rappel : Concert à Sagelat le 29 juin
Organisé par le comité des fêtes de Sagelat
Dimanche 29 juin -17 h
Eglise Saint Victor de SAGELAT
Rencontre avec Marie ….
Découverte des chants slavons…
L’Ensemble vocal féminin «VOCES ANIMAE»
Entrée : 12 euros
Partage avec les choristes autour d’un verre de l’amitié
Sur le chemin de la Combe-aux-Fées
Avant d'ouvrir le feuilleton annoncé sur les villes qui ont perdu leur rang de sous-préfecture, en 1926 pour la majorité d'entre elles, suivons Alphonse Daudet sur la route de la Combe-aux-Fées. Cette route, en 1866, n'avait pas connu la maculation du bitume, ce "maculage" qui, en 1938, peina Dubet et Cassagnac, corédacteurs d'un texte sur la Barre de Domme.* Dans la ballade en prose de Daudet, la route ne pouvait donc qu'être blanche.
Connaissez-vous la belle route blanche qui conduit le plus haut fonctionnaire de l'État à la Combe-aux- Fées... certainement pas. La Combe-aux-Fées n'est une cité qui n'exista que dans l'esprit fertile d'Alphonse Daudet. Il nous a laissé dans son oeuvre, ses superbes "Lettres de mon moulin" et tant pis si ce recueil littéraire est tout à la fois un merveilleux florilège de ballades bucoliques et aussi une réflexion philosophique. La chèvre de Monsieur Seguin émeut toujours les jeunes enfants, elle est une allégorie de conduite préconisant l'humilité et idéalisant l'autorité. Elle sanctionne celles et ceux qui veulent s'en affranchir. Le représentant de l'État dans une sous-préfecture, symbolise, surtout à l'époque impériale, la délégation de l'État et, ainsi, affirme l'autorité. Ce rigoureux sous-préfet n'en est pas moins un homme et, loin du protocole qu'il doit incarner "tout en mâchonnant des violettes, M. le sous-préfet faisait des vers".
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Le sous-préfet aux champs
dans "Les Lettres de mon Moulin"
d'Alphonse DAUDET
https://www.maison-alphonse-daudet.fr/
BALLADES EN PROSE.
En ouvrant ma porte, ce matin, il y avait autour de mon moulin un grand tapis de gelée blanche. L’herbe luisait et craquait comme du verre ; toute la colline grelottait… Pour un jour, ma chère Provence s’était déguisée en pays du Nord ; et c’est parmi les pins frangés de givre, les touffes de lavandes épanouies en bouquets de cristal, que j’ai écrit ces deux ballades d’une fantaisie un peu germanique, pendant que la gelée m’envoyait ses étincelles blanches et que, là-haut, dans le ciel clair, de grands triangles de cigognes venues du pays de Henri Heine descendaient vers la Camargue en criant : « Il fait froid… froid… froid. »
II - le sous-préfet aux champs.
- le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l’emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées. Pour cette journée mémorable, M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d’argent et son épée de gala à poignée de nacre… Sur ses genoux, repose une grande serviette en chagrin gaufré qu’il regarde tristement.
- le sous-préfet regarde tristement sa serviette en chagrin gaufré ; il songe au fameux discours qu’il va falloir prononcer tout à l’heure, devant les habitants de la Combe-aux-Fées :
— Messieurs et chers administrés…
Mais il a beau tortiller la soie blonde de ses favoris et répéter vingt fois de suite :
— Messieurs et chers administrés… la suite du discours ne vient pas.
La suite du discours ne vient pas… Il fait si chaud dans cette calèche !… À perte de vue, la route de la Combe-aux-Fées poudroie sous le soleil du Midi… L’air est embrasé… et sur les ormeaux du bord du chemin, tout couverts de poussière blanche, des milliers de cigales se répondent d’un arbre à l’autre… Tout à coup, M. le sous-préfet tressaille. Là-bas, au pied d’un coteau, il vient d’apercevoir un petit bois de chênes verts qui semble lui faire signe.
