’avait rien d’autre à se mettre et voulait faire honneur à ses nouveaux

patrons.

Après le départ des travailleurs, Emma a fouillé dans ses malles et a retrouvé des habits de son père ; ils feront l’affaire en attendant la foire prochaine, où elle habillera Auguste avec des vêtements confortables et adaptés à son travail. Elle avait hâte de savoir comment la première journée s’était passée. Ce sont des hommes rayonnants qui sont arrivés route du Bugue, en cette fin d’après-midi, et  Arthur s’est trouvé satisfait de son nouveau commis.

La formation d’Auguste à ce métier de roulier a été plus facile que prévu. Les bons de commandes, après deux ou trois petites remarques, ont donné satisfaction. Il voulait en faire trop : charger et décharger la charrette. Les clients étant devenus des clientes et les bras féminins étant moins robustes bien que volontaires, Arthur avait peur que son commis sollicite sa force au détriment de sa santé. A la mi-septembre, Auguste a assumé pleinement sa tâche et Arthur en a profité pour se rapprocher de sa famille. Il fallait absolument gommer cette dispute qui le chagrinait encore et dire à Emma, combien il lui était reconnaissant d’avoir su préparer l’avenir, un avenir plein d’incertitude. Il a su lui dire combien il l’aimait... Il était nécessaire aussi qu’il se rapproche de son fils, encore en vacances pendant quinze jours. Tous les après-midis, il forgeait  avec Jeantou de nouveaux souvenirs , souvenirs qui les rapprocheront quand ils seront loin l’ un de autre.

 

Le Roc de l’Angle ( roc de l’Anglais) est leur première expédition. Après «  la planque de Fissou » et « la combe de Guirou », il faut grimper à flanc de coteau jusqu’aux grottes et fortifications qui datent, paraît-il, de la Guerre de Cent Ans. Au sommet, l’horizon s’ouvre à 360 degrés et, de tous côtés, la sentinelle peut ainsi voir l’ennemi arriver.

 

                                                                                                                                                  

Les grottes et la château de Fages : quel beau programme ! Là aussi, l’escalade est rude et le souffle est sollicité. Des grottes, la vallée de la Dordogne offre aux visiteurs, un panorama éblouissant de verdure et par endroits,  une touche jaune nous rappelle que l’été est finissant. Le plateau est recouvert d’ajoncs, attention aux mollets ! et de petites pierres de silice qui ont pris des formes intéressantes. Jeantou reconnaît des chiens, des chats, des écureuils, il en remplit ses poches !!! Il y a aussi les silex que les hommes de la Préhistoire utilisaient comme flèches, une fois attachés au bout d’un bâton. Le château est en ruines ; mais, avec beaucoup de précautions, on peut encore monter à l’ étage grâce aux restes d’un escalier qui a dû être très beau. Les oubliettes sont là, au pied de l’escalier. Que de mystère… Jeantou s’imagine des scènes horribles, des combats violents !

 

Emma souffle à Arthur une idée de promenade : c’est une surprise pour Jeantou. Ils prennent d’abord la direction de « la gravette », puis au niveau de l’usine de chaux et  ciment Pierrot, ils abordent une côte plutôt raide. Au bout d’une bonne demi-heure, ils arrivent devant une vieille maison, là une mémé les accueille ; c’est la grand-mère de Nini ! Jeantou est fou de joie, il ne tient plus en place. Mais où est Nini ? Il faut que Jeantou patiente encore un peu. Elle a accompagné son grand-père au cimetière de l’église Saint-Martin de Castels : c’est lui qui entretient le lieu.

Quand les enfants s’aperçoivent, ils sont d’abord figés sur place et d’un grand élan commun, ils s’enlacent. C’est tellement beau qu’Arthur a du mal à retenir ses larmes. Nini veut lui faire voir la tombe de Jeanne Grave, la petite bergère qui a vu la Vierge Marie à Redon-Espic en 1813. Justement, en cette année 1914, le pèlerinage organisé depuis quelques années, le 8 septembre, a pris une ampleur considérable. La foule y est venue nombreuse et les prières adressées à la Vierge ont été accompagnées d’une ferveur particulière. Nos connaissances du haut de la ville, Angèle Lamaurelle et sa mère Anastasie ont fait partie de ce peuple de croyants.

Les enfants ont tellement de choses à se raconter. Revenus chez mémé Rougier, ils s’isolent un peu avec le goûter que l’aïeule a préparé. Quelle belle journée ! Jeantou est heureux et l’école recommence dans une semaine, Nini va bientôt revenir rue de la mairie.

Les promenades au bord de la Dordogne, rive droite et rive gauche, ont enchanté le fils et le père.. Pour Arthur, le but est atteint ; sa petite famille est soudée et ils pourront faire appel à leurs souvenirs quand le besoin s’en fera sentir.

 

Le 1er octobre 1914, Jeantou junior prend la direction de la grande école en compagnie de la belle Nini. Il faut arpenter la rue Léon Gambetta ; et, dans sa main, Jeantou tient avec fierté un nouveau cartable, un cartable de grand, que marraine Angélique lui a offert pour son anniversaire. Il va revoir les copains et s’en faire de nouveaux.

 

Marcel a écrit : il est affecté à la 274e section automobile, du 8e escadron du Train des EM automobiles, section transport de munitions. Il n’a pas de nouvelles d’Henri et, à Saint-Cyprien, personne n’a de ses nouvelles depuis sa lettre du 19 août.

 

 

6

 

Les obus sont arrivés au front .

 

 

                              

                                                                                                                                                        

Aline, la mère d’Emma, de Marcel et d’Henri, s’affaiblit de jour en jour : la leucémie gagne du terrain et Emma ne sait comment remonter le moral de la malade. Elle se sent impuissante. 

 

 

Dans la capitale :

Le 2 septembre, tandis que les Allemands entrent à Senlis, le gouvernement français quitte Paris pour Bordeaux. La capitale est placée sous l’administration du Comité de Sécurité formé par le préfet de police, Émile Laurent et par le gouverneur militaire, le général Gallieni.

Le 4 septembre, les taxis parisiens sont réquisitionnés et mis à la disposition de la 6eArmée commandée par le général Maunoury.

 

Sur le front de l’ouest, les armées françaises qui  battaient en retraite depuis l’échec de Charleroi ( 20,21,22 août) reçoivent l’ordre de reprendre l’offensive.

 

Le 6 septembre,  début de la bataille de la Marne qui entraîne un repli général des Allemands.  C’est notre 1ère victoire.

 

Après les violents combats de l’Aisne du 13 au 17 septembre, des affrontements éclatent dans la Somme.

 

Économie :

 

Le 8 septembre : création du service de ravitaillement pour l’alimentation des populations civiles.

 

Le 20 septembre : Début de la mobilisation industrielle. Au cours d’une conférence, réunissant à Bordeaux, le ministre de la guerre, Alexandre Millerand et les principaux industriels français, la décision est prise de porter la production d’obus à 100 000 par jour  au lieu de 10 000.

 

Littérature : sur le front, le 5 septembre, est mort Charles Péguy et le 20 sur le front de la Meuse , dans le bois de Saint-Rémy, est mort Henri, Alban, Fournier dit Alain-Fournier.

 

Au Pays :

 

Arthur est convoqué à Limoges, le 26 octobre où il passera devant la Commission de Réforme.

 

Dans le haut de la ville, Achille lui aussi est convoqué, mais à Lanouaille, le 14 octobre, devant le Conseil de Révision.

 

 

L’inquiétude grandit...

 

 

 

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03/01/2022
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