Terre de l'homme

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Mois d'avril 2021


"Les mousquetaires du patrimoine en mission". Volet n° 3

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

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Le Tertre Rouge, lieudit sioracois dominant la Vallée de la Dordogne, est environ à 2 kilomètres de la gare. Il se situe autour de 180 mètres d'altitude et donc domine d'environ 130 mètres le niveau du fleuve.

 

Ne nous égarons pas sur l'onomastique de Tertre Rouge. Sans la moindre certitude, un sieur Rouge peut avoir donné son nom à ce relief. Il peut aussi avoir été le théâtre de guets-apens. 

 

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Le chemin rural qui rejoint la vallée, depuis des lustres, n'était plus emprunté. Il est pourtant magnifique en s'inscrivant entre ses murailles de pierre sèche. Photo © Pierre Fabre

 

 

Sous l'impulsion de nos "mousquetaires" du patrimoine, ce chemin a retrouvé vie. Il paraît permis de penser qu'il va être largement découvert ou redécouvert par les Sioracois et par les hôtes de passage.

 

 

Gariotte

 

 

Notre ami Rémy, "premier mousquetaire",  ne joue pas de l'épée mais de cisailles et de sécateurs. Photo © Pierre Fabre

 

Au bord du chemin, il y a une gariotte qui, du jour au lendemain, risquait l'effondrement total. Les mousquetaires ont déployé tout leur talent pour éviter cette disparition patrimoniale. 

 

À Siorac, les locuteurs empruntent plutôt la terminologie de borie.

 

La borie nous vient de l'occitan (provençal) "borio". Le terme borie a deux acceptions, l'une ancienne ou première, de " domaine agricole ", "d'exploitation rurale ", de " ferme "» ou de " métairie ", encore présente dans une bonne partie du Sud-Ouest (DordogneLotAveyronCantalTarnTarn-et-Garonne, etc.) mais aussi en Provence ; l'autre, plus récente, de " cabane en pierre sèche ", apparue dans le Sud-Est (Bouches-du-RhôneVaucluse).

 

La gariotte, elle, terminologie de nos proches voisins du Quercy, serait plus adéquate.

 

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Demain, pour clore ces premiers chantiers de découvertes des "Mousquetaires" des collines sioracoises, nous irons au Four à pain de la Combe du Mas.

 

Après-demain, Jacques Lannaud reprendra la main avec un nouvel épisode. Il nous ramènera dans l'autre Pays de l'homme.

Ensuite, nous changerons de village pour souligner l'attachement de Sylvain à un tout petit village, son village de ❤️.

Que les Sioracois se rassurent, nous reviendrons vers eux pour voir où en sont les pistes de l'association sioracoise de mise en valeur du petit patrimoine, dont la ligne de mire est 2023, et pour découvrir un autre personnage attachant qui a pris cette terre de confluence pour une mission follement captivante.

 

Eh oui, c'est un peu pour tout cela que "Terre de l'homme" a besoin de son lectorat et de nouveaux contributeurs, pour sceller les liens intergénérationnels de notre bassin de vie.


23/04/2021
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"Les mousquetaires du patrimoine" en mission. Volet n° 2

Notre ami Jacques Lannaud, intarissable narrateur d'une bien ancienne pérégrination en Éthiopie, passage qui l'a fortement marqué, d'ores et déjà, a préparé un nouveau billet pour le lectorat de Terre de l'homme toujours en attente de ses chroniques. Afin de ne point casser le mouvement de nos "mousquetaires du patrimoine en mission", le blog va différer de quelques jours Rendez-vous en terre " Galla ", la tribune de Jacques qui, certainement, vous passionnera d'ici trois jours.

 

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SIORAC-en-PÉRIGORD

 

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Unus pro omnibus, omnes pro uno.

 

 

n° 1

 

Photo © Pierre Fabre

 

Commençons par présenter nos mousquetaires qui n'ont jamais eu le désir de jouer de l'épée ni même de s'inscrire dans un club d'escrime.

 

Jean-Louis Darnige, leur doyen, au centre de l'image ci-dessus, dans une autre vie, était maçon dans une entreprise purement sioracoise. Il connaît donc parfaitement l'architecture du patrimoine de notre ruralité. Au Souleillal il est chez lui. On connaît Jean-Louis pour son affinité avec notre culture occitane parfaitement illustrée par sa présence active aux Reipétits.