Le petit bois de chênes verts semble lui faire signe :
— Venez donc par ici, monsieur le sous-préfet ; pour composer votre discours, vous serez beaucoup mieux sous mes arbres…
- le sous-préfet est séduit ; il saute à bas de sa calèche et dit à ses gens de l’attendre, qu’il va composer son discours dans le petit bois de chênes verts.
Dans le petit bois de chênes verts, il y a des oiseaux, des violettes, et des sources sous l’herbe fine… Quand ils ont aperçu M. le sous-préfet avec sa belle culotte et sa serviette en chagrin gaufré, les oiseaux ont eu peur et se sont arrêtés de chanter, les sources n’ont plus osé faire de bruit, et les violettes se sont cachées dans le gazon… Tout ce petit monde-là n’a jamais vu de sous-préfet, et se demande à voix basse, quel est ce beau seigneur qui se promène en culotte d’argent.
À voix basse, sous la feuillée, on se demande quel est ce beau seigneur en culotte d’argent… Pendant ce temps-là, M. le sous-préfet, ravi du silence et de la fraîcheur du bois, relève les pans de son habit, pose son claque sur l’herbe et s’assied dans la mousse au pied d’un jeune chêne ; puis il ouvre sur ses genoux, sa grande serviette de chagrin gaufré et en tire une large feuille de papier ministre.
— C’est un artiste ! dit la fauvette.
— Non, dit le bouvreuil, ce n’est pas un artiste, puisqu’il a une culotte en argent ; c’est plutôt un prince.
— C’est plutôt un prince, dit le bouvreuil.
— Ni un artiste, ni un prince, interrompt un vieux rossignol, qui a chanté toute une saison dans les jardins de la sous-préfecture… Je sais ce que c’est : c’est un sous-préfet !
Et tout le petit bois va chuchotant :
— C’est un sous-préfet ! C’est un sous-préfet !
— Comme il est chauve ! remarque une alouette à grande huppe.
Les violettes demandent :
— Est-ce que c’est méchant ?
— Est-ce que c’est méchant ? demandent les violettes.
Le vieux rossignol répond :
— Pas du tout !
Et sur cette assurance, les oiseaux se remettent à chanter, les sources à courir, les violettes à embaumer, comme si le monsieur n’était pas là… Impassible au milieu de tout ce joli tapage, M. le sous-préfet invoque dans son cœur, la Muse des comices agricoles, et, le crayon levé, commence à déclamer de sa voix de cérémonie :
— Messieurs et chers administrés…
— Messieurs et chers administrés, dit le sous-préfet de sa voix de cérémonie…
Un éclat de rire l’interrompt ; il se retourne et ne voit rien qu’un gros pivert qui le regarde en riant, perché sur son claque. Le sous-préfet hausse les épaules et veut continuer son discours ; mais le pivert l’interrompt encore et lui crie de loin :
— À quoi bon ?
— Comment ! à quoi bon ? dit le sous-préfet, qui devient tout rouge ; et, chassant d’un geste cette bête effrontée, il reprend de plus belle :
— Messieurs et chers administrés…
— Messieurs et chers administrés…, a repris le sous-préfet de plus belle.
Mais alors, voilà les petites violettes qui se haussent vers lui sur le bout de leurs tiges et qui lui disent doucement :
— Monsieur le sous-préfet, sentez-vous comme nous sentons bon ?
Et les sources lui font sous la mousse une musique divine ; et dans les branches, au-dessus de sa tête, des tas de fauvettes viennent lui chanter leurs plus jolis airs ; et tout le petit bois conspire pour l’empêcher de composer son discours.
Tout le petit bois conspire pour l’empêcher de composer son discours… M. le sous-préfet, grisé de parfums, ivre de musique, essaye vainement de résister au nouveau charme qui l’envahit. Il s’accoude sur l’herbe, dégrafe son bel habit, balbutie encore deux ou trois fois :
— Messieurs et chers administrés… Messieurs et chers admi… Messieurs et chers…
Puis il envoie les administrés au diable ; et la Muse des comices agricoles n’a plus qu’à se voiler la face.
