Terre de l'homme

Croix de Saint-Jean. Image Sud Ouest

La Croix de Saint Jean, une tradition ancestrale, qui se transmet avec des fleurs et des plantes rustiques.

Image Tourisme Landes

On trouve des croix de Saint Jean, un peu partout. L'hagionymie, tout naturellement, ferait admettre que ces croix seraient dans les pas de Jean le Baptiste, le prophète qui aurait annoncé la venue de Jésus de Nazareth et qui, selon ceux qui s'en réclament, aurait baptisé celui qui symbolise leur foi,  sur les bords du Jourdain, à une époque où ce fleuve était beaucoup plus consistant qu'aujourd'hui.

Ne rentrons pas dans les convictions religieuses aussi respectables qu'elles puissent l'être. Bien avant que la foi chrétienne ne prenne place dans l'histoire, le 24 juin correspondait à la fête de la lumière, le jour le plus long de l’année indissociable du solstice d’été. Autrefois, dans notre société agropastorale, ce jour révélait un travail intense et laborieux qu’il ne fallait pas louper afin d'être tranquille pour l’année à venir et ainsi entamer un nouveau cycle agraire.

Cette journée d'amorce estivale, le lever du jour à 06h12, fin du jour à 21h48, soit une durée de 15h35, (+0 min.) effectivement, se situe dans la décade des jours les plus longs de l'année.

Non, ce rite est tout simplement, pour certains, une adaptation religieuse. Il se perd dans la nuit des temps et serait, à l’origine, issu des croyances païennes. Les paysans avaient une relation assez particulière avec la religion dominante ; certes, ils ne la rejetaient pas mais n’accordaient qu’une importance minime au rituel des croix de la Saint Jean. L’écart entre religion et superstition est, par ailleurs, faible. Il est vrai qu’au fil du temps, l’Église s’est approprié les rites dits païens en les "convertissant" en tradition religieuse et, pour ce cas concret, des bénédictions des croix de la St jean, messes dédiées...

Bien plus encore que dans notre Périgord, il semblerait bien que la Chalosse, terre de Gascogne, -et Marquèze en particulier- soit une solide passeuse de cette tradition bien sympathique.

https://www.marqueze.fr/le-blog/65-croix-de-la-saint-jean-francoise-nous-raconte.html

Suivons le témoignage de Françoise, animatrice de l'Écomusée de Marquèze.                                                       

Quelles sont les vertus de cette croix ?

Elle est purificatrice. Assure prospérité. Éloigne de la maladie. Installée à l’entrée de la maison, elle protège une année durant, la famille des maladies, des sortilèges et autres fléaux.

À quel moment de la journée la croix était-elle confectionnée et installée ?

J’ai lu que le ramassage des fleurs se faisait à l’aube du 24 juin, pieds nus, vêtu de blanc. Alors ça, pieds nus, je n’y crois pas ! Ma grand-mère m’a toujours dit "Marshis pas péi nuda !"* Pour le reste, c’est vrai, il se dit de cueillir les fleurs à la rosée du matin. Puis, le 24 au soir, lors du feu de la St Jean, l’ancienne croix de l’année passée sera brûlée.

Image Périgord.com

Le feu de la Saint Jean se perd dans la nuit des temps. On en voyait un peu partout, il y a encore une soixantaine d'années. Les autorités municipales, la prudence aidant, hésitent aujourd'hui à donner la permissivité pour ces feux qui, en période sèche, s'ils ne sont rigoureusement surveillés, peuvent se propager. 

Les origines de la Saint-Jean.

La tradition qui veut qu'on allume un grand feu de joie, à la tombée de la nuit, dans la nuit du 23 au 24 juin, puise ses racines dans des rites païens célébrant le solstice d'été.... Depuis, elle a alors été associée au jour de naissance de Saint Jean-Baptiste.

Les traditions en Alsace sont respectées et là on n'hésite pas à voir se mêler dans la liesse, l'accompagnement spirituel et le maire, ceint de son écharpe républicaine, apporte la flamme pour cette manifestation festive.

Image J.T de 13 h, TF1, du 25/6/2019. 

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Quels sont, en Périgord et ailleurs, les composants de ces croix de la Saint Jean.

On pourrait être tenté de dire n'importe quoi. Les personnes qui les confectionnent, y mettent tout leur amour et tout leur savoir-faire. Claudine, de son perron marnacois, dont j'ai parlé plus haut, et Irène, de son oppidum de Véziat, pour la fête de Monplaisant, l'ont démontré avec brio. On peut y trouver quelques tiges de blé, d'herbes sauvages, des fleurs des champs, des marguerites, des coquelicots qui donnent le meilleur effet, voire du lierre, plante qui symbolise la fidélité et l'attachement, et de magnifiques fougères. Les églantines, dont la floraison intervient en juin, semblent appréciées et remarquées pour leur joliesse et leur rusticité mais rien n'interdit de placer une ou plusieurs roses dans ces compositions. À mon humble avis, plus une croix de Saint Jean paraît sobre et rustique, plus elle est authentique.

P-B. F