 

Rémy Bruneteau, le benjamin du trinôme, à gauche de l'image, dans sa vie antérieure, était dans les assurances. La fibre patrimoniale ne lui laisse que peu de temps pour s'échapper si ce n'est pour assumer avec brio, son rôle de père émérite et d'entraîneur du Club athlétique belvésois. Il a été l'initiateur de l'engouement à la restauration de ce merveilleux patrimoine communal, en redonnant vie à Rispe au lavoir-fontaine. Il a aussi restauré bien des chemins où les ronces se croyaient les inaliénables copropriétaires.

 

À droite de l'image, Paul Barré, le cadet, non de Gascogne, il nous vient cependant des hauteurs du sillon garonnais, mais de l'équipe. Affectueusement, nous le désignons Paulo. Depuis quelques années, il a pris sa retraite. Il a effectué bon nombre de tournées dans la distribution postale, un peu partout sur les deux rives de notre fleuve. Paulo, lui aussi, a tout gardé de son profil de sportif. Il manipule, sur les chantiers, la truelle, avec une aisance qui surprend  son ami Jean-Louis.   

 

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Rémy, Paulo et Jean-Louis vous présentent le Souleillal. On n'a pas grand peine à considérer que le soleil est à l'origine de l'énonciation de ce toponyme issu de l’occitan souleilhous. Le lieu est ensoleillé plein sud. 

 

n° 2

 

Quand on arrive à l'ancien lavoir-fontaine, on est plus que surpris de la perspective et de la netteté d'un chemin qui, il y a quelques mois encore, croulait sous la végétation envahissante.

Photo © Pierre Fabre

 

 

n°3

 

Rémy indique les pistes qu'il reste à finaliser.

Photo © Pierre Fabre

 

 

n°4

 

Là on s'interroge. Jean-Louis pense qu'il devait y avoir ici une source perdue, peut-être un abreuvoir. Les stigmates du terrain accréditeraient son idée.

Photo © Pierre Fabre

 

 

n° 5

 

On aperçoit le mince filet d'eau qui sort de la fontaine.

Photos © Pierre Fabre

 

 

Ils ont réhabilité la niche fontainière, le bassin du lavoir et l'escalier adjacent à la fontaine. Janine, l'épouse de Jean-louis, jeune fille, venait y laver le linge. Les hommes poussaient les brouettes  chargées et, pendant que les dames s'activaient à leur pénible labeur, la gent masculine filait sur la plateforme supérieure pour une activité "plus virile"... jouer à la belote et casser la croûte avec une chopine d'accompagnement. Le partage des tâches était ainsi défini.

 

 

Niche

 

La niche fontainière.

Photo © Pierre Fabre

 

 

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Le goutte à goutte.

Photo © Pierre Fabre

 

 

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Le lavoir.

Photo © Pierre Fabre

 

Et le quatrième mousquetaire vint se joindre à l'ouvrage.

 

Alexandre Dumas ajouta un quatrième personnage à "ses" trois mousquetaires. À Siorac, ce quatuor se dessina naturellement avec l'adjonction d'Alain Uro, à gauche sur l'image de Sandrine. Ce collectif exemplaire peut dire haut et fort "Un pour tous, tous pour un".

 

 
 

Alain et Paulo

 

Alain Uro, à gauche, et Paulo Barré à droite.

Photo © Sandrine Bruneteau

 

 

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Demain : Les mousquetaires en mission ont réhabilité la gariotte du Tertre Rouge.

 

Ne cherchez pas, ou plus, " Les cygnes sauvages de la Dordogne ", reportage photographique de Bruno Marty, dans le listage du mois d'avril 2021. Le pivot rédactionnel de " Terre de l'Homme " l'a promu Article phare du mois. Vous le retrouverez, donc, pendant un mois, dans cette rubrique. Il reprendra place dans le listage du mois d'avril, au cours de la troisième décade de mai prochain.

 


23/04/2021
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Les "mousquetaires" du patrimoine en mission. Volet n° 1.

 

 

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

Rémy recherche des caisses - et (ou) du bois de récupération - pour confectionner des panneaux.

 

 

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Rémy présente son panneau de Fontpeyrine

 

Rémy devant un de "ses" panneaux de découverte. Photo © Pierre Fabre

 

Alexandre Dumas, pour donner de la vigueur à ses mousquetaires, fit, par la licence de sa plume romantique, compagnonner d'Artagnan avec Aramis, Athos et Porthos… dont on n'est pas du tout certains d'une épopée commune.

Rémy Bruneteau, pour l'heure, n'a pas trouvé de quatrième personnage, ardent défenseur de ce patrimoine obsolète qu'il s'applique, en "mousquetaire collinaire", à réhabiliter. Ses pistes sont des chemins ruraux, des fontaines, des lavoirs et un four à pain. Avec Paul Barré et Jean-Louis Darnige, ce trinôme de bénévoles patrimoniaux fait des merveilles. Des chemins, que les plus vieux Sioracois n'ont pas connus, retrouvent leur assiette et les premiers promeneurs les ont déjà foulés.