Voile-toi la face, ô Muse, des comices agricoles !… Lorsque, au bout d’une heure, les gens de la sous-préfecture, inquiets de leur maître, sont entrés dans le petit bois, ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d’horreur… M. le sous-préfet était couché sur le ventre, dans l’herbe, débraillé comme un bohème. Il avait mis son habit bas ;… et, tout en mâchonnant des violettes, M. le sous-préfet faisait des vers.
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Du sous-préfet impérial au sous-préfet républicain.
Ces représentants de l'État ne sont plus, exclusivement, des sous-préfets. Depuis plusieurs décennies, la fonction se féminise et, dans notre ruralité profonde, nous avons connu plusieurs sous-préfètes qui ont été remarquées pour leurs qualités, là où, au début du siècle précédent, on n'aurait pas envisagé ces fonctions revenant à des profils féminins.
Quoi qu'il en soit, on ne saurait imaginer l'évolution officielle bucolique du sous-préfet s'attardant à la composition de vers dans un champ.
Le sous-préfet, bien évidemment, est le représentant de l'État délégataire du préfet du département.
Ce haut-fonctionnaire, jadis, représentait le préfet dans diverses manifestations, comices agricoles, inaugurations, remise des prix scolaires, etc.
J'ai la parfaite souvenance du conseil de révision de 1964 et le sous-préfet d'alors était un personnage qui honorait sa terre natale, la Kabylie. Le MDLC André Dauriel, fier de diligenter les honneurs, avant de mettre en place les sous-officiers de la gendarmerie nationale, dit "Tout à l'heure, quand le sous-préfet arrivera, j'ordonnerai le garde-à-vous. Cette position sera naturellement prescrite pour les gendarmes, elle vous concernera aussi."
À dire vrai, la trentaine de jeunes gens rassemblés là, avaient peu d'idées -voire aucune- du rôle protocolaire de ce délégataire du préfet. Ce dernier interrogea, avec délicatesse et bonhomie, chacun d'eux et posa des questions sur leur place dans la société en invitant les jeunes gens à s'exprimer dans la simplicité sur leurs études achevées ou en cours, sur leurs ambitions et sur leurs attentes.
Abdelkader Stambouli quitta la cité de La Boétie pour rejoindre Montbard. Son pays natal ayant acquis sa souveraineté, en 1962, d'aucuns ont dit que, quelques années plus tard, il passa la Méditerranée pour apporter sa compétence au service de cette jeune République. Une rue d'Alger porte son nom.
Le sous-préfet d'aujourd'hui, bien plus accessible que le sous-préfet impérial
Le sous-préfet est un haut-fonctionnaire de l'État. Il obéit aux ordres du préfet. Membre du corps préfectoral, le sous-préfet aide le préfet dans la réalisation de leurs différentes missions et attributions. La notion de sous-préfet désigne également le grade atteint par certains hauts-fonctionnaires.
Haut-fonctionnaire de terrain, il conseille et, parfois, doit calmer les esprits.
Les sous-préfets sont nommés parmi les administrateurs civils en service dans une préfecture ou dans une Administration centrale du Ministère chargé de l'Intérieur et totalisant au moins deux années d'ancienneté.
Le sous-préfet est sollicité par les élus de l'arrondissement mais aussi par des personnalités des forces vives qui savent apprécier les qualités d'écoute et de conseil du représentant de l'État.
Le champ est ouvert... et immense.
P.F
Prendre un franc recul après 40 ans de vie citoyenne.
TERRE de NAUZE
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Cette fois-ci, après plus de 40 ans de correspondance, Bernard Malhache tire son rideau, avec une petite réserve culturelle... au cas où.
Selon ses termes, " Je cesse la correspondance de Sud-Ouest, le 1er juillet, sauf pour la commune de Carves, à la demande du journal, afin de conserver l'outil informatique... si besoin était. C'est donc un épisode de 42 ans qui s'achève, plus qu'au service de l'EN (40 ans). J'ai arrêté l'Essor, il y a 3 mois. " |
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Bernard Malhache, principal honoraire de collège, a largement contribué à la vie culturelle. Il est l'un des piliers du "Théâtre de la Nauze". Il est, par ailleurs, la fine plume qui accompagne les "Zigolos" de Carves et rapporte à merveille les spectacles du "Fon du loup". À ce titre, il ne se déconnecte donc pas tout à fait.
