Terre de l'homme

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La Préhistoire : toute une histoire

 

 

pr mains

 

 

 

Dans son dernier article, De l’homme préhistorique à la civilisation chrétienne éthiopienne : les Eglises-rocs, Jacques Lannaud fait référence à deux figures emblématiques de la préhistoire : Lucy et Toumaï.

En 1974, le professeur Yves Coppens découvre au Kenya un fossile considéré comme le plus ancien (3,2millions d' années). Il l'appelle Lucy.

En 2001, le professeur Brunet découvre, au Tchad, un fossile vieux de 7 millions d'années. Il l'appelle Toumaï.

Lucy est détronée.

 

 

pr Lucy

 

 

Dans cette quête de notre ancêtre, sommes-nous au bout de nos surprises ? Et bien non.

En 2002, un enfant, en Bulgarie découvre d'une manière fortuite une dent fossilisée. Jusque là rien de plus ordinaire, sauf que deux scientifiques comparent la date de cette dent à celle de restes fossilisés découverts en Grèce en 1944 : il s'avère que les deux fragments ont le même âge : 7,2 millions d'années. On a trouvé enfin, pense-t-on, le chainon manquant entre l'homme et le singe.

On le baptise  : El Graeco.

Toumaï est détrôné.

Joie de courte durée : le scepticisme des milieux scientifiques est tel qu'on renonce momentanément à cette datation.

Sahelantropus tchadensis (Toumaï) retrouve sa première place. Graecopithécus (El Graeco) attendra.

La science préhistorique avance à grands pas grâce en particulier à la génétique mais dans cette affaire-là, elle fait sagement une pause.

 

 

pr crâne

 

Tout autre est le comportement des scientifiques qui se sont empressés de valider une découverte qui n'était qu'un canular. En 1908, C Watson, archéologue amateur, découvre dans le Sussex, successivement un morceau de crâne humain et une moitié de machoire inférieure. Il fait part de sa découverte à A Woodward, célèbre paléontologue anglais, président de la société géologique de Londres. Le 18 décembre 1912, tous deux annoncent au monde entier cette nouvelle fracassante : on a découvert le plus vieil homme au monde, l'homme de Piltdown est l'ancêtre de l'homme moderne.

Désormais l'homme de Néanderthal est dépassé.

La supercherie est découverte : on avait assemblé le crâne semblable à celui d'un homme moderne à la mandibule d'un singe, en créant les éléments manquants avec de la pâte à modeler.

Pour autant, une bonne partie de la communauté scientifique se laissera berner pendant un demi siècle.

Il fallut attendre 1953 (datation au fluor) pour qu'on découvre que l'homme de Piltdawn était un canular. La fierté des anglais en fut profondément affectée.

Dans cette quête de nos ancêtres, ces deux épisodes ne prêtent pas à conséquence. Tout autre était le but des scientifiques, préhistoriens et archéologues, à la solde des nazis : prouver la supériorité de la race aryenne par ses particularités biologiques et morphologiques (grande taille, blond, yeux bleus....).

Durant le IIIème Reich, les idéologues du national-socialisme et de la SS n'ont cessé de solliciter la complicité des préhistoriens et archéologues pour valider leur vision de l'histoire, à savoir démontrer le caractère européen de l'installation du peuple indogermanique nordique et justifier le bienfondé de la politique expansionniste nazie sur le continent européen. On connait le tragique résultat de l'utilisation de l'archéologie par une idéologie pseudo scientifique.

 

pr montségur
pr abbaye

 

 

                     Montségur                                                                            Monserrat 

 

Un exemple suffira : Himmler grand chef de la SS, se déplaça lui-même à l'abbaye de Monserrat (Espagne) pour chercher les archives du Saint-Graal. Il envoya un de ses adjoints faire de même au château cathare de Montségur.

 

pr Gobineau

 

 

Un français, Arthur de Gobineau (1816-1882), dans son livre "Discours sur l'inégalité des races" théorisait ce racisme à venir, annonçait que la race blanche allait progressivement disparaître par suite de métissage. La hargne de ses écrits annonce la tragédie du XXième siècle : "Les nations, non, les troupeaux humains accablés sous une morne somnolence vivront dés lors dans leur nullité comme les buffles ruminant dans les flaques stagnantes des Marais Pontins". 

Par bonheur scientifiques et philosophes ont depuis démontré que nous avions tous un ancêtre commun d'origine africaine et enlevé tout crédit à celles et ceux qui soutenaient qu'il y avait des races inférieures, naturellement soumises à une race élue qui avait vocation à dominer le monde.

La partie n'est pas gagnée. La vigilance s'impose.

 

 

 

"......mais il ne faut pas chanter victoire. Il est encore trop tôt : le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde".

Berthold Brecht 

 

 

 

Pierre Merlhiot 

 

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Articles dont la publication est imminente.

L'ordre séquentiel peut être évolutif

 

Bien au delà du pont de Siorac, article franco-occitan, par Gérard Marty

L’Amba et le monastère de Dabra Damo, par Jacques Lannaud

Retour sur "C'étaient des copains, c'étaient des amis...".

Le patrimoine, ce grand témoin du passé



12/05/2021
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