Terre de l'homme

Terre de l'homme

De la violence à la guerre, de la guerre aux crimes de guerre

 

 

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                                                         Guernica  - Picasso 1937

 

 

Il y a, dans l'actualité, un thème récurrent : celui de la violence et en particulier celui de la maltraitance envers les personnes et les animaux, les violences conjugales et celles des mineurs.

Nous découvrons dans quelles conditions discrètes et feutrées , nos anciens ont été traités dans certains EHPAD.

Cette violence s'est aussi manifestée sous d'autres formes, en particulier lors des rassemblements des gilets jaunes, expression d'une classe moyenne en voie de déclassement et d'appauvrissement.

 

 

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                                                       Le cri par Edvard Munch 1893

 

Il est vrai que les deux années que nous venons de passer, ne nous ont pas ménagés et ont mis nos nerfs à rude épreuve : la crise sanitaire avec son confinement dans la promiscuité qu'elle a provoquée, dans des appartements trop exigus et la guerre d'Ukraine qui vient d'éclater, mettent à mal l'embellie qui se profilait sur le plan économique.

L'idée de faire un article sur ces violences me trottait dans la tête depuis longtemps et je me proposais d'aborder ce sujet par un événement futile dont toute la presse faisait état : lors d'une remise des Oscars, aux USA, une altercation opposa un artiste qui recevait une distinction à un humoriste qui la lui remettait : une blague de très mauvais goût et ce dernier reçut une gifle du premier.

L'affaire Will Smith - Chris Rod fait encore parler d'elle.

On comprendra aisément qu'il eut été indécent de ma part, d'aller plus avant dans ce psychodrame qui fait les délices dans les mondanités du show-biz.

 

 

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                                                           Tres de mayo Goya 1814

 

Deux jours après cet incident mineur, le monde entier découvrait l'horreur : les massacres de Boutcha. Le terme de violence n'est plus approprié, c'est la guerre plus la barbarie : civils abattus, mains liées dans le dos, voiture et conducteur écrasés par un char, charniers à ciel ouvert.

 

Un jour, la Cour pénale internationale qualifiera ces crimes et jugera leurs auteurs.

 

 

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                                  La bataille de San Romano par Paolo Uccello  1440

 

Le massacre de Boutcha nous fait penser à des actes de même nature :

- celui de Katyn dans une forêt de Pologne où des milliers de soldats et d'officiers furent abattus par des soldats de l'armée russe alors alliés de l'Allemagne ;

- celui du 10juin 1944, d'Oradour sur Glane où 643 habitants furent abattus ;

- celui de Melouza, le 28 mai 1957, en Algérie où 342 hommes favorables au MNA furent abattus par le FLN ;

- celui de My Laï en Indochine, perpétré par des soldats américains dans un état de fureur ;

- celui de Srebrénica en juillet 1995, où 8000 hommes et enfants furent abattus. Après des années de cavale, les deux grands responsables du génocide furent arrêtés, jugés et condamnés à perpétuité.

 

Dans cette litanie de crimes qui frappent régulièrement le monde, on ne peut que s'interroger sur cette pérennité de la violence et cette obstination non seulement à tuer mais à faire souffrir par perversité .

 

 

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                                                   Scènes des massacres de Scio Eugène Delacroix 1824

 

Que sont devenus les exécutants de base coupables comme leurs chefs ?

En 2005, un bulletin des armées françaises donne à tout militaire l'ordre de désobéir aux ordres qu'il reçoit, jugés contraires à l'éthique.

 

La Boétie dans son ouvrage "De la servitude volontaire", évoque cette possibilité.

Quelles sont les causes de ce mal et de ces violences ? Les avis divergent.

 

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) soutient que l'homme est bon, qu'il vit dans un environnement favorable à sa survie. Qu'il est de nature pacifique  mais que c'est la société qui le pervertit : " La nature a fait l'homme heureux et bon mais c'est la société qui le déprave et le rend misérable ". En cela, il fera des émules dont David Thoreau, philosophe américain (1817-1862) qui a décidé de vivre des années dans les bois, d'exclure la force brutale et la violence, en se réservant le droit à la désobéissance civile, à la révolte face à la tyrannie de l'Etat.

Il inspirera Gandhi et Martin Luther King qui, en 1963, fit son célèbre discours "I have a dream" :" Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe sympathie de fraternité ".