Bernard Malhache, pendant ces confortables quatre décennies, fut la figure belvésoise qui a suivi tant et tant de péripéties, qu'il semble presque impensable de le voir abandonner son clavier et son appareil photographique. Bernard savait -et a su- discrètement, mais avec son parfait esprit d'analyse et de synthèse, toujours en éveil, être présent dans tant d'épisodes que, parfois, on ne le remarquait pas mais sa prose et ses images attestaient qu'il était bien passé.
Ses articles ont toujours été des billets précis et concis qui pointaient les moments-clés des manifestations et le rôle majeur de celles et de ceux qui ont donné à ce castrum du sud du Périgord, des temps forts qu'il a su restituer dans ses chroniques. La rédaction départementale de Sud-Ouest et celle de l'Essor, comme toutes les rédactions, croulent sous des avalanches d'articles ou, a contrario, se désespèrent de périodes creuses. Le rôle d'assistance des correspondants vient en régulateurs de la gestion de trop-pleins du sas rédactionnel, ou à ses étiages de l'actualité, et ce n'est pas toujours facile.
Combien de correspondants se sont désespérés de voir un reportage réduit, voire passant à la trappe, lors d'un moment dont le long différé, la minoration ou l'abandon ne sont pas toujours compris par les acteurs de la vie locale. Le lecteur passionné de rugby se sent moins concerné par une conférence historique que par la perspective d'une finale hasardeuse et palpitante. Les passionnés de la vie ornithologique se réjouissent de constater la présence d'un observateur de très haut niveau sur le chemin des oiseaux mais pensent, peut-être, que les dépenses immanentes à un gros chantier d'infrastructure routière, méritent débat. Les adeptes de la préservation de la ligne de chemin de fer aimeraient, sans doute, que les actions de sauvegarde de leur ligne soient plus relayées dans le cahier local.
Qu'est-ce qu'un correspondant de presse ? Attention, un correspondant de presse n'est pas un journaliste, même si, parfois, on peut relever des exceptions. Un correspondant de presse est un personnage de terrain. Il lui est demandé une bonne connaissance des pratiques locales, des hommes et des femmes qui animent les associations, les équipes municipales, les chantiers patrimoniaux … et tant d'autres choses.
S'il, ou elle, est jeune, cela ne gâte rien.
Le (la) correspondant(e) idéal(e) est attendu(e) lors des épisodes marquants de la vie locale. Les ruraux n'aiment pas voir occultés, les moments où ils estiment que les manifestations devraient être relayées. Cela veut dire qu'il faut parfois se soustraire à sa vie familiale et accepter que la mission remplie, certains ne trouvent pas leur compte. Il faut, aussi, savoir être payé d'ingratitude.
Autour de son dôme, l'effacement de Bernard sera certainement commenté comme un échappement prévisible et juste mais difficile à combler.
Il existe certainement dans le limbe collinaire où la Nauze est le vecteur assembleur, de fines plumes et d'excellents photographes. Les jours à venir viendront nous dire si un(e) impétrant(e) prendra ce relais.
P.F
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord sous la Grande Révolution, par Françoise Maraval
CHARLES-MAURICE de TALLEYRAND-PÉRIGORD
SOUS LA GRANDE RÉVOLUTION
L’EXIL A LONDRES
Le début septembre 1792 est marqué par de terribles massacres dans les prisons.
L’ouverture de l’armoire de fer, découverte aux Tuileries, révèle des documents compromettants pour le roi, mais aussi pour d’autres personnalités, notamment pour Talleyrand et pour Mirabeau (mort en 1791), qui ont eu des relations cachées avec la famille royale.
Le 7 septembre, l’ancien-évêque d’Autun réagit, en obtenant de Danton, un ordre de mission pour aller à Londres, sous prétexte de travailler à l’extension du système des poids et des mesures. Il ne veut pas être considéré comme un émigré, au contraire de nombreux nobles partis à l’étranger depuis juillet 1789 :
« Pour moi, il est désormais dangereux de rester en France mais je ne voulais sortir qu’avec un passeport régulier, de manière à ne m’en pas fermer les portes pour toujours. »
Talleyrand part le 10 septembre 1792 pour Londres.