 

Non, au four de La Combe du Mas, on n'a probablement pas cuit de pain noir, ce dernier sorti, il y a une soixantaine d'années, de l'œuvre romanesque de Georges-Emmanuel Clancier, concernait plutôt le pain de la population ouvrière. Le pain paysan, lui, avait toute la noblesse du bon pain blanc. Rémy et Paulo tenaient à ce que ce travail rustique des ruraux, postérieur à celui des fours banaux, soit mis en relief là où ces fours vacillent dans l'abandon.

 

Rémy confectionne, pour jalonner ses 13 kilomètres de pistes collinaires et ses sites remarquables, des panneaux en bois de récupération, écologie oblige, pour situer "ses" sentiers et les merveilles qu'ils font découvrir.

 

Contact 06 22 41 80 50

rbruneteau@gmail.com

 

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Les volets suivants seront :

 - Ils ont réhabilité le lavoir-fontaine de Soulellial.

 - La  gariotte du Tertre rouge.

 - Ils ont redonné vie aux chemins oubliés. 

 

Ne cherchez pas " Les cygnes sauvages de la Dordogne ", reportage photographique de Bruno Marty, dans le listage du mois d'avril 2021. Le pivot rédactionnel de " Terre de l'Homme " l'a promu Article phare du mois. Vous le retrouverez donc pendant un mois dans cette rubrique. Il reprendra place dans le mois d'avril au cours de la troisième décade de mai prochain.


22/04/2021
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Windsor : comme le temps passe.

 

 

reine herbe

           

     Photographie privée de la reine prise avec le duc d'Édimbourg au sommet des Coyles   of     Muick, en Écosse en 2003.

 

 

Dans les années 70, mon collège organisait, chaque année, un voyage à Londres. J'assurais, avec quelques collègues, la bonne marche du voyage qui se faisait encore en autocar. Le rêve pour les collégien(ne)s : Périgueux - Calais par la route, un ferry pour traverser la Manche, Douvres puis Londres où nous logions à l'hôtel ou chez l'habitant.

L'excursion au château de Windsor tout proche, s'imposait.

 

Une année, une imposante voiture noire sortit du château : à l'intérieur, la reine Elisabeth et son époux.

 

 

reine voiture

 

 

Nos élèves interloqués, se ressaisirent et prirent des photos. Je partageais avec eux leur curiosité pour le couple royal. Certains journaux spécialisés entretiennent cette appétence pour le monde de la noblesse. Leurs lecteurs rêvent d'un monde dont ils ne seront pas. Notre groupe n'en était pas là mais il y avait dans cette rencontre inopinée, matière à discussion en classe. Nous n'avions pas devant nous un couple d'opérette pour coeur de midinettes. Tous deux s'étaient comportés remarquablement pendant la dernière guerre. Leur pays avait contribué à notre libération.

 

 

  reine guerre

 

La princesse Elizabeth contribue à l'effort de guerre comme officier dans la branche féminine de la British army (wikimedia commons)

                                                       

Cinquante ans après cette rencontre fortuite où nous avions vu un couple heureux, souriant, nous faisant des signes de la main, ce 17 avril 2021, Windsor avait un tout autre visage : la petite ville était déserte, la fourmilière traditionnelle de touristes avait laissé la place à de petits groupes silencieux et graves.

Tout se passa dans l'enceinte du château où l'ordonnancement rigoureux des troupes et des invités et la rigueur du protocole n'altéraient pas l'émotion difficilement contenue des personnes présentes.

S'il y avait une image à retenir de cette cérémonie, ce serait celle de la reine, seule, digne, à laquelle la caméra avait épargné les artifices techniques dont la télévision a le secret.

 

 

reine windsor 2

 

 

                                                           le château de Windsor

 

Notre excursion à Windsor, il y a 50  ans, relève de l'anecdote, la cérémonie des obsèques de l'événementiel. Mais à y regarder de plus près, par-delà les apparences, il y avait là tous les éléments pour aborder avec nos élèves, une grande partie de l'histoire du Royaume Uni. Le château de Windsor fut construit par Guillaume le Conquérant pour contrôler la Tamise et les faubourgs de Londres après sa victoire à la bataille d' Hastings en 1066  où il avait défait le roi saxon. Le pouvoir passa aux mains des Normands qui imposèrent leur langue, du moins dans tout ce qui relève du régalien : l'Administration, l'Armée et la Justice. Encore aujourd'hui, les Anglais se souviennent de cette invasion et préfèrent, quand ils en ont le choix, le mot saxon  "freedom" au mot normand "liberty".