 

A l'inverse de Jean-Jacques Rousseau, Thomas Hobbes (1588-1679) réfute la définition de l'homme comme animal politique doué de parole et de raison mais soutient que c'est la passion et l'insatisfaction qui le caractérisent,  ainsi la voie est ouverte à la violence.

Pour comprendre cette propension des hommes à la violence et à la guerre, il convient de savoir si le mal est consubstantiel à la nature humaine ou bien simplement conjoncturel, lié aux événements.

 

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                                                Les horreurs de la guerre Rubens  1637

 

Du onzième au quatorzième siècle, la chrétienté fut traversée par une hérésie : le Catharisme qui imputait la création du monde visible non point au bon dieu mais à un principe mauvais qui, en créant l'univers matériel et le temps qui corrompt toute chair, a permis au mal de se manifester par la souffrance et par la mort. La paix ne peut donc être de ce monde.

 

Machiavel (1469 -1527) dans son ouvrage Le Prince, nous dit que l'origine du mal est naturelle . Il prône la conquête et la construction du pouvoir par tous les moyens y compris la guerre.

 

A ce moment de la réflexion, il est temps de se tourner vers une grande philosophe Hanna Arendt (1906 -1975) qui a , sur la violence et le mal, une vision qui a pu paraître paradoxale mais qui a le mérite de s'appuyer sur le procès auquel elle a assisté en 1961, du grand criminel de guerre Adolf Eichman.

Elle en a fait un livre : "La banalité du mal". Au cours de ce procès, elle s'attendait à trouver une bête furieuse, un pervers : elle a vu un petit fonctionnaire médiocre. Elle en a conclu que le mal ne réside pas dans l'extraordinaire mais dans les petites choses de la quotidienneté des hommes qui commettent cependant les choses les plus horribles. Il lui fut reproché d'exonérer ainsi les coupables de leurs crimes. Elle soutient que ce n'est pas le cas : ils ont agi dans le cadre d'un Etat totalitaire utilisant la propagande et la désinformation et leur assurant l'impunité. C'est ainsi qu'on fait des monstres avec des bons pères de famille.

"L'ennui avec Eichman, c'est précisément qu'il y en avait beaucoup qui lui ressemblaient et qui n'étaient ni pervers ni sadiques, qui étaient et sont encore effroyablement normaux." (H. Arendt)

Il n'en reste pas moins que ces hommes sont, sous une apparence ordinaire, devenus des soudards et cela fait des siècles que ça dure.

En face de ces hommes qui sont devenus l'incarnation du mal, se dressent d'autres hommes qui ont plaidé pour la paix et le respect d'autrui. Jaurès fut de ceux-là. Il le paya de sa vie.

 

 

 

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                                               La légende de Saint François par Giotto

 

Je retiendrai Saint François d'Assise (1181-1226), apôtre de la paix, l'homme qui parlait aux oiseaux et qui considérait tout être vivant comme un frère :"Tous mes ennemis cherchaient à me faire du mal . Ils se sont rassemblés pour délibérer. Ils m'ont rendu le mal pour le bien et de la haine pour mon affection. Au lieu de m'aimer, ils médisaient  de moi mais moi je priais pour eux ".

 

Pierre Merlhiot

 

 

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                                                                    La colombe  de la paix - Picasso 1940

 


08/04/2022
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Des années noires à la victoire

 

 

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                                                                   Les rois maudits  

 

 

Je terminais mon précédent article "Naissance d'une nation" par ces mots « la France est quasi en déshérence au cours de la guerre de Cent Ans mais le sentiment national reviendra à la surface pour « bouter l’Anglais hors de France. »

Entre la victoire de Bouvines, le 27 juillet 1214, et l’an 1328, le pays connaît un moment de calme et de paix que certains ont appelé « L’âge d’or des Capétiens. »

Mais, voilà que vont déferler, bientôt, sur le territoire, des chevauchées venues d’outre-Manche, avec à leur tête le jeune roi d’Angleterre, fraîchement couronné le 1e Février 1327 en l’abbaye de Westminster et, plus tard, celles de son fils aîné le Prince Noir, Edouard de Woodstock, prince de Galles.

 

 

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Ce que l’on a appelé la Guerre de Cent Ans, a des causes bien précises et il ne faudrait pas se contenter de penser qu’elle aurait été engendrée par la seule vassalité du territoire de Guyenne, possession anglaise depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine, le 19 décembre 1154, avec Henri II Plantagenêt et l’envie du roi capétien de reconquérir cette province.