Il était temps car le 5 décembre, un décret d’accusation est porté contre « le ci-devant évêque d’Autun » qui se garde bien de rentrer en France.
Vue de Londres, par un artiste inconnu, au début du XVIIIe siècle
Mais, il faut vivre.
Charles-Maurice s’installe d’abord à Kensington square, près de Hyde Park. Sa maison est tenue dans un premier temps, par une vieille amie, Charlotte de la Châtre, qui a sans doute été sa maîtresse.
La comtesse de la Châtre (1789) par Élisabeth Vigée-Lebrun
La plupart des amis de Charles-Maurice parviennent, peu à peu, au péril de leur vie, à rejoindre Londres, dans les derniers mois de 1792. Le 20 novembre 1792, de nouvelles pièces compromettantes ont été portées à la connaissance des députés : dans la cachette secrète construite à l’intérieur d’une boiserie, dans un corridor menant à la chambre à coucher du roi, au château des Tuileries, les révolutionnaires ont mis en lumière pas moins de 625 documents dont les plus accablants révèlent la correspondance secrète du roi et de la reine avec leur allié, l’empereur d’Autriche.
Le procès de Louis XVI commence le 11 décembre 1792.
Les réunions de Kensington Square sont brillantes. On y compte souvent 18 à 20 personnes à table. On discute de tout, on défend toutes sortes de systèmes, on raconte des anecdotes de tout genre sur la Révolution, on parle et on s’inquiète des amis restés en France.
Par économie, la plupart des amis de Charles-Maurice s’installent, peu à peu, autour de Londres. Narbonne, échappé de prison, prend place au sud, dans le Surrey, à Juniper Hall près du petit village de Mickleham.
Charles-Maurice brille autant par les saillies de son esprit que par les douceurs de son charme.
La vie à Londres est chère et Charles-Maurice est à bout de ressources ; en avril, il vend sa bibliothèque qu’il avait fait venir lors de son premier voyage en Angleterre. La vente se passe mal.
« Aujourd’hui, mes livres vendus , j’ai en tout, hors de France, sept cent cinquante livres sterling ; à quoi cela est-il bon ? » écrit-il, désabusé, à Mme de Staël en novembre 1793. Si ses livres lui rapportent peu d’argent, leur vente publique est une nouvelle occasion de scandale dans la communauté religieuse française réfugiée à Londres comme du côté des aristocrates intransigeants. Certains des ouvrages vendus au catalogue sont en effet fort peu ecclésiastiques .
« On raconte, qu’à la criée d’un exemplaire magnifique des œuvres de Voltaire, les Anglais eurent la faiblesse de se scandaliser en voyant que la Pucelle et ses gravures avaient été à l’usage de ce lord spirituel » écrit l’abbé Baston.
Mais, ce n’est rien en comparaison de l’indignation qui s’empara de tous les spectateurs, acheteurs et autres, quand on exposa en vente les tablettes de cuivre qui servaient à multiplier et à perpétuer ces infamies.
Charles-Maurice fréquente tous ceux qui comptent dans les milieux wigs et francophiles du libéralisme anglais. Pour la première fois de sa vie, il n’a pas grand chose à faire. Tout du moins, en apparence ! Quand il n’est pas à Wycombe avec Mme de Flahaut, il habite à la fin de son séjour en Angleterre, Down street, Piccadilly ; il consacre ses matinées à lire tout ce qui vient de France et d’Europe et à écrire. Son goût pour les affaires, son intérêt pour les Indes orientales, l’incitent à créer une banque « indienne » à Paris !
Les affaires de France ne cessent de le préoccuper. Il échafaude avec Narbonne, le projet de rallier Toulon qui s’insurge contre la Convention et accueille les Anglais de l’amiral Hood, fin août. Mais, le 8 octobre, les chances de succès de l’entreprise sont compromises.
Avec Mme de Staël, Charles-Maurice développe des idées sur le bon usage de l’aide étrangère au rétablissement d’une monarchie constitutionnelle en France. Une constante dans sa vie. Le fait d’avoir été républicain, l’année précédente, ne l’empêche pas de continuer à croire aux chances de cette monarchie limitée, pour laquelle il se bat depuis le début de la Révolution. Le gouvernement doit reposer sur un pouvoir d’assemblée et sur des bases libérales.