Au cours de la cérémonie, nous avons vu l'archevêque de Canterbury, chef spirituel de l'église anglicane dont la reine est le chef temporel.

 

 

reine cathédrale de C

 

                                                                La cathédrale de Canterbury

 

Lors de ces voyages à Londres, nous faisions un arrêt à Canterbury pour visiter la cathédrale et je surprenais les élèves en leur montrant l'endroit où l'archevêque Thomas Becket avait été assassiné le 29 décembre 1170 sur l'ordre d'Henry II.

 

 

reine église Limeuil

 

                                                          Chapelle Saint Martin à Limeuil

 

Pour se racheter, ce dernier puis son fils Richard Coeur de Lion firent  construire des chapelles expiatoires. Deux se trouvent en Dordogne, l'une à  Chancelade et l'autre à Limeuil (la chapelle Saint Martin).

 

 

elisabeth seule

 

 

 

Nous aurons peut-être un jour, l'occasion de parler de cette religion de rite anglican qui remonte à Henri VIII mais revenons à Windsor où se trouve en ce jour du 17 avril 2021, la reine Elisabeth seule, privée de son compagnon des bons et mauvais jours. L'espace d'une journée, nous avons oublié tous nos griefs : le Brexit, les scandales...pour ne retenir que l'image d'une femme, digne dans la douleur, consciente d'avoir à affronter la solitude, et qui n'est pas de nature à s'apitoyer sur son sort ou du moins à le laisser paraître.

           

                          Never explain - Never complain

                          ne pas expliquer - ne pas se plaindre

 

 

Pierre Merlhiot

 

 

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Demain : ce blog saluera des "mousquetaires" qui ne manipulent pas l'épée mais les sécateurs, la truelle, la pierre et le rotofil pour sauvegarder le patrimoine, dit obsolète, sioracois.


21/04/2021
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Reconnaissez-vous cet accordéoniste

Il nous a quittés, il y a 30 ans.

 

 

Jean Boutinr

 

 

Cet adepte du piano à bretelles, 75 ans après la proclamation de la Troisième République, vit le jour à Grives le 4 septembre 1945. Le jour de sa naissance, par ailleurs, fut le jour de la Tragédie oubliée de Kédange. Son enfance et son adolescence furent saint-amandinoises.

 

Emporté par un total "épuisement" moral, il nous quitta définitivement le 15 janvier 1992, à Saint-Avit-Sénieur.

 

Cet ami jouait, sans aucune prétention, de l'accordéon. Il aimait les grands accordéonistes comme Jean Ségurel*, Édouard Duleu, André Verchuren, Maurice Larcange et, bien entendu ne faisons pas l'impasse du génie musical féminin, d'Yvette Horner. Tous ont su émouvoir leur génération avec d'inoubliables compositions musicales. Tous ces virtuoses ont séduit notre ami qui vibrait volontiers avec "Nini peau d'chien", "Les fiancés d'Auvergne", "Bruyères corréziennes", "Du côté de Saint Flour", "Parlez moi d'amour"... et bien d'autres moments d'anthologie. 

 

"Improvisateur", le personnage à découvrir, comme bon nombre d'animateurs festifs du siècle dernier, n'a jamais étudié la musique et ne savait point déchiffrer une partition... ce n'était pas dans ses préoccupations. Il laissait cette appropriation artistique à d'autres mais cela ne l'empêchait nullement de booster un moment festif, qu'il soit intime, privé ou plus ouvert sur la vie sociétale.

 

Il me laisse l'inaltérable souvenir d'un compagnon d'équipée girondo-charentaise, c'était il y a 58 ans ½. Sa profonde humilité se mêlait à sa discrétion, sa générosité intellectuelle, sa délicatesse affirmée et une pénétrante sensibilité dominée par une parfaite retenue. Ses passions rustiques l'amenaient à aimer la nature et ses richesses. 

 

Dans un prochain papier, vous aurez à découvrir deux de ses meilleurs amis de jeunesse qui, eux aussi, nous ont prématurément quittés.

 

Laissez quelques heures au lectorat avant de suggérer, dans la rubrique commentaire, le nom de l'inconnu du jour. 

 

* Par un singulier hasard, à deux lieues de chez lui, s'écoule un ruisseau qui a pour hydronyme "Le Ségurel".

 

 

P.F 


20/04/2021
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