Terre de l'homme

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Quand on fouille du regard, la niche de la fontaine, on voit, dans le mur, sourdre l'arrivée d'un filet d'eau..

Photo © Bruno Marty

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On ne peut pas dire que les communes nouvelles aient franchement le vent en poupe.

Faut-il s'en réjouir ou le regretter, c'est un vaste débat. Pour une fois, les grandes familles politiques conservatrices et réformistes semblaient aller dans le même sens mais c'était sans compter sur les maires, aussi accrochés à leur écharpe qu'à la prunelle de leurs yeux. Ils ne l'entendaient pas ainsi. Infatuation, résistance aux pôles des plus puissants ou à la marche du temps, ou tout simplement ardeur à s'accrocher aux prérogatives de proximité du pouvoir local, chacune et chacun peut avoir son point de vue sur le sujet.

Peu importe l'opinion des habitants car les consultations sur ce thème, par le biais du passage à l'isoloir, ont été aussi rares que les rassemblements de milliardaires se délestant de leur fortune pour les déshérités.

Les fusions de communes existent, cependant, depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours. Paris, en 1860, s'est invité dans 11 villages "lutéciens" * dont Montmartre, Passy, Charonne, La Chapelle, etc. Bien avant, Clermont et Ferrand ** ont uni leur destinée. Les exemples ne manquent pas mais ils restent toujours à la marge.

La deuxième cité du Périgord, en 1794, chevaucha le sillon de la Dordogne et, ainsi,  Bergerac accéda à la rive gauche en réunissant le faubourg de la Madeleine, La Conne, Saint Christophe-de-Monbazillac et Sainte Foy-des-Vignes. Il n'y a pas si longtemps encore, les résidents de La Madeleine tenaient à leur particularité  faubourienne.

Avec une cinquantaine de km², cette entité est loin, bien loin, de la plus grande commune de France métropolitaine. Cette réunion des deux rives de la Dordogne, à Bergerac, a permis à la ville de compter dans ses petits bijoux patrimoniaux, la Fontaine de Fonsivade.

Pierre-Bernard Fabre

*  En 1860, Belleville, Grenelle, La Villette, Vaugirard, Auteuil, Batignolles-Monceau, Bercy, Charonne, La Chapelle, Montmartre et Passy sont devenus des quartiers de Paris.

**  Clermont ou Clairmont (en occitan Clarmont prononcé [kyarmoun]) est une ancienne ville en Auvergne, dont la fusion avec la cité voisine et rivale de Montferrand - décidée par Louis XIII lors de l'Édit de Troyes du 15 avril 1630 (premier Édit d'union) et confirmée, un siècle plus tard, sous Louis XV en 1731, par Daniel-Charles Trudaine, (second Édit d'union) - donne naissance à la capitale auvergnate de Clermont-Ferrand, titre auparavant réservé à Clermont.

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BERGERAC

Faisant face au port de Claira, qui se trouvait établi sur la rive opposée, comme lui, situé en amont du pont, la cale de Fonsivade était vouée au déchargement des bateaux, de bois de merrain descendu du haut pays corrézien, pour servir les besoins de l'artisanat tonnelier au service du vignoble. Elle servait également à l'embarquement des pierres meulières extraites des formations de calcaire dur de Monbazillac et des bancs de silex calcédonieux de Saint Nexans que Bergerac exporta en grande quantité jusqu'à la fin du XIX^ème siècle.

L'aménagement du pont de 1825 associé aux effets du barrage construit à Salvette (3 km en aval de la ville, en 1852) entraîna la disparition de ces ports, par remblaiement et relèvement du niveau du plan d'eau.

Michel Gaillard nous livre ses secrets patrimoniaux dans Regard d'Objectif. Pour ce guide culturel et patrimonial du Bergeracois, La fontaine La Fonsivade est créée à Bergerac en 1485, à l’est de l’église de la Madeleine, en amont de l’ancien pont. Ses eaux s’écoulent en un véritable ruisseau jusque dans la Dordogne.   L’établissement de la fontaine La Fonsivade se confond avec les origines médiévales du bourg de la Madeleine. Sa création est, de ce fait, quelque peu postérieure à la mise en place des fontaines publiques, à partir de 1254.

L'agglutination de "fon" et de "sivade" paraît étrange. Pour fon, il n'y a pas de doute, c'est bien d'une fontaine qu'il s'agit. La "sivade" en occitan désigne l'avoine.

Il doit y avoir quelques décennies que le lavoir a perdu sa fonctionnalité d'antan.

Photo © Bruno Marty

Notons qu'à Bergerac, sur la rive droite, il y a un coin lavoir qui, il n'y a pas si longtemps, était encore fréquenté par les personnes qui, là, poursuivaient, dans une forme populaire et conviviale, leur lessive.