Outre cette cause, se trouve ce problème dynastique important survenu en 1328 : le trône de France est vacant sans héritier mâle, consécutif au décès de Charles le Bel après les règnes de ses frères Louis le Hutin et Philippe le Long, tous fils de Philippe IV le Bel.

 

 

 

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                                                                Edouard III

 

La question se trouve posée : est-ce-que le trône doit revenir à Edouard III, petit- fils de Philippe le Bel par sa fille Isabelle de France, reine d’Angleterre et épouse d’Edouard II ?

Les barons français vont trancher en faveur de Philippe VI de Valois, fils de Charles, frère cadet de l’ancien roi, au motif que le cumul de deux couronnes leur serait préjudiciable et que « les barons du royaume de France ne pouvaient souffrir volontiers d’être soumis à la souveraineté des Anglais, disaient que si ledit fils d’Isabelle avait quelques droits au trône, il ne pouvait les tenir naturellement que de sa mère n’ayant aucun droit, il s’ensuivait que le fils n’en devait pas avoir. » Dixit la chronique de Nangis et l’application de la vieille loi salique datant de Clovis.

 Edouard III préfère s’incliner. Maladroitement, Philippe VI va exiger l’hommage-lige à Amiens en 1331, en grande pompe, ce que le roi anglais ressent comme une humiliation.

Le troisième motif n’est pas non plus des moindres, magnifiquement illustré dans la série télévisée de 1972, intitulée « Les Rois Maudits » du réalisateur Claude Barma, écrite par Maurice Druon, dans laquelle on voit un Jean Piat, acteur de la Comédie Française, incarner avec talent le comte Robert d’Artois, personnage haut en couleurs, truculent, rêvant de se venger de sa tante Mahaut d’Artois qui l’a dépossédé de son fief, étant mineur.  Pourtant, marié à la sœur du roi, Jeanne de Valois, intégré au Conseil royal, Philippe VI reste sourd à ses doléances. Robert quitte le royaume de France et se met au service du roi anglais, l’incitant à la guerre.

Dès lors, on va assister à la première chevauchée du souverain anglais. Parti de Portsmouth, il débarque à Saint-Vaast-la-Hougue dans le Cotentin, le 12 juillet 1346, avec une armée forte de 32 000 hommes dont 10 000 archers. Elle dévaste tout sur son passage, Poissy est réduit en cendres par le Prince Noir. Puis, il remonte vers l’embouchure de la Somme, passe le gué sur indications d’un prisonnier local, récompensé par la liberté et cent pièces d’or, alors que l’armée anglaise se trouvait prise dans une nasse et le roi français à ses trousses : il force le passage au gué de Blanquetaque, le 24 août 1346.

 

 

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Donnons quelques précisions pour mieux comprendre l’état d’esprit du souverain anglais :

                           - la perspective de ces grandes expéditions eut, immédiatement, le soutien de l’aristocratie anglaise qui espérait en tirer renommée et butin

                           - l’objectif de départ n’est pas l’affrontement en bataille rangée mais, seulement, contraints et forcés comme en 1340 à l’Ecluse (perte de la majeure partie de la flotte française), le 26 août 1346 à Crécy, le 19 septembre 1356 à Poitiers et même à Azincourt le 25 octobre 1415

                           - le but, ravager les campagnes, rapporter un riche butin et saper l’autorité de Philippe VI

 

 

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 La traversée de la Manche est souvent périlleuse : les bateaux, s’ils sont très chargés avec un poids impossible à arrimer, ballottés par une mer houleuse, risquent le naufrage : raison qui fait que le souverain anglais se prive de ses chevaliers ceints de leurs armures et de leurs lourds destriers. Mais, il compense cela par une stratégie qui n’a plus rien à voir avec celle de Philippe Auguste, à Bouvines.

D’abord, s’agissant d’un corps expéditionnaire qui débarque dans un pays dont on ne connaît pas toujours la topographie, les points de résistance, le souverain anglais mise sur la rapidité de mouvement, ses éclaireurs et sur une nouvelle arme que l’on a éprouvée face aux Gallois et aux Ecossais, les arbalétriers munis de l’arc long, très puissant, façonné d’une seule pièce dans de l’if, autour de 2m de long, le longbow qui va être utilisé massivement au cours de ces funestes batailles de Crécy, Poitiers et Azincourt. L’armée du roi de France, prise de court, riposte par des stratégies et tactiques d’un autre temps ; et, ce n’est que bien plus tard que la solution s’imposera avec l’artillerie de campagne lors des batailles de Formigny, Castillon et à la fameuse bataille de Patay menée par Jeanne d’Arc après Orléans où les archers anglais fauchés par le feu nourri de l’artillerie, furent anéantis par la cavalerie française.