Mais, pour l’heure, Talleyrand ne donne pas cher de son propre avenir. « Jusque-là, je n’ai fait que passer plusieurs années à vivre. »
La surveillance de la police permet d’expulser ceux qu’elle juge indésirables sur le territoire anglais. Il raconte les faits suivants à Mme de Staël :
« Mardi dernier, à cinq heures du soir, sont entrés chez moi, deux hommes dont l’un m’a signifié qu’il était messager de l’État et qu’il venait m’apporter un ordre du roi qui m’enjoignait de quitter ses États dans l’espace de cinq jours. »
Aussitôt, Charles-Maurice se démène pour faire annuler la mesure et veut qu’on lui en avoue les causes. Ses démarches ne serviront à rien, sinon d’obtenir un sursis de quelques semaines à son départ. Mais où aller ? L’Europe entière le refuse.
La curiosité, le goût des affaires lui font choisir les États-Unis ; le 2 mars 1794, Talleyrand s’embarque à Londres sur le William Penn en partance pour Philadelphie.
Françoise Maraval
In mémoriam
Marcel, Eugène, Georges et François.
Marcel Desplat, Eugène Drapick, Georges Fabre et François Wroblenski ont été lâchement abattus, là sur ce flanc de colline.
Ces noms gravés dans la pierre du souvenir, fusillés par les nazis, le 24 juin 1944,
Vous êtes les héros silencieux de la Résistance.
Dans les dernières ombres d'une guerre impitoyable,
Français, Tchèque, Polonais
Vous étiez de sangs différents, mais d'un même cœur ardent.
Unis par un idéal plus fort que la peur,
Celui de la liberté, de la justice et de la dignité humaine.
Vous n'avez pas hésité,
Quand tant reculaient, vous avez résisté.
Dans l'ombre des forêts, dans les caves, dans les maquis,
Vous avez porté l'espérance
Comme une arme
Et la France libre dans vos rêves et gestes.
Vous avez donné vos jeunes années
Vos sourires, vos familles, vos lendemains,
À cette terre blessée
Pour qu'elle respire à nouveau dans la lumière.
Ne les oublions pas.
Ils sont les racines de notre paix.
Ils sont les flammes qui éclairent nos choix,
À chaque lever de soleil sur les pays libres
Leur sacrifice parle encore.
Morts pour la liberté
Ils ont donné leur vie à la France.
Que leur mémoire soit vivante.
Et que leur courage nous inspire.
Émouvante poésie rédigée par Claudinéa Wroblenski.
Chaque année, Claudine rassemble des fleurs champêtres pour le 24 juin. Dans la tradition, le 24 juin c'est la fête annonçant la reddition du printemps. C'est dans de nombreux villages de nos campagnes, le choix de fêtes votives, dont celle de Monplaisant et celle de Fongalop qui a disparu. La tradition des feux de Saint Jean, souvent abandonnée pour d'évidentes raisons de sécurité, accompagne -ou plutôt accompagnait- ce passage festif. Nos ancêtres et nos mamies, pour cette date qui, dans la tradition paysanne, passe des fenaisons aux moissons, ajustent ces fleurs qui, depuis la Gaule antique, portaient, dans l'esprit de nos prédécesseurs, une espérance de protection des puissances célestes pour les demeures, leurs habitants et leur cheptel. Ne sourions pas, ce serait offenser leur mémoire.
Plus proches de nous, ce rite est venu des millénaires et des siècles précédents, en prière pour les récoltes et pour les âmes.
Claudine, il y a 4 ans, comme chaque année, a fleuri le monument bien délaissé entre les RD 710 et 53, à quelques hectomètres de Fongauffier. Photo © "Terre de l'homme"
Merci Claudine pour l'attention filiale qui t'honore et que tu sais renouveler, chaque année.
Le mémorial, implanté à portée de voix de Fongauffier, par le groupe des CVR, aujourd'hui, pour des raisons de sécurité, ne connaît plus les commémorations d'antan.
Photo © "Terres de Nauze".