Terre de l'homme

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Mein Kampf

 
 

 

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                                Nuremberg                                                  Siège de l'ONU à New-York

 

Les témoignages de Claudine Wroblenska, Françoise Maraval, Charles Potier et Jean Bonnefon (cliquez sur les noms pour accéder à leurs articles) nous ramènent à une période dont on ne peut comprendre la barbarie érigée en système, en tout temps et en tout lieu, que si l'on considère qu'elle est sous-tendue par une idéologie.

"Mein Kampf", dix ans avant le début de la seconde guerre mondiale, est un manifeste que les démocraties européennes n'ont pas voulu ou su déchiffrer.

"Mein Kampf" (Mon combat). Ce livre sent le soufre. Voilà pourquoi il a été difficile ou impossible de se le procurer jusqu'à maintenant, fût-ce sous la forme de deux traductions : édition non expurgée de 1934 ou celle expurgée de 1938.

En 1929, Hitler emprisonné après un putch avorté, écrit ce livre qui contient les éléments de l'idéologie nazie qu'il commencera à mettre en oeuvre après son élection comme chancelier du Reich en 1933.

Le tirage confidentiel en 1929 (23 000 exemplaires) passe à 900 000 lorsqu'il accède au pouvoir. Ce livre devient le cadeau de mariage de l'Etat aux couples allemands. On estime à 12 millions, le tirage durant le IIIème Reich.

En peu de temps, il devient le manifeste du nazisme : supériorité de la race aryenne, théorie raciale qui vise à éliminer juifs, slaves et tziganes, volonté de se créer un espace vital : la guerre totale, sorte de loi naturelle, sera l'instrument de cette démesure.

Le jour où le parti nazi s'assurera à la fois du soutien du grand patronat soucieux de faire des bénéfices et des classes populaires confrontées à la grande dépression économique des années 1929-1930 et à la dureté de certaines clauses du traité de Versailles, Hitler pourra mettre son plan à exécution.

Certains ont vu le danger dans ce manifeste, d'autres ont manqué de lucidité ou ont fermé les yeux par veulerie. Pourtant, dès 1929, le futur pape Pie XII écrit  en parlant d'Hitler : "Cet  être-là est entièrement possédé de lui-même ....Qui, pourtant, parmi tous ces gens, a seulement lu ce livre à faire dresser les cheveux sur la tête."

 

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                                              Jeune maquisard (reconstitution Durestal)

 

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                                                                    Procès de Nuremberg

 

La guerre civile espagnole et le comportement de Franco auraient dû servir d'alerte aux démocraties européennes mais celles-ci   ont persisté dans l'aveuglement en signant les accords de Munich. Dès lors, Hitler avait les mains libres. On connaît la suite.

Comment un petit caporal de la guerre de 1914, peintre raté, aigri par le sort qui lui est fait, a-t-il pu accéder au pouvoir et entraîner tout un peuple dans cette tragédie ?

"Mein Kampf" interdit en 1945, est tombé dans le domaine public en 2016. Les éditions Fayard, en partenariat avec l'Institut d'histoire de Munich, viennent de publier un livre " Historiciser le mal" qui remplace avantageusement les traductions antérieures incomplètes et erronées, en proposant une meilleure traduction et toute une analyse critique, une mise en contexte, une déconstruction phrase par phrase de Mein Kampf, un rempart contre la tentation du négationisme et sa réduction à une simple oeuvre littéraire.

Cette démesure, cette folie, cet acharnement dans le mal, ont eu une telle ampleur que, dans le cadre des accords de Londres (8 avril 1945), la notion de crime contre l'humanité fut rajoutée à celle de crime de guerre et de crime contre la paix. Par la suite, le 26 novembre 1968, l'assemblée générale des Nations-Unies adoptera l'imprescriptibilité de ces crimes.

Est-ce à  dire, pour expliquer cette tragédie et en déterminer les responsabilités, qu'il faille dire que le mal est consubstantiel au peuple allemand ?

 

 

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Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg : leur assassinat, le 15 janvier 1919, pèsera lourd dans la montée du nazisme.

 

Pierre Fabre, avec raison, nous invite à faire la distinction entre les nazis (les boches) et un peuple qui a eu, dans ses rangs, de nombreux opposants qui l'ont payé de leur vie. Ils étaient fidèles au mouvement pacifiste allemand créé après la première  guerre mondiale et qui avait pris pour slogan : "Nie wieder krieg" (Jamais plus la guerre).  Ne soyons pas naïfs, il ne suffit pas de désirer la paix pour la gagner. Il faut faire preuve de vigilance et de fermeté dès qu'il y a conjonction entre des tribuns exaltés, va-t-en guerre, et un peuple victime d'une grave crise économique et sociale.

 

 

PS : "Historiciser le mal", en vente depuis le 12 juin 2021, n'est disponible  que sur commande chez les libraires. La fondation Auschwitz-Birkenau recevra la totalité des bénéfices.

 

Pierre Merlhiot

 

 

 



01/07/2021
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