   Dans son récit de la bataille de Crécy, le chroniqueur, Jean le Bel, insiste sur ce point et rappelle la harangue d’Edouard III interdisant « sous peine de mort, à quiconque de quitter son rang, de piller, de prendre les vivants ou de dépouiller les morts sans son autorisation, car si l’affaire tournait à leur avantage, ils auraient bien le temps de piller et si la fortune était contre eux, ils n’auraient que faire du butin. »

 

 

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                                                                         Les archers anglais

 

 

Avant l’engagement, des éclaireurs rapportent au roi de France que les Anglais sont à moins d’une lieue et l’un d’eux, le chevalier Le Moine, déclare : « Seigneur, votre armée est grandement dispersée parmi ces champs et il sera bien tard avant qu’elle ne soit toute rassemblée car l’heure de none est déjà passée. Je vous conseille donc de faire camper ici votre armée. »

 Le chanoine Jean le Bel ajoute : « Chevauchant, menés par l’orgueil et l’envie, sans ordre, l’un dépassant l’autre, ils avancèrent tant qu’ils virent les Anglais, soigneusement rangés en trois batailles, qui les attendaient. Leur honte qu’il y aurait eu à reculer, s’accrut de voir leurs ennemis si près.

On connaît la suite : défaites cuisantes à Crécy, à Poitiers où le roi Jean le Bon est fait prisonnier, après défection d’une partie de la chevalerie française et qui ne retrouvera la liberté qu’au prix d’une rançon astronomique en pièces d’or, enfin Azincourt où chevalerie et grands seigneurs français composant l’ost royal, embourbés dans la glaise des champs à la suite d’averses, sont les victimes des archers anglais et seront achevés sur ordre du roi Henri V.

    

Jacques Lannaud

 

 


07/04/2022
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"L'homme qui arrêta le désert". Un thème fascinant.

AUDRIX

 

Audrix

 

Photo © Jacques Mossot

 

Audrix, ce délicieux petit village de crête, ligne de partage des eaux entre la Dordogne et la Vézère, n'est certainement pas connu de tout le lectorat de "Terre de l'homme"... et c'est un peu dommage. Cette entité, riche de son authentique patrimoine qui compte dans sa descente vers la Vézère, le bijou souterrain du Gouffre de Proumeyssac, mérite bien un passage par le raccourci de la R.D. 703 qui, du Coux au Bugue, surprend plus encore que de l'artère transversale, le creuset de la rivière préhistorique.

 

Ce vendredi 8 avril, si vous ne connaissez pas Audrix, mêlez donc le charme de la découverte visuelle à celui de l'intérêt d'une thématique plus que jamais d'actualité.

 

Pierre-Bernard Fabre

 

 

Damien Deville, géographe, également anthropologue de la nature, ce 8 avril, à Audrix, sera l'extraordinaire personnage à découvrir. Un passé d'engagements, un futur en cours d'apprentissage... à ne pas manquer. Deuville

 

 

 

 

Découvrez aussi Damien Deville en cliquant sur le lien ci-dessous.

 

https://www.youtube.com/watch?v=HVO0YvPwwyU

 


07/04/2022
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Renaissance des 50 et 100 km de Belvès

PAYS de BELVÈS

 

La COVID 19 avait amené les organisateurs du Club athlétique belvésois à  suspendre son mouvement phare de l'année. Celui-ci, au mois d'avril, précipite sur les routes du Périgord des centaines d'athlètes.

 

Cette année, ce 9 avril, sera l'année de la reprise tant pour les 50 que pour les 100 km.

 

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Les bénévoles préparent l'intendance.

 

 

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Côté cuisine, les petites mains s'affairent pour les repas des pisteurs qui gèrent les points  de ravitaillement et veillent au panneautage.

 

 

Cette année, les circuits ont été profondément remaniés et la bastide de Monpazier va, enfin, renouer avec cette prestigieuse manifestation athlétique.  Le dernier passage à Monpazier remonte à 1999. Ce retour enchante tant à Monpazier que dans les communes du Monpazièrois dont Capdrot. 

Bien entendu, les athlètes vont à nouveau saluer notre fleuve et les villages typiques du Pays cypriote. 

 

L'heure  de départ est fixée, pour les 100 km, à 8 h et à 8h30 pour les 50 km.

 

https://www.komoot.fr

 

 

Photos © Pierre-Bernard Fabre


06/04/2022
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Le secret de l'isoloir

 

Pourquoi aller voter dimanche.

 

Voter n'est nullement une obligation, c'est tout simplement un privilège, un honneur et un droit.

Il faut aller voter tout simplement pour émettre une opinion, pour soutenir l'axe que l'on estime, à tort ou à raison, prioritaire et pour éviter que, demain, le vote ne soit décrété obligatoire.

En votant, les citoyens rendent hommage aux générations précédentes qui, depuis la grande Révolution, ont acquis ce droit civique.

 

 

Armand Fallières était un voisin de notre "Terre de l'homme". Ce sympathique républicain, de centre gauche, natif de Mézin, successeur d'Émile Loubet et prédécesseur de Raymond Poincaré, occupa l'Élysée de 1906 à 1913.

 

Il voulut être plus un arbitre qu'un tribun politique.

 

Homme de terrain, élu du Pays d'Albret, plusieurs fois maire de Nérac, il ne réussit pas à faire abolir la peine de mort.

Il nous laisse l'image d'un humaniste qui favorisa le secret de l'isoloir.

D'une modestie inhabituelle chez les hôtes élyséens, il préféra s'effacer en 1913 pour rejoindre ses vignes de Villeneuve-de-Mézin.

Armand Fallières — Wikipédia

 

 

 

Armand Fallières, débonnaire huitième président de la République, est l'artisan de la mise en place des isoloirs. Ainsi, même si l'on a, par faiblesse ou par hypocrisie, laissé entendre ou laissé supposer que l'on vote -ou votera- dans un sens quelconque, au dernier moment, grâce à l'isoloir, en dehors de toutes pressions, on peut faire le choix que l'on veut... y compris de voter blanc ou nul. Le bulletin secret du citoyen le plus humble, dans l'urne, pèse autant que celui d'un  citoyen appartenant à l'élite.

Quand grand-père, analphabète au grand coeur, se rendait à l'isoloir doté d'un bulletin confectionné à sa demande par son fils, mon père, et qu'il se découvrait devant l'urne comme un croyant se découvre en un édifice cultuel, il avait l'impression que son bulletin valait celui d'un riche paysan, du notaire ou du vétérinaire. C'est cela le fer de lance du suffrage universel.

Pourquoi voter, c'est tout simplement pour peser de tout son poids pour que le pouvoir soit l'émanation du suffrage universel et non de la violence de la rue.

 

 

 

Image © Pierre Alain Dorange. Wikipédia

 

Les dés sont-ils pipés... certainement mais pas toujours.

 

Certains disent, avec plus ou moins de raison, que les jeux sont faits, que "l'artillerie lourde" des puissants ne laisse quasiment aucune chance de voir triompher les aspirations des plus défavorisés. C'est, en partie, grandement vrai ; mais, en admettant l'intangibilité de cette théorie, jamais Jaurès, dans le Tarn, n'aurait pu défaire son concurrent et adversaire le marquis de Solages, baron d'Empire.

 

La France, le 28 septembre 1958, pour mettre un terme à une situation d'exception,  a implicitement adopté, sans que cela ait été défini, le régime présidentiel, balayant des décennies de pouvoir des assemblées. Les électeurs, le 28 octobre 1962, ont majoritairement adopté une règle du jeu qui fit de l'élection présidentielle, l'élection majeure de notre pays.  Ont-ils eu raison ou tort... c'est un autre débat.

On peut néanmoins remarquer que, dans notre pays, la richesse des impétrants est, semble-t-il, plus que largement ouverte grâce à de nombreux élus qui ont fait litière de leurs convictions intimes pour ouvrir le champ aux candidats en difficulté pour la collecte des 500 précieuses signatures. C'est maintenant aux électeurs qu'il appartient d'avoir le dernier mot.

Tous les votes, le vote d'affinité partisane, le vote protestataire, le vote de témoignage, le vote efficace et le vote dit utile concourent à la souveraineté de l'état. Le seul vote qui, néanmoins, est le plus cohérent, c'est le vote selon ses propres convictions. L'histoire récente de notre Vème République a démontré que de puissants courants, présumés pérennes -voire indestructibles-, sont partis ou prennent le chemin des poubelles de l'histoire.  

 

Pour celles et ceux qui estiment que leur sensibilité est en dehors du jeu, il reste encore un moyen civique de concrétiser sa déception, c'est le recours au vote blanc.

 

Pierre-Bernard Fabre


06/04/2022
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